Cyclisme – Notre journaliste Pierre Blanchard a pris part à La Favorite. Il raconte l’épreuve de l’intérieur.
Quelque 660 coureurs ont pris le départ la 15e édition de la Favorite, hier matin. Une belle participation. Sous conduite jusqu’à la sortie d’Yverdon-les-Bains, les cyclistes se sont éparpillés dans la montée de Suchy, depuis Ependes, pour accomplir 45, 60, 80 ou 120 km.
Pourtant, à l’heure du réveil, la météo invitait davantage à rester sous la couette qu’à enfourcher son vélo. Mais une fois arrivé au Centre sportif des Isles, l’ambiance cordiale qui règne entre cyclistes et organisateurs fait oublier le temps maussade. Quand le départ est donné, il faut faire preuve d’habileté pour trouver sa place dans le peloton.
La course du journaliste commence à un rythme «pépère», un échauffement qu’il n’a pas eu le temps de faire avant. Le parcours se déroule dans un cadre paisible, loin du grand trafic. Dans la descente du Coudray, sur Bavois, la réserve de muscles en attente du soussigné lui confère un avantage indéniable. Il gagne de la vitesse sans pédaler. Peu après Bavois, les participants au parcours familial mettent la flèche à droite, pour regagner Chavornay, puis les Isles. Pour les autres, la balade se poursuit à travers les vignes d’Arnex, pour rejoindre Bretonnières par Bofflens et les chemins forestiers. C’est à ce moment que les coureurs des 60 km bifurquent en direction des Clées, et gagnent le ravitaillement de Montcherand. Vient, pour les autres, une montée plutôt corsée qui rejoint la route qui relie Premier à Vallorbe.
Une fois ce dernier libéré, outre les cadors qu’il est inutile d’essayer de suivre, chacun cherche son rythme avec plus ou moins de bonheur. La pluie accompagne cette première partie de randonnée, mais la température est agréable.
Esprit d’entraide
Dans la Cité du fer, les radars sourient au journaliste qui roule très en deçà des limitations de vitesse autorisées. Sur les bas-côtés de la route, trois cyclistes : l’un deux a été victime d’une crevaison. Il est dépanné par «Gargamel», un de ces bénévoles géniaux, sans qui ce genre de manifestation ne pourrait pas avoir lieu. En milieu cycliste, la solidarité est aussi de mise. Sur la vieille route de Ballaigues, un coureur frise la fringale, un autre participant lui offre une barre énergétique, ce qui lui permet de gagner le ravitaillement de Montcherand, où une délicieuse fondue était proposée aux coureurs. Le retour sur Yverdon-les-Bains n’est plus qu’une simple formalité, qui permet de boucler les 80 km du grand parcours.
«On m’a proposé un avenir»
Miguel Martinez a fait La Favorite en VTT
Comme promis avant le départ, Miguel Martinez a franchi la ligne d’arrivée de La Favorite en un peu moins de 2h30, après 80 km d’effort en VTT. Le Français, champion olympique à Sydney, en 2000, et encore remplaçant à Rio l’an dernier, a pris du plaisir sur les routes nord-vaudoises, même s’il a crevé deux fois et a égaré son partenaire, Sun Xiaolong, dans l’aventure.
Miguel Martinez, comment s’est déroulée votre première expérience à La Favorite ?
C’était vraiment sympa, malgré les crevaisons. Je suis reparti par deux fois tout derrière et j’ai remonté les gens. Ainsi, ceux qui le souhaitaient ont pu me voir !
Que faisiez-vous ici ?
Je suis chargé, via le gouvernement et un sponsor commun, d’entraîner Sun Xiaolong, un des meilleurs vététistes chinois, durant deux mois pour préparer les Jeux asiatiques. Il y visera une place sur le podium. En ce moment, on se prépare à Métabief. Dans le même temps, on participe à des manches de Coupe de France de VTT et quelques courses sur route. Là, on est à une semaine des Championnats de France de distance marathon, où je vise le titre, alors prendre part à une randonnée cycliste était idéal pour faire du foncier. En roulant en VTT aujourd’hui, ça permet de faire de la force. Puis, cet après-midi, on ira travailler la technique sur les pistes de Métabief.
Êtes-vous souvent dans la région pour vous entraîner ?
Oui, à chaque fois que je prépare des courses, j’ai pour habitude de me rendre à Métabief.
Vous aviez stoppé votre carrière en 2006, puis vous l’avez reprise en 2013. Quel est le moteur de ce choix ?
Entre-temps, j’ai notamment monté mon académie de VTT dans le sud de la France, mais je n’ai connu que des embûches. Puis, en 2012, j’ai eu un accident (ndlr : il a été violemment agressé par des hommes). Pendant un mois, sur mon lit d’hôpital, j’ai pu réfléchir à ce que je voulais vraiment faire. J’ai repris la compétition et, dès la première année, j’ai été vice-champion de France derrière Julien Absalon. J’ai aussi fait deux top 10 en Coupe du monde et remporté le Roc d’Azur en devançant le Tchèque Jaroslav Kulhavy.
Comment cela se fait-il que vous entraîniez des Chinois ?
Je suis en fin de carrière (ndlr : il a 41 ans) et Tropix, mon sponsor, m’a proposé un avenir. Bien sûr, j’aurais voulu entraîner en équipe de France, mais les portes sont restées fermées. Avec Sun Xiaolong, j’essaie de faire en sorte que tout se passe le mieux possible ici, à la fois pour ne pas avoir besoin de me rendre trop souvent en Chine, où le niveau est encore bas, mais aussi pour qu’il apprenne de la culture européenne du milieu qui, à mes yeux, est la meilleure. Il me répète, d’ailleurs, qu’il a beaucoup de chance d’être ici et que, dans tous les cas, il en ressortira plus fort.
Manuel Gremion ■