Comment j’ai -presque- dompté La Favorite
6 juillet 2015Cyclisme – Reportage au coeur de la randonnée cyclosportive qui a eu lieu, hier, au départ d’Yverdon.
Un peu par défi, un peu par ego et, surtout, pour tenter de comprendre ce qui peut bien pousser des centaines de personnes, toutes classes d’âge confondues, à se dire que, finalement, avaler 45, 60, 80 ou encore 130 kilomètres de bitume, un dimanche matin, qui plus est sous un soleil de plomb, constitue une excellente idée: voilà pourquoi j’ai décidé, il y a quelques semaines, de tester la désormais célèbre randonnée cyclotouriste La Favorite.
Partant de là, ne restait donc plus qu’à faire le délicat choix de la distance, de se trouver un vélo adapté au challenge et, enfin, d’envisager, si possible, quelques heures d’entraînement. Résultat: cela sera, en ce qui me concerne, 45 kilomètres, parce que cela correspond, grosso modo, à la distance totale que j’ai dû parcourir ces quinze dernières années sur une selle, et un ami me prêtera un vélo et pour la préparation… Je m’y suis mis gentiment -une quinzaine de kilomètres- samedi soir; soit la veille de la course, dont le départ était donné, hier matin, à 9h, depuis la salle des Isles.
C’est donc les jambes un peu lourdes et le postérieur déjà douloureux -très mauvaise idée, cet entraînement la veille- que je me rends sur la ligne de départ. Et là, début de réponse à mon énigme sur ce qui peut bien motiver cette marée rouge de cyclistes: en matière de convivialité, le village de départ de La Favorite n’a rien à envier aux plus sympathiques manifestations. L’ambiance est bon enfant, un inconnu, futur camarade de galère, me propose spontanément de me monter un peu ma selle qu’il juge «limite». Autour de moi, le peloton, encore à l’arrêt, discute, partage quelques conseils, rigole. Une attitude qui sera d’ailleurs la même durant le traditionnel défilé dans les rues du centre-ville, puis tout au long du trajet, sous escorte, jusqu’au village d’Ependes.
Soutien et souffle coupé
Une étape durant laquelle les cyclistes qui m’entourent tentent de faire connaissance. Pour ma part, je prie pour que cette impressionnante marée rouge ne soit pas stoppée, faute de quoi je risque fort de devoir déjà abandonner pour motif «de n’être jamais parvenu à reclipper ma chaussure sur la pédale». Mais heureusement, tout se passe bien. Enfin, pas longtemps. Car si mon choix s’est porté sur le trajet le plus facile, sa principale difficulté est déjà pour maintenant: la montée entre Ependes et Suchy. Un vrai calvaire. Le mont Ventoux du Nord vaudois. Mais là encore, le cycliste se montre sous son meilleur jour: on me dépasse, certes, mais en prenant soin de me demander si j’ai besoin d’aide, en m’encourageant, tout comme ces spectateurs placés dans ce monstrueux col ou, plus loin, au coeur du village du Suchy. Des anonymes que j’aurai bien remerciés, si le souffle ne m’avait pas fait défaut.
La suite? Une route légèrement vallonnée sur laquelle, étonnamment, je prends presque du plaisir. Parce que le paysage est incroyable et que je découvre un des autres atouts de ce sport: le luxe de ne penser à rien, ou à pas grand-chose. Bref, des minutes de cerveau disponibles. Quel bien ça fait! Puis, enfin, vint la délivrance, après Le Coudray: la descente sur Bavois. Je le sais, la suite ne sera que rigolade: du plat, rien que du plat.
Et c’est donc un peu avant onze heures que je passe finalement la ligne d’arrivée, non sans avoir eu une grosse pensée pour ceux à qui il reste encore des dizaines de kilomètres à faire sous le soleil. Les jambes commencent à tirer. Mais là n’est pas l’essentiel, je sais désormais pourquoi des centaines de personnes participent, chaque année, à La Favorite: parce que finalement, ces courses sont un peu comme des grandes réunions de famille et que, même s’il faut parfois un peu souffrir, autant le faire auprès des siens. Alors, merci les gars! Et à l’année prochaine.
Raphaël Muriset
Près de 600 partants
La Favorite a réuni près de 600 participants, cette année, sur ses quatre nouvelles boucles.
Le super parcours, long de 130 km, a emmené les cyclistes au col de l’Aiguillon. Sur cette distance, les plus rapides ont été, dans l’ordre, le Valaisan Kevin Georges et les deux régionaux Jean-Claude Rey et Stéphane Rosset, tous arrivés en 3h50.
De plus, le nouveau site de départ/arrivée aux Isles a séduit participants et orgnaisateurs. Une belle édition!