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«C’est un coup de massue qui vient de l’intérieur»
La baisse des contributions souhaitée par la Confédération est de 25 francs par unité de gros bétail (UGB) pour les porcins en SST. © Région-a

«C’est un coup de massue qui vient de l’intérieur»

11 janvier 2024

Agriculture – Le conseiller national UDC Jacques Nicolet s’oppose à la baisse des contributions en faveur du bien-être animal, approuvée par le Conseil fédéral. Une décision qui trahit la confiance des éleveurs, estime l’élu.

«Diminuer cette contribution maintenant, ce n’est vraiment pas correct.» Jacques Nicolet n’a pas digéré l’adoption par le Conseil fédéral de la diminution des contributions au bien-être animal. Cette année, la Confédération souhaitait verser moins d’argent en paiement direct aux éleveurs qui utilisent des systèmes de stabulation particulièrement respectueux (SST) des vaches, des porcs ou encore de la volaille. Le Lignerollois a déposé une motion lors de la dernière session parlementaire pour demander au Conseil fédéral de renoncer à ces coupes.

Jacques Nicolet dénonce le timing de cette annonce. «D’abord, on met en place ces contributions qui incitent les éleveurs à investir dans des infrastructures qui permettent un meilleur bien-être animal. Pour obtenir ces contributions, il y a des normes à respecter et les agriculteurs s’y sont pliés. Puis, une fois les investissements réalisés, on baisse ces contributions? Mais les éleveurs comptent dessus! L’investissement a été fait en s’appuyant sur ces paiements directs.»

Aussi d’autres soucis

Un timing qui agace d’autant plus Jacques Nicolet que les éleveurs doivent aussi faire face à d’autres problématiques. «Aujourd’hui, le coût de la vie augmente aussi pour les agriculteurs. Cette décision est un coup de massue qui vient de l’intérieur. Et je ne peux pas adhérer aux explications du Conseil fédéral, qui nous dit que ces coupes serviront à financer de nouveaux programmes de systèmes de production. Ce n’est pas tolérable de déshabiller Pierre pour habiller Jean.»

Quelles conséquences?

Au terme de la session d’hiver, l’élu avait néanmoins de quoi se rassurer. Dans le budget 2024, le Parlement a contré les coupes souhaitées par le Conseil fédéral (55 millions de francs) en rétablissant les paiements directs au niveau de 2023. Sans l’intervention du Parlement, ces baisses – qui peuvent représenter un trou de plusieurs milliers de francs dans certaines grosses exploitations – auraient-elles eu des conséquences directes sur la survie de certaines fermes? «Cette décision à elle seule ne mettrait pas en danger une exploitation, estime le conseiller national. Le problème, c’est le cumul de tous les événements qui péjorent la situation des agriculteurs. À un moment, une goutte fera déborder le vase. Sur l’ensemble des paiements directs, le Conseil fédéral a prévu 55 millions de coupes. C’est toujours gênant de se dire qu’on maltraite la corporation qui nous nourrit.»

Vraiment maltraités, les agriculteurs? Si la Confédération souhaitait bien couper 55 millions de francs dans les paiements directs pour 2024, le Conseil fédéral prévoyait tout de même 2,7 milliards de contributions pour ses paysans cette même année. «Je comprends qu’on se pose des questions quant à ces contributions, lance Jacques Nicolet. Mais il faut prendre le système économique dans sa globalité. Il y a 30 ans, le système des paiements directs avait été conçu pour permettre à l’industrie alimentaire de s’en sortir. Mais au fur et à mesure, c’est la grande distribution qui a de plus en plus profité de ces contributions. Elle joue trop sur les paiements directs pour maintenir des prix bas auprès des agriculteurs. Et puis l’enveloppe globale du budget agricole a baissé de presque un demi-milliard depuis 20 ans…. Le manque à gagner seulement sur la baisse du prix en production laitière en Suisse représente la moitié des paiements directs.»

Massimo Greco