Grandson – Deux ponts ferroviaires ont été posés, dans la nuit de lundi à hier, sur le site industriel de la Poissine: les pièces-maîtresses du futur raccordement au rail. Reportage.
En avançant le long de la voie ferrée reliant Yverdon-les-Bains à Neuchâtel, à la hauteur de la Poissine, à Grandson, une autogrue se dessine. Un trait jaune, illuminé, qui tranche avec la pénombre de la nuit. A ses pieds, une dizaine de silhouettes oranges se découpent. En cercle, sous une pluie battante, des ouvriers attendent. Ils s’apprêtent à procéder à la pose de deux ponts ferroviaires; les pièces maîtresses du raccordement au rail de la zone industrielle.
Il est 23h30. Un train de marchandises passe. Un bruit qui vient briser la quiétude de la nuit, et qui délie les langues. «J’espère qu’ils penseront à débrancher le courant, sinon on risque bien de se prendre une bonne secouée», lâche l’un des hommes de nuit. Sous les casques détrempés, des sourires se dessinent. Comme pour masquer une certaine appréhension face à la tâche qui les attends. La cheffe de la sécurité apparaît, le couperet tombe: «La ligne est coupée. Il n’y plus de danger.»
Chacun sait ce qu’il a à faire. Alors que la pluie redouble d’intensité, la grue se met en marche. Les sangles se tendent. Centimètre par centimètre, le pont, long de 17 mètres, se soulève du camion. Tout doucement, sous les yeux attentifs de l’ingénieur et des cadres de Cand-Landi, le mastodonte d’acier se met en place, au-dessus de l’Arnon. «Soulèves de quelques millimètres, juste de quoi le mettre dans l’axe», murmure, au talky waky, un ouvrier à destination du grutier. Qui s’exécute. «C’est tout bon, tu peux lâcher les 33 tonnes. Il est en place.» Il est bientôt 1h du matin. Des sourires, timides, s’esquissent. Mais c’est tout. Il reste encore à poser le second ouvrage -plus petit- au-dessus de la route menant à l’entreprise nord-vaudoise.
Comme pour le premier ouvrage, les ouvriers guident la masse d’acier jusqu’à son point d’ancrage. Il ne faudra que quelques minutes au grutier pour déposer le pont. Une formalité. «Une bonne chose de faite», lâche Ivan Hess, chef de projet au sein de Sottas, l’entreprise bulloise chargée de concevoir et de monter les ponts. Au chaud, dans un contener qui sert d’abri de fortune, on trinque. Et on savoure ce moment. Tout s’est bien passé. Tout le monde est soulagé.
Un projet vieux de douze ans
Si les travaux de terrassement du raccordement ferroviaire du site de la Poissine ont débuté au début de l’année, le projet, lui, date de douze ans. «A l’époque, nous avions déjà fait une première mise à l’enquête, mais nous n’y avions pas donné suite, faute de besoins immédiats», relate Eric Girardet, sous-directeur de Cand-Landi. C’est avec l’inauguration de la nouvelle unité industrielle de tri et de recyclage du PET et des matières plastiques -RCPLAST-, l’année passée, que le raccordement au rail est revenu à l’ordre du jour. «Ça a été l’élément déclencheur, souligne le Sécheron. Grâce à ce nouveau pôle industriel, la demande est désormais forte et nous avons tout à gagner à encourager le transport ferroviaire, et ce dès juillet prochain », conclut Eric Girardet.
Les dessous du raccordement ferroviaire
3 150 000: en francs, le budget total du raccordement au rail. A noter que le projet a bénéficié d’une aide financière à hauteur de 500 000 francs de la part du Canton.
17: en mètres, la longueur du plus grand des deux ponts installés. L’autre ouvrage mesure 8 mètres.
33: en tonnes, le poids du plus grand des deux ponts installés. L’autre ouvrage pèse 8 tonnes.
100: le pourcentage d’acier présent dans la composition du matériau de construction des ponts.
20: le nombre de wagons qui devraient, dès juillet prochain, emprunter, chaque jour, le raccordement ferroviaire.