Yverdon-les-Bains – Le Centre professionnel du Nord vaudois se voit privé de la filière des assistants socio-éducatifs (ASE). Dans moins de deux ans, mille apprentis iront suivre les cours à Vennes.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe, tant elle était inattendue. Le Conseil d’Etat a décidé, à la mi-mars, de développer un pôle de compétences du domaine santé-social à Lausanne-Vennes, près de l’ESSanté. Dès la rentrée 2018, un millier d’apprentis -ils sont quelque 950 à suivre actuellement les cours au CPNV- ne viendront plus à Yverdon-les-Bains.
L’effet est d’autant plus brusque que le Conseil d’établissement du CPNV n’a même pas été consulté. Son président, Jean-Marc Buchillier, ne mâche pas ses mots : «C’est inadmissible de voir de quelle manière la direction de notre établissement a été traitée. C’est une filière dont le nombre d’apprentis a explosé et la direction a en permanence fait face à la situation. On ne lui a même pas laissé le temps de réagir et d’informer. Il n’y a aucune reconnaissance.»
Des alternatives ?
Jean-Marc Buchillier regrette que le Canton n’ait même pas pris la peine de réfléchir à des alternatives dans la région : «On a privilégié Lausanne. On est en droit de s’en étonner.»
Hasard du calendrier, le Conseil d’établissement du CPNV va se réunir ce soir et cette décision va sans doute alimenter les débats. «On va pour le moins émettre une protestation», prévoit le président. Il s’interroge, par ailleurs, sur l’utilité d’une structure qui, à une époque, nommait le directeur et se prononçait sur le budget. Compétences que le Canton s’est arrogées.
La course aux locaux
Le développement des différentes filières professionnelles a contraint la direction du CPNV à chercher en permanence de nouveaux locaux.
La création de la filière ASE, en 2006, a suscité un véritable appel d’air. Il était prévu, à l’origine, que les apprentis suivent les cours sur le site d’Agrologie, à Marcellin sur Morges. Mais il n’y avait que 60 places disponibles pour… 180 inscrits. Une grande partie ont donc été accueillis au CPNV, à Yverdon-les-Bains, où ils ont tous été regroupés dès l’année suivante.
Le développement des structures d’accueil de jour et des EMS a stimulé la demande et suscité un véritable engouement pour ce métier. Ils sont ainsi quelque 950 apprentis de tout le canton à suivre les cours (dual) à Yverdon-les-Bains.
Encore plus
La Direction générale de l’enseignement post-obligatoire (DGEP) prévoit que cette filière va attirer encore plus d’apprentis ces prochaines années. Les locaux du CPNV, y compris les annexes, ne peuvent faire face à l’augmentation de la demande.
Plutôt que de chercher une solution dans la région, le Canton a opté pour un transfert à Lausanne-Vennes, où il envisage de développer un pôle de compétences santé-social, deux secteurs qui, historiquement, peinent à collaborer.
Bien évidemment, cette décision provoque une énorme déception dans la région. D’aucuns, dont sans doute le Canton, y trouveront le moyen de redonner un peu d’air et d’espace au CPNV.
Reste à voir si les dizaines d’enseignants concernés partageront l’appréciation cantonale. D’autant plus que pour un apprenti provenant de Sainte-Croix ou de Morges, et cela malgré le métro M2, Lausanne-Vennes n’est pas plus près qu’Yverdon-les-Bains. Contacté, Michel Tatti, directeur du CPNV, s’est refusé à tout commentaire.
Comment faire «d’une pierre deux coups»
Un mal pour un bien…
Le CPNV et Yverdon-les-Bains ne perdent rien. Il n’y a pas de suppression d’emplois -les enseignants concernés poursuivront leur mission à Lausanne- et, même si cet élément n’a pas été pris en compte dans la décision, la majorité des apprentis venant du bassin lémanique se trouveront plus près du lieu de cours. C’est en résumé la position de Séverin Bez, directeur général de la Direction de l’enseignement post-obligatoire (DGEP). Il souligne, par ailleurs, que les filières traditionnelles du CPNV seront développées.