Champagne a voté un «oui, mais…»
15 juin 2011Les conseillers communaux de Champagne se sont prononcés, jeudi dernier, sur les statuts de l’association intercommunale en matière de défense incendie et secours. Jean-Daniel Carrard et Jean-Michel Benay étaient présents pour défendre le projet.
«Comment voulez-vous que les autres communes se sentent représentées alors qu’elles n’ont que trois sièges à l’Exécutif contre quatre pour Yverdon. On ne pourra jamais prendre une initiative.» L’inquiétude de Denis Grin, conseiller communal de Champagne, était partagée, jeudi dernier, à quelques minutes de passer au vote, par bon nombre de ses collègues.
Jean-Daniel Carrard, municipal yverdonnois a rappelé que si la capitale nord-vaudoise se réservait une majorité à l’Exécutif, tel n’était pas le cas au législatif, seul organe à valider les décisions: «Il faudrait qu’Yverdon rallie cinq autres communes pour faire passer un projet, Par ce biais, je trouve que le contrôle démocratique est assuré», a-t-il souligné. Il a rappelé qu’Yverdon, qui paiera 10 francs de plus par habitant que les autres communes, doit pouvoir garder une certaine maîtrise des coûts. Jean-Michel Benay, commandant des pompiers à Yverdon, quant à lui, a rappelé que les pompiers n’avaient pas attendu la nouvelle loi pour collaborer sur le plan opérationnel.
«Les représentants Yverdonnois auront à eux seuls la possibilité de convoquer et prendre des décisions, comme un certain lion soviétique à l’époque», s’est écrié Yves Guilloud, visiblement peu convaincu. Suite à ce débat, Jean-Daniel Carrard et Jean-Michel Benay se sont éclipsés pour laisser le Conseil délibérer. Si tous semblaient s’accorder sur le fait qu’une régionalisation est nécessaire pour garantir la qualité du service à la population, certains ont continué à émettre des réticences: certains élus craignaient en effet que le corps de pompiers ne soit plus disponible pour des coups de main lors des manifestations, et surtout que Champagne n’ait plus son mot à dire au sein de l’organisation.
Finalement, les conseillers ont amendé, puis accepté, les statuts de la nouvelle association, modifiant l’article qui assurait à Yverdon quatre sièges à l’Exécutif, sans tenir compte des avertissements de Jean-Daniel Carrard qui leur avait clairement énoncé qu’une telle action n’était pas réglementaire. Une solution pourtant proposée par Paul-Henri Cornu, rapporteur de la commission qui avait examiné le préavis: «Nous avons demandé au préfet si un tel amendement était possible. Et il nous a conseillé, si telle était notre volonté, de le faire. Pour lui, si une majorité de communes choisissent cette voie, ils seront bien obligés de reconsidérer leur position.» Le préfet Albert Banderet le confirme, il a été approché par le conseiller de Champagne: «Selon moi, on ne peut pas empêcher un Conseil de s’exprimer. Et quand l’ensemble des communes se seront prononcées, alors il faudra en tirer les conclusions. Mais si seulement deux ou trois d’entres elles amendent ce projet, elles seront contraintes de se rallier à la majorité.»
46 communes voteront
Au printemps dernier, le Grand Conseil vaudois a adopté une nouvelle loi sur la défense incendie et secours. Cette dernière pose certains standards, notamment pour que, quelque soit son lieu d’habitation, le citoyen bénéficie du même service en terme de temps d’intervention. Une régionalisation des services permettrait d’atteindre ces objectifs. Depuis 2006 déjà, un groupe de travail prépare la mise en place d’une association intercommunale réunissant les régions de Concise, Grandson, Yvonand et Yverdon.
Des représentants des 46 communes concernées ont participé à l’élaboration de ce projet. A l’origine, il était prévu que tous les Conseils communaux et généraux présentent les statuts de cette nouvelle organisation d’ici fin juin. Mais les communes ont légalement jusqu’à fin 2012 pour décider d’adhérer ou non à l’association. Elles devraient payer en moyenne un montant de 35 francs par habitant, alors qu’Yverdon verserait dix francs supplémentaires par personne, mais s’attribuerait quatre places sur sept à l’Exécutif. D’où une certaine discorde…