Dominic Gorman (25 ans) est l’un des piliers du RCY et de l’équipe nationale suisse. Et un sacré caractère aussi.
Il faut le voir, Dominic Gorman, pousser de toutes ses forces en mêlée, faire reculer le pack adverse et se relever, bras levés, fier du travail accompli, et un peu essoufflé aussi, pour se rendre compte de l’effort physique que demandent ces quelques secondes à très haute intensité. Là, à l’intérieur de ce jardin secret du rugby, où huit hommes forts se font face avec un seul but: gagner du terrain et faire mal à l’adversaire.
Voilà deux ans que le RCY peut compter sur les (larges) épaules de son pilier, au caractère volontiers chambreur et à la forte personnalité, tout en le voyant partir de temps à autre pour rejoindre, honneur suprême, l’équipe nationale. «Mon père est français, ma mère est suisse et j’ai toujours eu le passeport suisse. J’adore jouer pour l’équipe nationale, on est un super groupe», explique-t-il. La Suisse n’est pas un pays majeur du rugby, mais est tout de même 28e au classement mondial. Sachant que la Coupe du monde se dispute à vingt, il n’est pas complètement utopiste d’imaginer un jour le XV à l’Edelweiss y participer, même si le chemin est encore long dans un pays où le professionnalisme n’existe pas.
«L’objectif, c’est d’aller le plus haut possible, tout simplement. On est une bande de copains et on se tire tous vers le haut. Quand on met ce maillot, on augmente tous notre niveau individuel, moi le premier. Les anciens accueillent bien les nouveaux, et cet effet de groupe, essentiel en rugby, nous permet de croire en nous», explique le costaud, qui ne se fixe pas de limites et souligne le sérieux de la sélection, qui communique en français, allemand et anglais. «A chaque rassemblement, tout est bien organisé, carré. Le timing est strict et une fois que les ateliers sont lancés, tout le monde est très concentré sur ce qu’il a à faire.»
Avec une particularité propre au rugby tout de même, celle de «se mettre sur la gueule» pendant les matches de championnat et de se retrouver ensuite unis sous le même maillot, celui de l’équipe nationale. «Ah oui, il faut faire la part des choses, mais c’est l’esprit du rugby, ça reste toujours bon enfant, ça chambre pas mal, on se tire la bourre, ça peut être chaud… mais on est tous heureux de se retrouver en équipe de Suisse!»
Jo Dallet bientôt éligible
Dominic Gorman ne sera peut-être bientôt plus le seul joueur du RCY, champion de Suisse en titre, à évoluter en rouge et blanc. «Jo Dallet est bientôt éligible», assure le pilier, qui se réjouit d’accueillir son coéquipier français du RCY. «Il est déjà venu en stage, mais il ne peut pas être aligné en match officiel, vu qu’en rugby, il faut cinq ans de résidence dans un pays pour pouvoir jouer avec l’équipe nationale. Jo en est à quatre, donc l’an prochain, ce sera bon!»
Deux victoires d’entrée
L’édition 2022/23 du Rugby Europe Trophy a très bien débuté pour l’équipe de Suisse et Dominic Gorman, qui sont allés gagner en Suède 69-12, puis ont battu la Lituanie 45-6 à Lausanne. Les deux autres équipes sont l’Ukraine et la Croatie, et la Suisse jouera deux fois contre chaque adversaire. «Nous sommes favoris pour la première fois, on tente d’assumer ce statut, et pour l’instant c’est bien parti», explique l’Yverdonnois.
