Cette convention qui interroge
1 mai 2025 | Textes: Jean-Philippe Pressl-WengerEdition N°La Région Hebdo no 9
La convention signée en 2022 entre la Ville et l’Association transports et environnement (ATE) devient un enjeu dans les discussions qui animent la campagne en vue de la votation du 18 mai sur le parking de la place d’Armes.
Oui, la Ville d’Yverdon-les-Bains a bien signé une convention avec l’ATE, en 2022, pour mettre un terme à l’opposition de l’association à la surélévation du parking mutualisé d’Y-Parc. Cette convention, à l’époque, a concrètement permis au chantier d’aller à son terme. Aujourd’hui, les milieux favorables à l’initiative pour un parking «de l’ordre de 1000 places» s’interrogent sur les possibles influences de ladite convention dans les processus qui suivront le vote populaire du 18 mai.
Un seul point en question
Le contenu du document s’articule en cinq points qui détaillent les tenants et aboutissants de l’accord. Le quatrième point fait mention du projet de parking de la place d’Armes, alors qu’il n’a, de prime abord, pas grand-chose à voir avec l’opposition retirée dans le cadre du parking en silo d’Y-Parc. Le paragraphe en question stipule: «Le projet de parking de la place d’Armes et celui du parking mutualisé d’Y-Parc peuvent impacter durablement la mobilité sur territoire yverdonnois. Dès lors, l’ATE sera intégrée dans le processus de consultation en amont de la mise à l’enquête du projet du parking de la place d’Armes et dans le cadre de réflexions sur la stratégie de stationnement à l’échelle de la ville.»
«Pour rassurer l’ATE»
Alors pourquoi avoir intégré ce paragraphe à la convention? «En fait, dans la vision de l’ATE, le projet de la place d’Armes ne pouvait pas être découplé de celui d’Y-Parc, explique la vice-syndique Carmen Tanner. Nous avions, en tant que Municipalité, accepté d’intégrer ce point avant tout pour rassurer nos interlocuteurs de l’ATE qu’ils allaient être consultés sur ce dossier, mais cela ne leur donne pas plus de droits qu’à d’autres.» La crainte principale de l’ATE à l’époque résidait dans le fait que le silo d’Y-Parc additionné d’un parking souterrain à la place d’Armes agit comme un appel d’air. «A l’époque, nous avions soulevé la nécessité de penser l’avenir du stationnement yverdonnois en ayant une approche globale, se souvient Romain Pilloud, secrétaire général de l’ATE. Mais nous n’avons rien dans cette convention qui nous octroie un droit de veto concernant le parking de la place d’Armes.» Celui qui est également le président du Parti socialiste vaudois insiste pourtant sur le fait qu’il serait simpliste de résumer l’engagement de l’ATE à l’unique question du nombre de places de stationnement. «Nous nous intéressons aussi aux flux, aux logiques de mobilité, à la protection des piétons, à la lutte contre le bruit ou encore à la sécurité routière aux abords de la gare, ajoute Romain Pilloud.
Bataille juridique en vue
Le parking en silo d’Y-Parc a été construit, à l’époque, par la Caisse de retraite professionnelle de l’Industrie vaudoise de la construction, selon ce que le plan d’affectation du Parc scientifique et technologique permettait, à savoir 948 places. Aujourd’hui seules 722 places restent utilisables, les deux derniers étages ne disposant pas d’une autorisation de la Ville pour être exploités. Il faudrait prouver que ces places supplémentaires sont nécessaires. «C’est assez dingue, réagit Jean-Daniel Carrard, ancien syndic à la base des discussions avec les investisseurs. C’est comme si vous construisiez 50 logements en suivant les règlements et qu’ensuite on ne vous laisse en louer que 32, ça n’a aucun sens. Par ailleurs, poursuit le député PLR, convention ou pas, si l’initiative pour le parking de la place d’Armes passe la rampe du vote populaire, l’ATE fera tout pour s’opposer à sa réalisation et lancera probablement la Ville dans une bataille juridique.»
A noter encore que la prise en charge de la construction du parking d’Y-Parc et du remboursement des frais d’étude avaient permis, à l’époque, de retirer 12 millions de francs au plan des investissements de la Cité thermale. Pour rappel, l’investissement privé prévu pour le futur parking de la place d’Armes se monte à 55 millions. La part de la Commune, elle, se situe à 2,5 millions de francs, plus environ 17 millions pour l’aménagement extérieur de la place, en surface.
Qu’est-ce que l’ATE?
Globalement, on pourrait dire que l’Association transports et environnement dispose d’un droit de recours pour les projets de grande envergure. L’Association transports et environnement, forte d’un peu plus de 87 000 membres en Suisse, dont environ 7 000 dans le canton de Vaud, est une des associations habilitées en Suisse à faire recours contre certains projets, sur la base de la loi sur la protection de l’environnement (LPE). Ainsi, la Confédération lui octroie un droit de recours limité dans des cas très particuliers, notamment pour les parkings de plus de 500 places, pour autant que l’ATE puisse justifier son recours sur la base d’un non-respect de la LPE.