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C’est Byzance à Mathod !
L’ancienne épicerie située au rez de l’ancien collège rouvrira en octobre à l’enseigne de L’Epicerie chez Bouba.

C’est Byzance à Mathod !

23 août 2024 | Textes et photos: Jérôme Christen
Edition N°3773

La fermeture de l’épicerie de Mathod ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Le boulanger du village travaille à sa réouverture début octobre en y intégrant même un salon de thé. A l’heure où certaines communes de taille similaire déplorent la disparition de leur dernière épicerie ou pinte, Mathod fait figure d’exception dans le canton de Vaud. En plus des deux restaurants existants, un troisième pourrait bientôt ouvrir ses portes. Unique pour 700 habitants.

Raphaël Vindayer patron de Douceurs est une figure locale et même régionale. Voilà plus de onze ans qu’il a ouvert sa boulangerie-pâtisserie à Mathod à la place de l’ancien abattoir et des frigos communaux. Ses macarons sont connus loin à la ronde. Lorsqu’il a appris que l’épicerie Ho ! Terroir fermait ses portes, il s’est dit que c’était bien dommage et qu’il fallait faire quelque chose. L’enseigne avait été lancée en 2020 par trois agriculteurs dans le but de promouvoir des produits du terroir. La période de Covid a dopé ses résultats, mais le soufflé est redescendu après la pandémie. «Ils ont toutefois semé une graine », relève avec reconnaissance la syndique Eliane Piguet.

Retour du dépôt de poste

L’épicerie « Chez Bouba » accueillera également une filiale de la poste comme c’était le cas de « Ho ! Terroir » peu après son ouverture en 2019. Ses gérants avaient conclu un accord avec le géant jaune pour prendre de relais de la poste historique.

Troisième restaurant pour 700 âmes

Autre nouvelle pour les Mathoulons, un troisième restaurant pourrait bientôt ouvrir ses portes et compléter l’offre déjà proposée par La Croix Fédérale et le Bras d’Or. Il s’agit d’un restaurant thaï qu’il est prévu d’exploiter en face de la Croix fédérale au No 5 de la route d’Orbe. L’entreprise Nora Thaï fondée par Julien et Paphada Girardet, un couple de Mathod, entend réaménager les locaux de l’ancien salon de toilettage pour chats et chiens Aux poils qui a fermé l’an dernier. D’origine thaïlandaise, Paphada Girardet a travaillé dans un restaurant thaï d’Yverdon comme cuisinière et rêve depuis longtemps d’avoir sa propre enseigne. La date d’ouverture est dépendante de l’obtention du permis de la police des constructions.

Cas unique dans le canton

A l’heure où le secteur tire la langue, trois cafés-restaurants dans un village de 700 habitants, voilà qui ne manque pas de surprendre. Gilles Meystre, président de Gastrovaud confirme que c’est un cas unique dans le canton de Vaud. « Nous sommes malheureusement plus souvent dans la situation de déplorer des fermetures que de se réjouir d’ouvertures. Dans les petites communes, les autorités hésitent de plus en plus à maintenir des auberges communales. Lorsqu’elles le font, c’est souvent parce qu’il s’agit du dernier commerce du village. »

Une part de hasard

Il ajoute que «dans le but d’éviter qu’il n’y ait plus de vie dans le village ni de lumière le soir, les municipalités trouvent des solutions multiservices en y liant un dépôt de poste ou la fourniture de mets pour des structures préscolaires et parascolaires » .

Comment expliquer cette concentration de restaurants pour un petit village ? Il y a évidemment une part de hasard. Le restaurant Le Bras d’Or a connu des hauts et des bas avec une période presque gastronomique, mais il tient le coup. Quant à la Croix fédérale, vraie pinte vaudoise, elle est tenue par une passionnée depuis bientôt dix ans. Audrey Piguet a lâché son métier de photographe au Quotidien de la Côte pour reprendre l’établissement tenu par sa grand-mère.

Antithèse de la cité-dortoir

La syndique Eliane Piguet ne fait état d’aucun soutien particulier à ces établissements, si ce n’est d’être constamment à l’écoute des commerçants et de leurs besoins en cas de nécessité. Elle relève également la présence dans ce village hors norme d’un salon de coiffure et d’un salon de beauté. Mathod apparaît ainsi comme l’antithèse de la cité-dortoir.

Situation géographique favorable

Le succès de ces établissements tient probablement aussi à la situation géographique de Mathod situé entre Yverdon et Orbe. Tout le monde n’emprunte pas l’autoroute dont la bretelle se trouve à 5 km d’Orbe. Depuis le nord d’Yverdon, Orbe est plus aisément atteint par Champvent/Mathod et depuis le centre d’Yverdon par Treycovagnes/Mathod.

L’arrivée d’un troisième établissement est-elle une chance ou un risque ? Au vu de la diversité de l’offre proposée, Gilles Meystre n’hésite pas à y voir une chance pour les trois établissements.