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«Comparer YS et Bâle est la pire chose à faire»

11 novembre 2024 | Textes: Muriel Ambühl | Photos: Gabriel Lado
Edition N°3828

Réduits à dix dès la 18e minute, William Le Pogam et Yverdon Sport ont subi la loi de Bâlois qui ont évolué une classe au-dessus, samedi au Stade municipal (1-4).

En tant que capitaine, William Le Pogam est souvent envoyé au casse-pipe à l’heure de l’interview après une défaite yverdonnoise. Le Français perd rarement sa bonne humeur, mais paraissait relativement abattu au moment de se présenter devant les médias, samedi après le lourd revers contre Bâle (1-4). Yverdon Sport n’a pourtant pas livré sa plus mauvaise performance: il a surtout pu mesurer ce qui le sépare encore des meilleurs clubs de Super League.

William Le Pogam, on a rapidement eu le sentiment que Bâle représentait une marche trop haute pour YS samedi, d’autant plus à dix contre onze si tôt dans la rencontre.

Oui, c’était compliqué dès le départ, encore plus avec un carton rouge qui arrive si rapidement. Ce n’était pas un match bien fou offensivement de notre part, mais il ne faut pas oublier d’où on vient. Je pense qu’aujourd’hui, on n’est pas encore une équipe prête à aller jouer le top 6, donc il ne faut pas s’enflammer, commencer à parler de crise ou je ne sais quoi. On reste Yverdon, on va se battre pour atteindre nos objectifs, pour rester en Super League. Mais c’est sûr qu’enchaîner trois défaites, ce n’est jamais facile, surtout qu’il y en a deux à domicile, alors qu’on avait réussi à faire du Stade municipal une forteresse la saison dernière. Maintenant, on a deux semaines pour bien travailler et se remettre à l’endroit afin d’aller chercher des points à Saint-Gall.

Avez-vous l’impression qu’en tant que capitaine et «ancien» du club, vous avez un rôle supplémentaire à jouer pour que l’équipe tienne le coup mentalement?

Oui, je suis là pour dire à mes coéquipiers qu’on doit continuer, rigoler, ne pas perdre notre bon état d’esprit. Parce qu’on a un super groupe, on vit très bien ensemble. C’est peut-être un peu compliqué pour les jeunes, mais on va faire en sorte d’organiser des team events, d’aller manger un bout ensemble, de sortir un peu du contexte du football. C’est compliqué de perdre le derby contre Lausanne, puis d’enchaîner avec des défaites face à Lugano et Bâle, mais il ne faut pas oublier que ce sont trois belles équipes. Le LS était en pleine spirale positive, Lugano va, je pense, se mêler à la lutte pour le titre, et Bâle n’est pas loin derrière. Il faut être conscients d’où est notre place, ne pas commencer à rêver de Ligue des champions. Aujourd’hui, ce n’est pas encore possible.

Selon vous, que manque-t-il à YS par rapport à des équipes du haut de tableau comme Bâle?

Plus de qualité, moi le premier! Ces formations ont des super joueurs, certains internationaux, cela fait la différence sur les détails. On a une jeune équipe, avec des éléments qui vont progresser. Il n’y a qu’à voir Kevin Carlos la saison passée, il ne jouait pas trop les six premiers mois, on était sceptiques par rapport à ses performances et son réel niveau, il s’est révélé au deuxième tour et il flambe désormais avec Bâle. On est actuellement un club en transition, et si on veut devenir un meilleur club de Super League, il va falloir du temps, et que la structure grandisse aussi avec l’équipe.

Ce n’est cependant pas évident d’avoir un noyau qui évolue, avec les nombreux transferts réalisés par YS durant les périodes de mercato, si?

Bien sûr, mais c’est la philosophie du club qui, au passage, n’est pas le seul de la ligue à avoir cette volonté de faire du business, du trading. C’est le nouveau football et, en tant que joueurs, on doit s’y adapter, on n’a pas d’influence là-dessus. Cependant, c’est vrai que ce serait plus simple d’avoir une certaine continuité s’il n’y avait pas autant de changements au sein de l’effectif.

Avez-vous senti les supporters yverdonnois un peu plus partagés qu’habituellement, en raison de la présence de Xherdan Shaqiri et Kevin Carlos dans les rangs adverses?

Evidemment, ça les fait rêver! Shaqiri est un très grand joueur, et j’espère que Kevin Carlos le deviendra aussi. Et ça reste le grand Bâle en face, c’est l’image du foot suisse. Forcément que nos supporters aimeraient qu’on devienne un club de cette ampleur, mais il ne faut pas être trop gourmands, les gens doivent se montrer patients. Aujourd’hui, comparer YS et Bâle est la pire chose à faire. Ce sont deux clubs de standing totalement différent, avec Bâle qui est un des meilleurs clubs de Suisse, qui a joué la Ligue des champions, et Yverdon qui vient de remonter en Super League. On aimerait bien en faire un grand club aussi, mais encore une fois, il faudra être patients, cela prend du temps.