«C’est le moment»
17 mars 2025 | Textes: Manuel Gremion, Plan-les-Ouates | Photo: ChampiEdition N°3911
Yverdon a remporté son deuxième match consécutif depuis la reprise, samedi sur le terrain de Genève Plan-les-Ouates. Les derniers mois d’Alexandre Farina (photo) à la tête du XV de la Cité thermale démarrent bien.
Alexandre Farina, comment appréhendez-vous votre dernière demi-saison sur le banc du RC Yverdon?
Avec un seul objectif: celui de terminer mon bail de la meilleure des manières. On peut se concentrer sur le championnat uniquement, on est en haut de l’affiche, mais ce sont les derniers instants qui seront les plus importants, même si le présent le reste aussi. Cela dit, je ne me mets aucune pression. Mon choix d’arrêter date d’il y a longtemps. Je l’ai communiqué au président, Vincent Piguet, l’été dernier, comme ça c’est préparé. Car quand c’est soudain, ça peut devenir compliqué à gérer. On a fait les choses proprement, et il y a même mon successeur, avec qui je m’entends très bien, qui est arrivé cet hiver.
Pourquoi avez-vous décidé que ce serait votre dernière saison à la tête du RCY, vous qui êtes arrivé en 2021 à Yverdon?
Afin d’avoir plus de temps pour ma famille et pour moi.
Vous allez donc arrêter d’entraîner tout court.
Au moins un an, voire deux, oui. Si ça se trouve, je ne remettrai plus les pieds sur un terrain, mais peut-être que je retrouverai un projet plus tard. Pour l’instant, il faut que je passe à autre chose, car je n’ai pas assez de temps dans ma vie en général. Le rugby, c’est un choix et une passion avant tout, mais à un moment donné, mon corps et mon esprit m’ont dit: arrête un petit peu. C’est un tout, car il s’agit d’une fin de cycle aussi. C’est le moment en fait, tout simplement. C’est mûrement réfléchi: j’ai pesé les pour et les contre, j’ai fait une liste, et celle d’«Alex arrête» était plus conséquente que l’autre.
Vous avez décidé cela il y a une année, mais vous avez choisi de poursuivre une saison tout de même.
Déjà pour ne pas laisser le club dans le pétrin, car au moment où j’ai annoncé ma décision, si j’avais dit à Vincent Piguet que je m’en allais tout de suite, il se serait retrouvé dans une sacrée panade. J’ai préféré le faire en avance, par respect pour les joueurs et pour la confiance accordée par le club. Ça permettait au RCY de préparer l’avenir, de prospecter, d’analyser les candidatures. On s’est attelés à cela avec Vincent, et on en a le résultat: Simon Maisuradze est là (ndlr: en tant que directeur sportif et entraîneur de la deuxième équipe, pour l’heure, avant de reprendre les rênes de la «une» à partir de l’été). Un homme qui voit pas mal le rugby de la même façon que moi, ce qui fait que la passation se fera assez naturellement. Beaucoup de loustics auraient annoncé au dernier moment qu’ils s’en allaient, mais avec mes valeurs apprises au rugby et dans ma vie privée, je ne pouvais pas avoir ce genre d’attitude. Rien que pour ça, je suis fier de moi.
Du point de vue sportif, qu’attendez-vous de ce printemps pour le RCY?
Je suis de plus en plus certain qu’il faudra être prêt les trois, quatre dernières semaines. Alors, il s’agit d’abord d’assurer le classement, et ensuite de gérer au mieux l’effectif, la préparation, etc. Cela, afin de ne pas arriver aussi fatigués que l’an passé en finale, de ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Aviez-vous senti vos hommes usés l’an dernier?
Il y a le facteur fatigue, le facteur blessures, le facteur lassitude: ça fait beaucoup de choses à prendre en compte. Je dois mettre certains joueurs en concurrence, d’autres ont besoin de plus de repos. Il faut trouver le bon équilibre, et on verra à la fin si ça a été bien géré, pour avoir le deuxième titre avec Yverdon et partir avec le sentiment du devoir accompli.