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Caravane en chœur: ils disent tout au public!

30 septembre 2021

Les deux animateurs de l’émission Caravane FM (RTS) remontent sur scène pour raconter leur histoire et celle de l’émission, dès ce soir au Théâtre Benno Besson.

«On peut se tutoyer?» introduisent directement Jean-François Michelet et Lionel Frésard lors de notre rencontre devant le Théâtre Benno Besson à Yverdon. Ça y est, la glace est brisée, et les deux artistes quittent les planches du théâtre pour préférer le bord de la Thièle, sur la jolie terrasse du restaurant Le bøtanik. «On dirait Venise! Il y a même le pont des soupirs!» ironisent les deux comédiens, chantonnant à tout instant des mélodies en toute complicité. Sur ce ton du partage, les animateurs de Caravane FM, nous parlent de leur spectacle: Caravane en chœur. Et cette fois-ci, les rôles seront inversés…

Lionel Frésard et Jean-François Michelet, votre spectacle Caravane en chœur découle de votre émission Caravane FM. Quelle est la particularité de ce spectacle?

J-F.M: L’idée, c’était de faire une inversion avec l’émission. Cette fois-ci, c’est nous qui ferons office d’invités! On y raconte notre enfance, des éléments marquants de nos vies et des anecdotes de l’émission. C’est un mélange entre théâtre, musique et confidences. C’est un spectacle intime, il y a beaucoup de choses sur nous. On est très sensibles, on a d’ailleurs souvent envie de pleurer!

Vous êtes tous les deux comédiens, c’était donc votre souhait de remonter sur scène?

L.F: Depuis qu’on a commencé l’émission, les gens viennent se confier à nous dans la rue ou dans le train. Ils viennent nous remercier, on voulait, nous aussi, leur dire merci. On voulait aussi faire pousser la porte du théâtre à ces gens qui nous regardent depuis leur télévision. On a envie de les rencontrer en vrai!

Et le chant?

J-F.M: Déjà dans l’émission, on aime bien chanter. On a tous les deux fait partie d’une chorale à Lausanne. Nos voix fusionnent bien et j’ai découvert que Lionel était un musicien dans l’âme, un professionnel! Il y a quelque chose de magique qui me donne les frissons, on s’est dit qu’il serait dommage de se priver de ça.

Peut-on venir voir le spectacle sans forcément connaître l’émission Caravane FM?

L.F: On a fait en sorte que oui! On raconte une histoire aux gens, donc tout le monde peut l’écouter.

Lionel vous êtes d’origine jurassienne, et Jean-François vous êtes Valaisan. Vous connaissez un petit peu le public nord-vaudois que vous allez rencontrer au Théâtre Benno Besson?

L.F: J’ai déjà eu l’occasion de donner des spectacles et j’aime bien jouer ici, Les gens aiment, réagissent et c’est chaleureux. En tout cas, on se réjouit de les rencontrer!

J-F.M: C’est un public qui a du plaisir à sortir et aller au théâtre, peut être contrairement à un public «professionnel» qui vient plus régulièrement et qui est un peu blasé. Ici, il y a de la vie!

Comment vous êtes-vous retrouvés à la télévision?

L.F: On n’a pas été engagés pour faire de la télé, on a été engagés pour rencontrer les gens. C’est d’ailleurs plus de la radio filmée que de la télé. On n’est ni journalistes, ni psychologues et même pas comédiens dans l’émission. On est juste deux gars qui se posent et qui écoutent.

Caravane FM vous a fait découvrir beaucoup de gens, de parcours et d’émotions auxquelles on ne peut rester insensibles… Cela vous a-t-il affectés d’un point de vue personnel?

LF: On se prend tout d’un bloc. C’est très émotionnel.

J-F.M: Ça nous a fait grandir. Ça a également fait fondre beaucoup de clichés. A chaque fois, on rentre chez nous et on veut tout changer dans nos vies! Mais ça ne marche jamais (rires)!

L’émission a-t-elle tout de même opéré un changement sur vos vies?

J-F.M: Je pense que dans mes projets de vie, je vais toujours plus vers la décroissance. Et ça ne me serait certainement pas arrivé sans l’émission.

L.F: Pour moi, ce sont plutôt des petites prises de conscience au quotidien.

Des personnalités ou des histoires qui vous ont marqués?

J-F.M: Ce n’est pas toujours facile. Par exemple, beaucoup d’invités sont morts aujourd’hui. Certains n’ont même pas eu le temps de voir l’émission, comme lorsque nous nous sommes rendus aux soins palliatifs. Et ça, ça fait bizarre.

L.F: Une fois nous avons revu une invitée que nous avons conviée chez nous pour Noël. C’était la première fois qu’elle passait un Noël en «famille».

J-F.M: Une dame âgée qui avait participé à l’émission nous avait appelés pour savoir quand elle serait diffusée. Elle était déjà sortie, mais elle m’a dit qu’elle n’avait pas la télé dans sa chambre. Alors j’ai pris mon ordinateur, et je suis allé voir l’émission avec elle. C’était un moment magique…

Quelle est la clé de cette émission?

J-F.M: Le temps. On ose laisser des temps vécus avec des gens, on ne coupe pas au montage. Le temps est un luxe sur cette émission, comme la bienveillance et l’écoute.

L.F: Par exemple, si nous ne prenions pas le temps aujourd’hui pour échanger, vous n’en seriez pas à votre 3e page de notes!

J-F.M: On laisse la place au rien et il y a des choses importantes qui sortent.

Le spectacle laisse-t-il, comme l’émission où vous découvrez vos invités en live, une place à l’improvisation?

J-F.M: On a tendance à trop parler tous les deux, donc on a dû bien le structurer sinon on part dans tous les sens! Par contre, il y aura un bord de scène de vingt minutes à la fin où les gens pourront s’exprimer, nous poser des questions ou autre. Et on s’est engagés à TOUT dire!

 

Caravane FM, l’émission de la proximité

 

Emission de la RTS, Caravane FM propose un concept original, local et humain. Lionel Frésard, originaire du Jura et diplômé du Conservatoire de Lausanne, arpente les scènes romandes depuis 2000. Jean-François Michelet, lui, est arrivé du Valais pour rejoindre la Manufacture à Lausanne en 2003, avant de jouer sur scène dès 2006.

Le duo se connaît de longue date. En 2017, la RTS les contacte pour participer à une audition dans le but d’animer une émission. Pas très emballés par l’idée, les deux comédiens hésitent. «On avait une image de jeu télévisé où on prend les gens pour des cons, mais en fait en regardant l’émission on a beaucoup aimé le projet», raconte Lionel Frésard.

Le principe? Un mini-bus, une caravane, et les deux acolytes prennent place dans un lieu pour 48 heures. Depuis leur caravane, ils reçoivent des invités (généralement présélectionnés, mais aussi des gens qui viennent à l’improviste) qui partagent leur vécu, leur témoignage, leurs expériences de vie en direct et peuvent également choisir de la musique à passer. Le tout est diffusé en direct par radio aux locaux du coin, à qui des petites radios ont été distribuées à l’avance.

Caravane FM qui compte pour l’heure 31 émissions, reviendra en 2022!

Léa Perrin