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«C’était un soulagement de savoir si tôt que je pourrais continuer au sein du team»
David Chevalier lors des essais au Mans, à la mi-mars. ©Pro.NLrealisation

«C’était un soulagement de savoir si tôt que je pourrais continuer au sein du team»

20 mars 2021 | Edition N°2916

20Moto - Après avoir vécu une saison pratiquement blanche l’an passé à cause de la pandémie, David Chevalier repart sur les circuits du championnat du monde d’endurance. Avec comme première échéance les 24 heures du Mans moto, le mois prochain.

David Chevalier, vous saviez depuis l’été dernier déjà que votre place au sein de l’équipe française Falcon Racing était assurée pour la saison actuelle. Un grand poids en moins?
Oui, c’était un soulagement de savoir si tôt que je pourrais continuer au sein du team l’an prochain et un stress en moins de ne pas avoir besoin de faire de recherches pour me trouver une équipe. Juste après les 24 heures du Mans, la seule course dont nous avons pu prendre le départ la saison dernière, le patron de Falcon Racing m’a dit «t’inquiète pas, ça ira». Deux jours plus tard, il m’appelait pour me m’annoncer qu’il repartait avec moi, que j’avais ma place pour 2021. J’étais super content!

L’an dernier, il s’agissait de votre première année au sein de l’équipe et vous étiez le plus jeune pilote. Les choses seront différentes cette fois-ci…
En effet, cette saison je serai le plus vieux des trois pilotes titulaires, et le remplaçant est également plus jeune. Comme tout est nouveau pour eux, on m’a demandé de les briefer, de leur expliquer certaines choses, de faire en sorte que tout se déroule bien. Même si on a évidemment un coach pour nous encadrer.

Vous avez eu deux journées d’essai au Mans, la semaine dernière. Comment cela s’est-il passé?
Vraiment bien, malgré la météo. Le mercredi, le temps était sec, mais il faisait très froid, et le lendemain, nous avons eu de la pluie puis du vent. Ce n’était pas évident de trouver les bons réglages, surtout que je n’avais plus roulé depuis le mois d’octobre. Mais j’étais étonné de mes bonnes sensations après cette longue pause, j’ai été tout de suite à l’aise. Je m’attendais à souffrir plus. Et, l’équipe est sympa, à l’écoute. Tout est fait pour mettre les pilotes à l’aise. Il existe une vraie confiance réciproque avec le staff. C’est quelque chose que j’apprécie, qui me donner envie de me dépasser. Nous retournons faire des essais à la fin du mois pour valider une partie des réglages, et j’espère que cette fois-ci, les conditions seront bonnes afin de pouvoir avancer dans la recherche et le développement de la moto. Je ne suis plus tout seul comme lorsque je participais à des courses de vitesse. La moto doit désormais convenir aux trois pilotes, il faut faire des compromis avec le staff et les coéquipiers.

La Suisse n’ayant pas de circuits pour l’endurance, vous êtes obligé de vous entraîner à l’étranger. Comment cela se passe-t-il avec la pandémie?
Je m’entraîne principalement en France, en Espagne et en Italie, et c’est vrai que les tests PCR et les quarantaines ont un peu tout chamboulé. Il y a des dérogations de quarantaines pour les sportifs de haut niveau, et le médecin cantonal m’en a fourni une. Par contre, passer à chaque fois un test PCR pour se rendre à l’étranger, ça a un coût. Et j’aurais dû rouler cet hiver en Espagne, mais les roulages ont été annulés. D’un côté, c’était ennuyeux de ne pas pouvoir s’entraîner pendant plusieurs mois, mais de l’autre, ça m’a permis de bien me préparer physiquement. Je me suis aménagé un petit coin à la maison, avec des haltères et des barres, et j’ai aussi fait beaucoup de vélo. C’est un aspect à ne pas prendre à la légère quand on s’aligne en endurance. À partir du troisième relais, ça commence à tirailler. Heureusement, on a un masseur qui est là pour nous détendre le dos, les avant-bras et les jambes entre chaque relais d’une heure. Lors des 24 heures du Mans, je m’étais amusé à me peser avant et après la course. J’avais perdu 3,2 kg! Même si c’est beaucoup d’eau, je ne pensais pas avoir perdu autant.

Cinq courses sont au programme du championnat du monde d’endurance, mais elles ne figurent pas toutes à votre agenda. Pourquoi?
C’est une question de budget du team. Hormis les 24 heures du Mans, en avril, nous prendrons part aux 8 heures d’Oschersleben, le 23 mai, et au Bol d’or en septembre. Les 12 heures d’Estoril ne sont pour l’instant pas au planning, mais cela dépendra de comment le début de saison se déroule, de nos résultats. Nous espérons être dans le top 5 en catégorie Superstock et dans le top 15 du classement général au Mans. Ce serait magnifique, mais il y a beaucoup d’équipes pro classées au général, avec qui on ne peut pas rivaliser. Il leur faut par exemple onze secondes pour changer les roues et faire le plein, alors que nous, on a besoin de trente secondes juste pour changer les roues. En revanche, il est certain que nous n’irons pas au Japon pour les 8 heures de Suzuka, car les coûts pour se rendre à une compétition si loin sont énormes.

Alors que vous travaillez habituellement comme peintre en carrosserie, vous avez été recruté pour vacciner la population contre le Covid. Comment cela se fait-il?
J’ai été convoqué par la Protection civile pour administrer les vaccins pendant trois semaines, après avoir suivi une journée de formation au CHUV. À deux, nous vaccinons entre 15 et 60 personnes par jour dans des EMS. Ça change de mon activité professionnelle habituelle. Mon patron n’était pas très content, car j’avais déjà été recruté pour être chauffeur pour transporter les tests covid en décembre, aussi pendant trois semaines. Ajouté à mes absences pour la moto, cela fait beaucoup. Mes parents sont aussi indépendants, donc je sais ce que c’est, je me mets à la place de mon patron. Cependant, quand tu es convoqué par la Protection civile, tu n’as pas le choix. Tu risques gros si tu refuses. Mais je prends ça positivement, c’est une façon de participer à l’effort collectif pour lutter contre le covid.

 

Deux pass VIP pour les 24 heures du Mans à gagner
Les repas de soutien ne pouvant actuellement pas avoir lieu, Falcon Racing a décidé de mettre en place un système de dons. «Les gens peuvent faire des versements dès 100 euros, dont la moitié va au pilote choisi et l’autre moitié à l’équipe. Il y aura ensuite un tirage au sort et deux donateurs se verront offrir un pass VIP pour venir avec nous aux 24 heures du Mans moto, les 17 et 18 avril prochain, détaille David Chevalier. En ce qui me concerne, il me reste encore de l’argent du repas de soutien que j’ai pu organiser en février 2020, avec lequel je vais pouvoir couvrir les inscriptions aux courses.»
Pour une épreuve de vingt-quatre heures, le montant s’élève à plusieurs milliers de francs. Et en cas de chute, le citoyen de Fiez doit payer un tiers des pièces endommagées, avec un plafond de près d’une dizaine de milliers de francs si la moto est totalement détruite. «J’y pense au fond de moi, ça me met un peu de pression, mais j’ai toujours un peu d’argent personnel de côté pour ça. En revanche, je ne me permettrais pas d’accepter un contrat s’il fallait sortir plus.»
Pour contacter David Chevalier afin de le soutenir: davidchevalier@hotmail.ch

Muriel Ambühl