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Confidences au détour d’un concert surprise

30 novembre 2017 | Edition N°2135

Yverdon-les-Bains – Reconnu dans le monde entier, le harpiste Park Stickney jouera sur la scène du Théâtre Benno Besson, ce samedi, à l’occasion de la sortie d’un entretien filmé que lui a consacré Plans-Fixes.

L’artiste Park Stickney a invité cinq artistes de haut vol, avec lesquels il jouera sur scène, samedi. ©La Région

L’artiste Park Stickney a invité cinq artistes de haut vol, avec lesquels il jouera sur scène, samedi.

C’est l’histoire d’un gosse d’Arizona qui, assis à l’arrière d’une voiture avec son frère, attend sagement le prochain surprise corner que lui a promis sa mère. Au fur et à mesure que les miles défilent sur cette autoroute interminable de l’Ouest américain, il s’avère parfois difficile de patienter jusqu’à l’angle de la prochaine rue. La mère en a bien conscience et c’est pourquoi, durant ce long trajet, elle sort des «petites surprises» de son sac à main qu’elle tend, avec bienveillance, à ses enfants.

«C’est vers l’âge de 20 ans que je me suis rendu compte que ce surprise corner n’avait, en réalité, jamais existé, et que c’était un subterfuge pour que nous restions tranquilles, confie Park Stickney, génie américain de la harpe installé à Valeyres-sous-Ursins depuis une quinzaine d’années. Au fond, c’est un lieu imaginaire où j’aime puiser mon inspiration. J’ai d’ailleurs composé un titre pour rendre hommage à ce vieux souvenir d’enfance.» Des anecdotes délicieuses comme celle-ci, le harpiste pourrait en distiller pendant des heures. Mais c’est au travers d’un portrait sans détour, réalisé par l’association Plans- Fixes (lire ci-dessous), que l’homme se confiera sur son parcours de vie, ce samedi, à 17h, au Théâtre Benno Besson (TBB), à Yverdon-les-Bains.

«C’est Thierry Luisier (ndlr : l’ancien directeur du TBB) qui a proposé à Alexandre Mejenski, le secrétaire général de Plans-Fixes, de réaliser mon portrait à l’occasion des quarante ans de l’association, confie le musicien qui enseigne à la fois au Conservatoire national supérieur à Lyon et à la Royal Academy of Music à Londres. J’étais très honoré, lorsque l’équipe de tournage est arrivée chez moi, le 22 septembre dernier. C’était un moment spécial, intime et hors du temps.»

En une heure et demie, le journaliste Yann Zitouni, son interlocuteur, a réussi à le mettre à l’aise et à en tirer un documentaire, en noir et blanc, emprunt de sobriété. «On est face à la caméra, on plonge dans l’abîme existentiel», poursuit Park Stickney.

A l’occasion de la première du film, le TBB a donné carte blanche au musicien américain pour qu’il propose un concert, le soir-même. «C’est la première fois que je joue sur cette scène, révèle-t-il. J’en ressens une immense satisfaction, car je me suis toujours dit au fond de moi, qu’un jour, je donnerais un concert dans ce magnifique édifice.»

Humble, ce passionné de jazz n’avait pourtant pas envie de performer en solo. Pour son concert, intitulé Stickney’s Surprise Corner, le harpiste sera accompagné de cinq artistes : Guo Gan, musicien chinois rencontré lors d’un concert à Shanghaï et qui joue du ehru (vièle chinoise); Gigi Biolcati, percussionniste et poète ; Théo Touvet, magicien de la roue de Cyr ; Violaine Contreras de Haro, flûtiste tout terrain et improvisatrice de haut vol ; et Cédric Henny, artiste visuel et complice sur plusieurs projets.

«J’essaie d’imaginer le concert que j’aimerais créer, affirme le Nord-Vaudois qui puise son inspiration à New- York, où il a gardé un pied-à-terre. On va jouer sur des thèmes différents et les faire exploser.» Au détour de ce concert intimiste, ce grand nom de la harpe réserve encore bien des surprises à son public. Un voyage musical à ne manquer sous aucun prétexte.

Stickney’s Surprise Corner, ce samedi, au Théâtre Benno Besson, à Yverdon-les-Bains.

Entrée gratuite pour le film Plans-Fixes, à 17h. Concert, le soir-même, à 20h. Réservations sur : www.theatrebennobesson.ch/stickney.

 

Des portraits à profusion

L’association Plans-Fixes fête ses quarante ans

 

C’est en 1977, lorsqu’une équipe de la télévision décide de célébrer le centenaire de la naissance de Ramuz, que germe l’idée de l’association Plans-Fixes. En effet, à la surprise générale, il n’existe aucune archive cinématographique de l’écrivain. Michel Bory, journaliste, décide alors de réaliser des portraits filmés de personnalités de Suisse romande. Fondée en 1979 à Yverdon-les-Bains, l’association Plans-Fixes a réalisé 330 portraits à ce jour. «Chaque film rend compte de l’histoire du pays à travers le regard de différentes personnalités», explique Alexandre Mejenski, secrétaire général de l’association. Et de souligner qu’il était important de marquer ce 40e anniversaire par le portrait d’une figure nord-vaudoise.

«Park Stickney vit à proximité d’Yverdon-les-Bains et il nous a semblé intéressant de réaliser son portrait, car son témoignage s’avère pertinent.» Cette année, l’association a réalisé douze films d’une durée de cinquante minutes en cinq plans fixes.

Valérie Beauverd