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«C’est ma petite contribution à un monde plus égalitaire»
Catherine Gaillard-Sarron écrivait des bribes de Révélation depuis plus de dix ans. «C’est un cri du cœur, mon manifeste.»

«C’est ma petite contribution à un monde plus égalitaire»

30 avril 2025 | Texte et photo: Lena Vulliamy
Edition N°3935

Avec son nouvel ouvrage, l’écrivaine chamblonnoise Catherine Gaillard-Sarron décortique les inégalités entre hommes et femmes à travers un dialogue… entre deux hommes.

«Les hommes du XXIe siècle ne sont peut-être pas coupables du mal qui a été fait aux femmes par le passé, mais ils sont responsables de ne pas le perpétuer.» Ainsi débute Révélation, le nouvel ouvrage de Catherine Gaillard-Sarron, qui dénonce l’oppression des femmes au fil des siècles, tout en plaidant pour une meilleure entente entre les sexes. Installée confortablement dans un fauteuil de sa chaleureuse véranda jaune et rouge à Chamblon – qui n’est pas sans rappeler la couverture du livre –, l’autrice raconte la lente genèse de sa dernière création.

Ce livre, qu’elle décrit «ni comme un essai, ni comme un roman, mais plutôt un essai romancé», c’est son combat féministe enfin couché sur le papier, après plus de dix ans à en écrire des bribes. «Ce livre, c’est ma petite contribution à un monde plus égalitaire. Certaines militent dans la rue, et je les en remercie. Moi, je publie cet ouvrage.»

Un message à faire passer

Pourtant, tout cela, elle le retranscrit à travers une discussion entre ses personnages Jean-Philippe, le machiste, et Allan, le féministe, qui refont le monde après une partie de badminton. «C’est un sujet polémique, qui déplaît, alors j’ai pensé qu’en faisant parler deux hommes, je pourrais toucher davantage de personnes», explique celle qui se consacre pleinement à l’écriture depuis 2009. Ironique comme cela ferait presque écho aux Georges Sand (nom de plume d’Aurore Dupin) et autres autrices qui ont écrit sous un pseudonyme masculin pour être sûres d’être publiées, et qu’elle évoquera dans la discussion.

Catherine Gaillard-Sarron le sait: dire qu’elle est féministe, c’est s’exposer à des réactions négatives. Elle a donc jugé utile de rappeler la définition au début de son livre: «Le féminisme a pour but de promouvoir les droits des femmes en supprimant les disparités entre hommes et femmes.» Elle s’étonne que certaines personnes disent que les féministes vont trop loin. «Mais comment ça? On a en général du mal à me l’expliquer quand je le demande.» Tout au long de la rencontre, Catherine cite Benoîte Groult, Simone de Beauvoir. Elle sort des phrases percutantes, comme dans son livre, où l’on peut lire: «Il suffit que les femmes sortent un peu la tête de l’eau pour qu’on la leur coupe, et ce dans tous les sens du terme», un passage évoquant des femmes guillotinées.

Une histoire sur l’Histoire

Au fil du dialogue entre les deux hommes, l’autrice aborde la violence conjugale, le terme «féminicide» qui peine à être reconnu en Suisse, mais aussi l’intelligence artificielle, biaisée par les hommes blancs hétérosexuels, la publicité misogyne, le male gaze, l’importance de nommer les métiers au féminin ou encore le rôle de la religion dans l’oppression – «deux mille ans qu’on martyrise les femmes».

L’ouvrage retrace donc l’Histoire et rebondit sur des faits d’actualité. «Mais j’ai dû fixer la limite  à décembre 2023 pour terminer le livre. Je n’avais par exemple pas imaginé que Trump serait réélu.» Elle y évoque le droit à l’avortement bafoué «pour 250 millions d’Américaines. Encore une fois, les femmes n’ont pas les clés de leur ventre!» s’indigne celle qui a grandi en Franche-Comté au sein d’une famille de dix enfants. «Ma mère, comme les autres femmes, devait repeupler la France. Une voisine a eu quinze enfants!» Elle souligne aussi la différence d’éducation entre les garçons et les filles de fratrie. «Mes frères ont été poussés à faire des études. Moi, on m’a dit: de toute façon, tu te marieras.» La charge domestique est aussi un thème important de Révélation.

«L’esprit n’a pas de sexe»

Si Catherine Gaillard-Sarron prône la sororité («Imaginez ce qu’on pourrait faire si on se serrait toutes les coudes»), elle s’agace de la tendance à reprocher aux femmes de ne pas être d’accord entre elles. «Est-ce qu’on reproche la même chose aux hommes? Non, parce que ce sont juste des opinions et l’esprit n’a pas de sexe, à la base.»

Elle relève aussi à quel point il est plus simple de ne pas changer de comportement. «Les hommes doivent faire leur mea culpa et reconnaître qu’il y a un problème.»

Pour appuyer ses propos, chaque chapitre est coiffé d’une citation sur la cause, et tout le texte est parsemé de références à des livres, des articles, des essais,  des poèmes. Et samedi après-midi, l’autrice accueillera tous les curieux à un vernissage au refuge de Chamblon. Accompagnée par son ami guitariste Pascal Neyroud, Catherine lira quelques extraits du livre. De quoi souligner poétiquement ce qui lui tient le plus à cœur: que tout le monde puisse vivre en harmonie, peu importe le genre, l’ethnie, l’orientation sexuelle ou la classe sociale.


Infos pratiques

Présentation de Révélation, de Catherine Gaillard-Sarron: samedi 3 mai au refuge de Chamblon à 15h. Lecture par l’auteure, Pascal Neyroud à la guitare. Dédicaces et collation. Entrée libre, inscription conseillée au 077 424 07 93, à catherine.gaillardsarron@gmail.com ou sur le site tempslibre.ch.