Construire ensemble pour trouver les meilleures solutions
7 novembre 2024 | Textes et photo: Virginie MeisterhansEdition N°3826
La Région poursuit la publication hebdomadaire d’un portrait d’une commune nord-vaudoise. Au travers de l’interview de son syndic, cette page aborde les réussites, les préoccupations, les projets d’une collectivité locale.
Aujourd’hui, place à Thierry Salzmann, syndic de Bavois.
Thierry Salzmann, pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Né à Bavois, issu d’une famille paysanne, je suis moi-même devenu agriculteur après un CFC et une maîtrise fédérale. Je suis marié et j’ai deux enfants de 15 et 13 ans. J’adore chanter et je fais partie de la chorale du village. Je suis également impliqué dans l’agriculture de conservation des sols. Je me suis assez rapidement intéressé aux affaires communales, d’abord associatives comme la Jeunesse et d’autres sociétés, puis je me suis inscrit au Conseil général lorsque j’avais une vingtaine d’années. J’ai été président du Conseil, puis élu municipal au second tour des élections en 2006. En 2016, j’ai repris la place de syndic.
Quels sont les aspects qui vous plaisent dans la fonction de syndic?
Étant très attaché à mon village, j’aime amener du concret dans un esprit de coconstruction. Si la démocratie et le consensus ne sont pas parfaits, c’est en discutant qu’on arrive aux meilleures solutions, d’autant plus lorsque l’entente au sein du collège municipal est excellente, comme chez nous. J’adore voir des projets se réaliser à la suite de discussions. Les meilleurs découlent parfois d’une idée «saugrenue» qui finalement se met en place pour le bénéfice de tous. Un exemple – qui sort un peu du cadre de nos attributions –, en 2018 nous avons organisé la journée de l’Union des communes vaudoises, un projet qui a démarré sur une boutade et qui s’est transformé en une manifestation qui a fait rayonner notre commune dans tout le canton et pour laquelle l’engagement des citoyens et des sociétés locales a été énorme. Cela a créé une chouette ambiance au village. L’autre côté que j’apprécie beaucoup dans cette fonction est la possibilité de côtoyer des personnes que l’on n’aurait pas l’occasion de rencontrer sinon.
Y a-t-il un revers de la médaille?
La fonction est hyperintéressante mais de loin pas toujours gratifiante. Depuis dix-huit ans que je fais partie de l’exécutif, j’observe une augmentation des tensions. Le citoyen «moyen» est beaucoup plus demandeur et plus enclin à s’opposer et remettre systématiquement en question les choix, y compris dans le cadre du Conseil. C’est assez problématique et lourd à porter et cela ne m’étonne pas qu’il y ait de plus en plus de démissions au sein des municipalités. Cela est peut-être dû à un phénomène de balancier: par le passé, le syndic tapait sur la table et tout le monde obéissait, aujourd’hui on est dans l’excès inverse. Ce n’est de loin pas une généralité, mais cette minorité de personnes fait du bruit et a tendance à influencer ceux qui en font moins. Nous ne nous rendons peut-être pas toujours compte que les gens n’ont pas toutes les informations et devons être très attentifs à la communication. Mais il faut également que les conseillers travaillent leurs dossiers, lisent les préavis et viennent avec l’envie d’avancer ensemble plutôt qu’avec l’idée de flinguer les projets qui ne plaisent pas. Cela me fait penser à la loi de Brandolini, selon laquelle il faut dix secondes pour dire une bêtise mais une minute et demie d’explications pour la démonter. Celui qui dit une bêtise a l’ascendant, cela est très typique chez Trump, par exemple. C’est ce qui s’appelle le pouvoir de la com’!
Qu’est-ce qui fait la force de votre commune?
La force de notre village est son tissu associatif, puisque nous avons dix sociétés actives qui participent à l’aura de la commune et organisent régulièrement des manifestations. La Jeunesse, par exemple, va organiser le Téléthon des jeunesses au mois de décembre 2025. Quant aux commerces, nous n’en avions pratiquement plus, puis trois jeunes du village ont eu l’idée de créer une application et une épicerie ouverte 24 heures sur 24 en s’entourant de producteurs locaux. Cela s’est développé et il y a maintenant une dizaine de «Petites Épiceries» qui tournent dans le district et même en Suisse allemande. Le Restaurant des Peupliers amène lui aussi un peu d’animation. De notre côté, nous organisons l’accueil des nouveaux habitants en leur proposant quelque chose qui sort de l’ordinaire : un tour en char avec visite de toutes les infrastructures communales. Cela permet aux gens de mieux se rendre compte du fonctionnement de leur village, de créer des contacts et de s’intégrer. De plus, cela nous amène à faire une rétrospective de ce qui s’est passé les quinze dernières années et c’est très gratifiant de se dire «On a quand même bien bossé!»
Quels projets avez-vous sur le feu?
Le projet chaud brûlant est la rénovation de la grande salle, dont le crédit vient de passer au Conseil à une petite majorité. L’idée est de lui redonner une «allure architecturale», l’agrandir, isoler le toit, installer des panneaux solaires, un ascenseur, une buvette, etc. Une rénovation très importante! Ensuite, nous avons depuis longtemps un projet de zone artisanale à l’entrée du village qui devrait être validé par l’aménagement du territoire. L’objectif est de relocaliser au niveau de l’activité. En créant une vingtaine d’emplois au village, la typologie et la dynamique de celui-ci s’en trouveraient modifiées. Mais nous devons encore en prouver le besoin en trouvant des entreprises locales qui manifestent leur intérêt à venir s’établir ici, ce sur quoi nous travaillons actuellement.
Pensez-vous vous représenter pour la nouvelle législature?
Au départ, j’avais dit que je ferais maximum dix ans en tant que syndic. Je n’ai pas encore décidé si je me représenterai, mais la décision doit se prendre rapidement car je souhaite être transparent avec mes collègues. J’aimerais bien arrêter avant d’être usé. Si je continue, je dois avoir le sentiment de toujours pouvoir amener quelque chose et suffisamment d’énergie, de feu pour mener le débat.