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«Cette fois, je suis vraiment toute seule»
Photo: Alain Kissling

«Cette fois, je suis vraiment toute seule»

23 février 2022

L’Urbigène Marzia Celii, chanteuse du duo Marzella, enfile sa queue de pie pour présenter son premier spectacle solo samedi. Dans ce seule en scène intitulé Racontez-moi, l’artiste dévoile plusieurs facettes d’elle-même à travers divers personnages.

«Je me souviens d’être allée voir une pièce de théâtre avec ma maman et je lui ai dit que je voulais faire ça», raconte Marzia Celii, le sourire aux lèvres en évoquant cette première impulsion vers le monde du théâtre. La jeune femme qui a fait ses premiers pas dans ce milieu à l’âge de sept ans se confie à La Région sur la création de son seule en scène Racontez-moi.

Samedi 26 février, c’est la première de votre seule en scène, êtes-vous stressée?

Oui, je suis en train de mourir intérieurement… (rires). C’est toujours aussi stressant et comme c’est quelque chose que je n’ai jamais fait avant, un seule en scène, c’est d’autant plus stressant. J’ai déjà joué des spectacles où je faisais des monologues et je me retrouvais sur scène toute seule, mais c’était dix minutes maximum. J’ai toujours peur d’être sur scène, j’ai toujours l’impression de ne pas être prête, mais là, il y a aussi la peur de la nouveauté. Et en même temps, c’est une joie de présenter quelque chose de différent. C’est un peu bizarre d’avoir ces deux émotions en même temps.

Vous dites avoir déjà joué des monologues. Est-ce que le théâtre fait autant partie de votre vie que la musique?

J’ai toujours voulu être chanteuse et actrice en même temps. Quand j’ai commencé les cours de chant et que j’ai rencontré Ella Malherbe, on a décidé de créer notre duo et je suis allée à fond dans la musique. J’ai pris cette direction, car l’opportunité s’est présentée à moi, mais le théâtre ne m’a jamais quittée. D’ailleurs, je me suis récemment formée à Paris avec Jack Waltzer, l’un des premiers professeurs pour l’Actors Studio.

En parlant d’Ella Malherbe, votre amie de Chavornay, votre projet solo marque-t-il la fin du duo?

Non le duo n’est pas du tout fini (rires)! C’est marrant que vous posiez la question, car je suis allée à la radio Rouge FM et la journaliste a aussi cru que c’était fini! Mais ce n’est pas du tout le cas, j’ai juste un autre projet à côté. En ce moment, on est dans une nouvelle phase et on va sortir des nouveaux singles en avril, donc ce n’est que le début.

C’était comment de travailler sans elle d’ailleurs?

J’avais déjà fait du théâtre avant et ça a toujours été une activité que j’ai faite seule, donc dans ce domaine je n’ai jamais eu l’habitude de travailler avec Ella. Par contre, là où c’est différent c’est que normalement je partage la scène avec d’autres personnes même quand je fais du théâtre. Cette fois, je suis vraiment toute seule! Travailler sans elle ça me fait bizarre et, en même temps, j’avais besoin de ça aussi, d’avoir mon truc à moi où je peux être seule sur scène et explorer de mon côté.

Mais vous n’étiez pas totalement seule, car vous avez écrit la pièce avec la comédienne Mélanie Foulon. C’était comment?

C’était très intéressant, parce qu’on a fait de l’improvisation. J’étais venue avec un texte de base que j’avais écrit avec l’aide d’un coach artistique pour faire ressortir les premières couches. Avec Mélanie, on a repris ce premier jet et on a fait ressortir les thématiques en improvisant. Elle m’a beaucoup guidée dans ce processus. J’ai créé les personnages petit à petit parce qu’on s’est rendu compte que ça fonctionnait bien pour moi de jouer des personnages différents. Notre écriture ressemblait à du ping-pong: elle avait des idées et moi j’improvisais avec ce qu’elle me donnait. Elle avait aussi un regard externe ce qui a été très utile, car elle voyait ce que pouvait donner la pièce pour le public, une distance que je n’avais pas.

