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Continuité ou rupture
Yves Reymond, le candidat de la gauche, Aline Baù, de Chavornay Ensemble et Patrick Porret, indépendant. DR

Continuité ou rupture

5 juin 2025 | Texte: Jérôme Christen
Edition N°La Région Hebdo No 14

Le PLR, quasi omnipotent à la Municipalité de Chavornay, a renoncé à présenter un candidat à la suite de la démission de la municipale de la gauche. C’était compter sans la candidature en solo d’un ancien municipal PLR qui vient brouiller les cartes.

Avec cinq élus sur sept, le PLR est surreprésenté à la Municipalité de Chavornay. Sans compter que Dominique Vidmer, ancien syndic d’Essert-Pittet, élu en 2021 à la Municipalité sous une étiquette indépendante, était candidat au Conseil communal en 2021 sur une liste PLR-Les Indépendants et n’a jamais caché sa sympathie pour l’aile centriste du PLR. Au Conseil communal, le PLR est légèrement majoritaire avec 31 sièges sur 60, le solde étant réparti entre le Groupe Social Ecologique qui compte 19 sièges et Chavornay Ensemble-Les Indépendants 10 sièges.

Le candidat de la gauche

La gauche revendique le siège laissé vacant par Océane Auzépy Renard. Yves Reymond a vécu son enfance à Champagne. Après une formation d’infirmier en soins généraux à La Source, il a travaillé 17 ans aux urgences du CHUV et occupe depuis trois ans la fonction d’infirmier référent au Centre médico-social d’Orbe. En 2020, il s’est intéressé à la politique dans le cadre de son travail de bachelor. «Nous avions été encouragés à réfléchir à l’influence possible sur le plan politique dans le cadre de notre profession d’infirmier. Cela a contribué à m’y intéresser», explique-t-il.

Il estime son affiliation au PS naturelle: «Ma mère était régleuse en horlogerie, mon père travaillait aux ateliers CFF d’Yverdon. Mes valeurs sociales m’ont conduit à m’approcher du groupe social et écologique.» élu en 2021, il siège depuis quatre ans à la commission de gestion qu’il a présidée il y a deux ans et exerce également la fonction de chef de son groupe. âgé de 44 ans, Yves Reymond est également un sportif accompli qui, dans sa jeunesse, a été cadre national de judo à plusieurs reprises.

Son objectif est «de conserver le siège que la gauche a gagné il y a quatre ans et de s’inscrire dans la continuité de l’excellent travail effectué par Océane Auzépy Renard avec notamment une optimisation énergétique des bâtiments». Il insiste sur le fait que sa candidature s’inscrit dans la stabilité et la durabilité.

Au sujet de cette triple candidature, il répond: «Nous pouvons considérer que ce siège nous revient de droit. La gauche est légitimée à avoir sa place en Municipalité.» Mais il voit cette élection de manière positive: «à l’heure où certaines communes peinent à trouver des municipaux, c’est une chance pour Chavornay.»

La voix des indépendants

Le groupe Chavornay Ensemble-Les Indépendants, absent de la Municipalité, se sent aussi légitimé. Il y a quatre ans, leur poulain Paolo Troilo avait été doublé au 2e tour par Océane Auzépy Renard. Pour décrocher ce siège, le groupe propose Aline Baù qui siège au Conseil communal depuis 2017.

âgée de 50 ans, accueillante en milieu familial au sein du réseau de Chavornay & environs, archéologue de formation, elle a œuvré comme responsable de recherche, puis assistante de direction dans une entreprise de télécommunications. Lors de la première législature, engagée avec l’UDC, elle a dû admettre que son positionnement politique était trop à droite pour elle. à l’aise au centre, elle estime que c’est «le bon moment pour que Chavornay Ensemble fasse entendre en Municipalité une autre voix que celle du PLR.

Elle se dit pragmatique, éloignée des grands discours politiques, soucieuse d’œuvrer concrètement en faveur de sa commune, de ses citoyens et du commerce local. Engagée à vitaliser son quartier de La Cité, elle organise, chaque année, avec son mari, une fête de quartier à l’occasion d’Halloween. Elle loue le travail effectué par la municipale sortante Océane Auzépy Renard qu’elle a pu observer au sein de la commission de gestion qu’elle a présidée cette année. «J’aimerais œuvrer dans la continuité de ce qu’elle fait, poursuivre et développer son action.»

Le candidat de la rupture

Patrick Porret, ancien municipal PLR, apparaît dans son discours comme le candidat de la rupture. Plutôt paradoxal alors que la Municipalité est dominée par son parti. L’homme compte trois législatures de Conseil communal et deux comme municipal entre 2006 et 2016. Il a intitulé sa liste PAI, soit Porret Agriculteur Indépendant.  Ce n’est pas un hasard, il se revendique d’une droite libérale de terrain. Celle qui a donné naissance au PAI, l’ancêtre de l’UDC. Il regrette que l’aile radicale ait pris le dessus au sein du PLR. Son retrait de la politique en 2016 s’est fait dans la douleur. Dans le cadre d’une campagne tendue, avec trois autres collègues municipaux, il avait fait savoir publiquement son opposition à une fusion à six communes. Ce sera une fusion à trois qui sera retenue. «Le Canton a exercé d’insupportables pressions. C’était tendu. Après ça, échaudé, j’ai renoncé à me représenter», explique l’ancien  municipal en charge de l’urbanisme et des affaires sociales. Lors de la première législature, il avait contribué à mettre en place le réseau d’accueil de jour.

à 62 ans, il est en train de transmettre gentiment son exploitation agricole et sera plus disponible.  Il prône plus d’efficacité dans l’action politique, d’aller à l’essentiel. «En matière de constructions, nous avions à l’époque peu de recours en justice, maintenant, c’est régulier. Il faut aller sur le terrain et discuter avec les gens pour trouver des solutions. Avec les bureaux techniques communaux, les municipalités ont tendance à tout déléguer et ne plus affirmer leur autorité. Il est préférable de confier les aspects techniques à des bureaux privés et de reprendre le pouvoir politique.»

Sur la question de surreprésentativité du PLR, il estime « qu’il n’y a pas de raison de faire des cadeaux à la gauche, car elle n’en fait pas à la droite ».

Concrètement, il souhaite «développer la commune de manière harmonieuse par un nouveau plan d’affectation axé sur la durabilité, défendre l’autonomie des communes face à la volonté centralisatrice du Canton et assurer le développement des places d’accueil de jour face à l’accroissement de la population». Notons encore qu’il est engagé dans le réseau écologique de Chavornay qui a pour but la promotion de la diversité naturelle des espèces sur la surface agricole utile.