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Confidences d’une demeure centenaire

26 août 2024 | Texte et photos: Kévin Ramirez
Edition N°3774

Elle a connu deux guerres mondiales, a vu défiler plusieurs épidémies, mais a aussi été le témoin de plusieurs avancées technologiques, comme l’essor de l’automobile, l’arrivée des téléviseurs et l’explosion du numérique. Des événements qui s’entremêlent aux faits et anecdotes régionaux et locaux, comme l’électrification de la ligne ferroviaire Yverdon-Payerne et les découvertes archéologiques lacustres, dans Le Journal Intime de la Villa Saint-Pierre.

Comme le titre le laisse supposer, l’impressionnante villa raconte elle-même sa vie depuis sa naissance au début du XXe siècle, par l’entremise de sa dévouée propriétaire actuelle, Phyllis Pritchett de Martini, cette dernière relatant, avec un soupçon d’humour et de tendresse, l’histoire passionnante de cette demeure située à deux pas de la gare d’Estavayer-le-Lac.

La rencontre avec ce qui était alors la Villa Saint-Pierre semble avoir été un réel coup de foudre. Tout de même, pourquoi avoir quitté le Wisconsin pour cette petite ville de la Broye?

Avant de venir en Suisse, j’ai travaillé sur le programme spatial en Californie, au centre McDonnell Douglas, où a été construite une partie du premier vaisseau spatial ayant atterri sur la Lune. C’est également là que j’ai rencontré mon mari. Après l’atterrissage lunaire, l’exploration spatiale sur laquelle travaillait mon mari est tombée dans l’oubli. Nous avons alors décidé de nous marier et de partir en Europe pour notre lune de miel. Nous avons rendu visite à des personnes que nous connaissions en Suisse et, de fil en aiguille, nous avons fini par rester ici. Lorsque nous avons découvert la Villa Saint-Pierre et la ville d’Estavayer-le-Lac, avec ses fortifications médiévales, c’était comme un rêve. Vous ne vous rendez pas compte que la plupart des gens en Amérique du Nord, au Canada ou en Australie n’ont jamais vu un vrai château et ne le verront probablement jamais…

Vous expliquez que c’est la découverte de lettres écrites par un soldat servant dans la Légion étrangère française à l’ancienne propriétaire qui vous a incitée à écrire le journal intime de la villa. Pourquoi sous cette forme?

Les cartes postales ont été écrites et postées pendant la Première Guerre mondiale. Je les ai retrouvées cent ans plus tard. Si l’histoire de cette maison devait être écrite, elle devait couvrir au moins cette période. J’ai donc décidé de laisser la maison elle-même raconter sa propre histoire. J’espérais que mon livre inciterait les jeunes de notre ville à voir les merveilles qui les entourent.

Au fil des ans, vous avez permis le développement de nombreuses activités dans la villa. Comment avez-vous trouvé les ressources pour mettre en place toutes ces activités et votre place dans cette région à la frontière entre la Broye et le Nord vaudois?

Mon mari et moi avions beaucoup d’idées et nous savions comment travailler avec nos mains. La rénovation de la maison a été un projet passionnant. Quant à notre intégration, je dirais que les Etats-Unis sont un pays très ouvert et amical et que c’est peut-être cet aspect de notre mentalité qui nous a facilité le contact avec la population locale. Après le décès de mon mari, plusieurs personnes m’ont demandé de l’espace pour différents projets. L’espace de vie de la maison a été agrandi et l’informatique m’a permis de faire connaître la villa et de produire des brochures pour faire connaître mon offre. A partir de là, il a fallu imaginer des projets pour combler les espaces créés par la courte saison estivale dans notre région.

Quelles sont les activités encore en cours ou prévues dans votre demeure ?

Je souhaite utiliser la maison pour des programmes culturels, comme je l’ai fait durant ces vingt dernières années. Un concert de musique classique est prévu pour début novembre et peut-être une conférence sur l’histoire du chemin de fer dans notre région. L’avenir nous le dira.

Publié en décembre 2023 chez Ingram Content Group, La Vergne (USA)

Disponible depuis juin 2024, notamment sur le site de l’autrice sur www.myladysmanor.org/