C’était la première fois que vous travailliez avec Mélanie Foulon?

C’est un ami qui m’a passé le contact de Mélanie, je ne la connaissais pas du tout. D’ailleurs quand je l’ai contactée, elle ne savait pas qui j’étais non plus, mais elle a tout de même accepté de travailler avec moi. On ne savait pas du tout si ça allait fonctionner ou pas.

Pour en revenir au spectacle, vous vous racontez à travers plusieurs personnages, est-ce que certains ont été plus difficiles à écrire?

Certains m’ont bien sûr donné plus de mal comme, par exemple, le prêtre. Lui il m’a embêtée! D’ailleurs, il m’embête encore un peu maintenant à quelques jours du spectacle (rires)… Le professeur de chant, qu’on a appelé La Mine, a aussi été compliqué à créer. C’est drôle quand on invente des personnages la première fois, ils viennent naturellement et sont faciles à jouer. Mais quand il faut les rejouer, c’est comme s’il faut un moment pour comprendre qui ils sont.

D’ailleurs qui sont-ils? Ces personnages sont-ils fictifs ou réels?

C’est une bonne question! Certains ont été inspirés de personnes réelles, mais aucun d’entre eux n’est complètement une personne, c’est plutôt des aspects d’une certaine personne. Parfois, je partais d’une personne spécifique, mais les personnages finissaient par changer au fil du temps. Lorsque j’ai dû approfondir chaque personnage dans un second temps, je me suis inspirée de personnes autour de moi, de traits de caractère qui n’étaient pas pensés, au départ, pour certains personnages mais qui amenaient quelque chose d’intéressant, et ça a commencé à faire sens. Je pense que quand on crée, il y a toujours un peu d’inspiration des personnes qui nous entourent.

L’un de ces personnages s’avère être votre mère, c’était important de l’avoir dans le spectacle?

Oui c’était important! Elle était déjà très présente dans mon idée de base. C’est un des premiers personnages que j’ai joués. Mais je ne l’incarne pas exactement comme elle est dans la vraie vie ce qui met de la distance. Je me réjouis de la réaction de ma mère quand elle se verra sur scène jouée par moi-même.

Votre mère était déjà dans le projet initial, est-ce qu’il y a d’autres éléments qui sont restés malgré les nombreux changements pendant la création?

La queue-de-pie était le premier élément que j’ai visualisé avant même de savoir quel spectacle je ferais et c’est le seul autre élément qui est resté malgré les changements. Je me voyais sur scène avec une queue-de-pie sans savoir pourquoi et ma professeure d’expression scénique a relevé le fait que la queue-de-pie représente le chef d’orchestre. C’était un peu comme si cet habit me permettait de poser la question: est-ce qu’on est le chef d’orchestre de notre vie?

Et vous avez trouvé la réponse?

Non, mais ça m’a permis d’explorer qui je suis. L’idée est née d’un besoin de me faire ma propre thérapie. Je voulais explorer certaines thématiques, que j’explore d’ailleurs en chanson, mais j’avais ce besoin de le faire seule cette fois-ci. Même si j’ai été accompagnée par Mélanie Foulon dans l’écriture, j’avais envie d’aborder des thématiques qui m’étaient propres et de pouvoir les défendre toute seule sur scène. J’avais aussi besoin d’approfondir le théâtre, d’être actrice et pas seulement chanteuse.

Du coup qui est Marzia Celii?

Il faut venir voir le spectacle (rires)… Chaque personnage que je joue représente une facette de moi. Certaines facettes, on n’a pas forcément envie de les montrer, mais l’idée du spectacle c’est aussi ça: montrer des parties de moi que je n’ose pas toujours montrer au quotidien à travers des personnages. C’est plus facile de parler de soi par l’intermédiaire des personnages.

DATES À VENIR

 

Samedi 26 février : 20h au Théâtre du Lapin Vert, Lausanne
Dimanche 27 février : 17h au Théâtre du Lapin Vert, Lausanne
Vendredi 10 juin : 20h à la Grange à Jeanne, à Onnens (VD)
Réservation : concordiasag@gmail.com

Andreia Portinha Saraiva