Tennis – L’entraîneur physique yverdonnois épaule la joueuse chaux-de-fonnière depuis l’hiver dernier. Une collaboration qui fonctionne par le dialogue, avant tout.
«Dans ma tête, je m’étais dit : si c’est suffisamment impossible, j’y vais.» Alors il a foncé, Fabien Marguerat, le nouveau coach physique et mental de Conny Perrin. La joueuse de tennis chaux-de-fonnière vient de réintégrer le top 200 mondial (lire ci-dessous). Le message de l’Yverdonnois -il habite désormais à Cheyrespasse, visiblement, à merveille.
Entraîneur de la promotion en 1re ligue de l’équipe masculine de l’USY Handball en 2011, avec uniquement des joueurs du cru, le professeur de sport au Gymnase d’Yverdon est un homme de défis. C’est son ami Fabrice Sbarro -le Grandsonnois est le coach purement technique et tactique de Conny Perrinqui a fait les présentations, en fin d’année dernière. Pour le meilleur, la collaboration entre la Neuchâteloise et Fabien Marguerat s’étant largement intensifiée. «J’ai pris conscience que le travail dont j’avais besoin concernait avant tout le physique et le mental, souligne-t-elle. Deux éléments qui, sur le terrain, sont systématiquement connectés.»
Depuis son départ de l’USY, Fabien Marguerat s’est avant tout consacré à son métier d’enseignant. Cela dit, il a, entre-temps, fait une première incursion dans le milieu du tennis en accompagnant l’Yverdonnoise Luna Milovanovic, déjà contacté par Fabrice Sbarro. Avec Conny Perrin, l’ex-handballeur se retrouve face à un nouveau challenge qui stimule son goût pour l’impossible. Classée entre les rangs 250 et 350 durant la majorité de sa carrière, la droitière de La Tchaux a déjà 26 ans. Elle lutte depuis de longues années pour tenter de franchir un palier et, par la même occasion, se faciliter la vie sur le plan financier.
Tout est dans l’échange
Fabien Marguerat ne compte pas le temps et l’investissement qu’il consacre à son nouveau projet. Sa méthode est intimement liée à l’échange qu’il a avec sa joueuse.«En résumé, mon job consiste à traduire en exercices praticables à l’entraînement la résolution des blocages constatés», explique-t-il. Dans les faits, il visionne (à la vidéo) tous les matches disputés par la Neuchâteloise, qui vient de passer deux mois entiers à sillonner les circuits ITF et WTA, pour l’aider à rester agressive sur le court. Il analyse tous les détails utiles, notamment le langage corporel de sa protégée. «J’essaie de comprendre, par exemple, pourquoi à cet instant de la rencontre son corps part en arrière après un retour de service.» Tout passe, alors, par une communication parfaite entre les deux parties. Ils discutent ensemble avant et après chaque rencontre pour tenter de trouver les solutions pour «débloquer ce qu’elle a en elle». Un travail de fond, dont les acquis ne peuvent se vérifier que sur la longueur. «J’aime bien dire que je ne travaille pas pour Conny, mais avec elle. Sans son ressenti, je ne peux rien faire.»
Au Maroc, au début de la semaine dernière, Conny Perrin s’est retrouvée face à Anastasia Pavlyuchenkova, la n° 16 mondiale, après avoir passé sans peine le cap des qualifications. La Suissesse a poussé la Russe au tie-break du deuxième set. «Au final, j’avais la même sensation que celle qui me bloquait auparavant dans les moments importants contre des joueuses moins bien classées», glisse-t-elle. Un sentiment qu’elle n’avait plus ressenti dernièrement, contre les adversaires situées entre les rangs 100 et 200, qu’elle a nettement battues. A la fois le témoin des progrès en cours et du travail qu’il reste à fournir.
L’entente entre Conny Perrin et Fabien Marguerat est prometteuse. La principale concernée ne dira pas le contraire : «J’ai trouvé quelqu’un avec qui la communication est excellente. Je n’avais jamais travaillé comme ça auparavant.» Depuis, les portes de tous les tournois du Grand Chelem se sont ouvertes.
Le Grand Chelem
Conny Perrin a aligné les victoires contre des joueuses mieux classées qu’elle, ces dernières semaines. A la clé, une qualification pour le tableau principal de chacun des trois derniers tournois estampillés WTA auxquels elle a pris part (Bogota, Istanbul et Rabat). Ces résultats lui ont valu de grimper au 197e rang de la hiérarchie mondiale en simple, ce qui lui assure une participation aux qualifications des tournois du Grand Chelem à venir, Roland- Garros -où Fabien Marguerat l’accompagnera-, Wimbledon et l’US Open. Une première pour la Chaux-de-Fonnière, qui a déjà foulé les courts de Melbourne en janvier de cette année.
«Je suis au clair dans mon tennis, lance-t-elle, la paix retrouvée. Je dois continuer à laisser parler mon inconscient sur le terrain.» Et ainsi s’approcher du top 100. Le prochain grand objectif.