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Cette si chère liberté de penser
Helder Mendes Baiao est fier de promouvoir le dernier bulletin de l’association neuchâteloise œuvrant pour entretenir et développer la mémoire du philosophe des Lumières. kévin ramirez

Cette si chère liberté de penser

24 septembre 2024 | Texte: Kévin Ramirez | Photos: kévin Ramirez / Michèle Septfontaine
Edition N°3794

La liberté d’expression est au centre du roman Les marches du temple. Le bûcher de Servet, de Michel Septfontaine, et de l’article Daniel Roguin, en clair-obscur, d’Helder Mendes Baiao, paru dans le 83e numéro du Bulletin de l’Association Jean Jacques Rousseau.

Après Le souffle des Prédicants. Contraindre les consciences (2023) de Michel Septfontaine, nous retrouvons le chevalier Antoine de Servion dans la Genève réformée du milieu du XVIe siècle.

Fuyant l’Inquisition catholique en France, le chevalier, accompagné de son fils adoptif Yann, de son fidèle écuyer sarrasin Moha et de sa chambrière dame Blanche, va être confronté à de nouvelles difficultés dans la cité de Calvin où ce dernier redouble d’efforts pour contraindre les esprits et imposer sa doctrine rigoureuse, sous peine de sanctions exemplaires. Ce nouvel opus nous plonge un peu plus dans les temps sombres de Genève, entre épidémies et conflits politiques, dans un style littéraire qui nous immerge au crépuscule du Moyen Age.

Un contexte favorable à la prise de pouvoir d’une figure emblématique. «La force de Calvin séduit, même s’il y a des résistances à cause de ses convictions», commente l’auteur, qui met aisément en évidence comment le réformateur en vient à revêtir un rôle de bourreau au nom de Dieu et également par orgueil, menant jusqu’à la condamnation au bûcher du théologien et médecin Michel Servet, un ennemi personnel ayant osé remettre en question son œuvre L’Institution. A l’inverse, le personnage inventé du chevalier de Servion est présenté comme un esprit progressiste, conscient des horreurs causées tant par l’Inquisition que par la Réforme calviniste. «C’est déjà un humaniste moderne», conclut Michel Septfontaine.

Yverdon, pôle d’expression

Dans le 83e numéro du Bulletin de l’Association Jean Jacques Rousseau, la liberté de pensée est plus particulièrement mise en évidence dans l’article de l’enseignant de littérature française à l’Université de Berne Helder Mendes Baiao, Daniel Roguin, en clair-obscur. Dans celui-ci, l’historien présente le parcours de cet Yverdonnois, de son activité militaire dans l’armée néerlandaise au Suriname à son retour à Yverdon en 1761, en passant par sa carrière de banquier à Paris. A ce propos, c’est dans la capitale française que Daniel Roguin fit la connaissance de Jean-Jacques Rousseau, ce qui intéresse plus particulièrement l’auteur. «L’idée était de présenter Daniel Roguin et comment les deux hommes se sont liés d’amitié», résume Helder Mendes Baiao.

C’est d’ailleurs chez Daniel Roguin que Jean-Jacques Rousseau trouve refuge alors qu’il doit fuir la France (à cause de ses idées sur la religion et les systèmes politiques) et n’est pas le bienvenu à Genève (pour le contenu de ses écrits). «Rousseau se sent apaisé à Yverdon où il y a une sorte de microcosme littéraire et intellectuel», précise l’historien.

Si les lettres retrouvées liant les deux hommes sont peu nombreuses, elles ont au moins le mérite de dévoiler une facette plus personnelle du philosophe. «Ces lettres montrent un aspect plus intime de Rousseau», conclut l’auteur.

«Les marches du temple. Le bûcher de Servet», paru en mai 2024 aux éditions L’Harmattan, Paris.