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Clair comme de l’eau de Valeyres
Le municipal Renaud Vuarraz (à g.) et le syndic Blaise Chapuis trinquent devant la nouvelle station de filtration, avec probablement l’eau la plus propre de la région.

Clair comme de l’eau de Valeyres

20 septembre 2024 | Texte et photos: Robin Badoux
Edition N°3792

La Commune a inauguré la semaine dernière sa nouvelle installation de filtres à charbon actif. Un jalon d’importance dans la lutte contre les résidus des pesticides, qui a attiré des représentants de plusieurs communes voisines.

«La qualité de l’eau en Suisse est considérée comme l’une des meilleures au monde, avec de nombreux contrôles et traitements. Mais il reste des défis, notamment concernant les résidus des pesticides sur le Plateau. A Valeyres-sous-Ursins, nous avons décidé de prendre les devants, alors que certains tests nous avaient révélé des mesures parfois dix fois au-dessus des normes. Plutôt que d’attendre un éventuel jugement au tribunal, nous avons pris la décision de fournir de l’eau pure à notre population», a déclamé le syndic, Blaise Chapuis, au moment d’inaugurer la nouvelle installation de filtration à Valeyres-sous-Ursins.

Un petit événement officiel, organisé à mi-chemin entre Valeyres et Ursins, là où la petite commune de 240 habitants puise son eau potable.

Résultats très encourageants

L’installation se résume à trois filtres à charbon actif, qui tiennent dans un conteneur, et qui permettent de traiter les quatre mètres cubes/heure d’eau dont le village a besoin. Même si elle reste modeste, l’installation offre des résultats extrêmement encourageants en ce qui concerne l’élimination des résidus des pesticides, notamment les métabolites du chlorothalonil, dont la présence dans l’eau a été quasiment éliminée. L’installation a coûté un peu moins de 55 000 francs.

Revers de la médaille, le prix du mètre cube d’eau dans la commune passera, en 2025, de 1,60 à 2,10 francs. «Nous étions conscients que le prix de l’eau distribuée allait prendre l’ascenseur. Mais nous avons jugé que la qualité de l’eau n’avait pas à être discutée», soutient Renaud Vuarraz, municipal en charge des Services industriels.

Un prototype alléchant

L’installation de cette station de filtration constitue une première, en tout cas dans la région, «et peut-être même à l’échelle de la Suisse», estime Frédéric Zoupanos, représentant d’United Waters International, venu exposer la nouvelle installation à Valeyres-sous-Ursins. C’est d’ailleurs la première installation de ce type, pour lutter contre les résidus des pesticides, que met en place cette entreprise, plutôt spécialisée dans le traitement des métaux lourds, comme l’arsenic, entre autres.

L’installation de ce prototype a notamment attiré quelques représentants des communes et distributeurs d’eau voisins, à l’image de Benoist Guillard, municipal yverdonnois en charge du Service des énergies et président de Sagenord, société qui distribue l’eau aux communes partenaires de la région d’Yverdon et Grandson. «C’est une bonne solution, remarque-t-il. Elle est adaptée au volume d’eau dont a besoin le village.» Une technologie séduisante afin de traiter les eaux distribuées par Sagenord? «Il est possible que nous partions sur une technologie similaire. Mais la décision nécessitera une excellente planification, répond Benoist Guillard. A Valeyres-sous-Ursins, l’installation se compte en quelques dizaines de milliers de francs. De notre côté, nous parlons de sommes bien plus élevées, de plusieurs millions de francs. C’est pourquoi elle doit être mûrement réfléchie.»

Autre représentant des distributeurs d’eau voisins, François Marmier, syndic de Chavannes-le-Chêne et représentant de l’AIEMGF (Association intercommunale des eaux du Mont et de la Grande Fontaine, qui distribue l’eau à sept communes), a lui aussi marqué son intérêt pour l’installation de Valeyres.

«Nous sommes aussi victimes des résidus du chlorothalonil et en tant que distributeurs, nous recherchons aussi des solutions, c’est pourquoi nous sommes venus ici en espionnage, dit-il avec malice. De notre coté, nous pompons notre eau dans cinq stations différentes. Il faudrait une installation de ce type par station. Nous allons donc discuter de cette solution avec les communes concernées afin de pouvoir fournir une eau de qualité à notre population.»