Coup de barre à droite pour Yverdon
1 décembre 2014C’est clairement un vote sanction: les habitants de la Cité thermale ont désavoué, hier, la majorité de gauche de la Municipalité, lors du premier tour de l’élection complémentaire. Contre toute attente, c’est, en effet, la PLR Valérie Jaggi Wepf qui a viré largement en tête, avec 47% des voix, frôlant la majorité absolue.

A la surprise générale, la PLR Valérie Jaggi Wepf (à dr.) sort largement en tête du premier tour de l’élection complémentaire à la Municipalité. Elle est félicitée par Gloria Capt et Marc-André Burkhard.
Une malédiction plane-t-elle sur Yverdon-les- Bains? Depuis plus de trente ans (en 1982, le socialiste André Perret succédait à Pierre Duvoisin), aucun parti n’a pu conserver la syndicature de la Ville lorsque le sortant était issu de ses rangs. L’année 2014 ne devrait pas déroger à cette règle, tant il semble aujourd’hui difficile à la gauche de conserver la majorité municipale, au vu des résultats, hier, du premier tour de l’élection complémentaire.
Malgré un ballottage général, le verdict des urnes est sans appel: bien qu’handicapée par la présence d’un autre candidat de droite, c’est bel est bien la PLR Valérie Jaggi Wepf qui vire en tête, avec 3072 suffrages, sur un total de 6596 (47%). Elle manque la majorité absolue pour 250 voix. La PLR a, néanmoins, une confortable avance sur ses adversaires: le socialiste Stéphane Balet obtient 2504 suffrages (38%) et l’UDC Pascal Gafner 999 (15%). La participation se monte à 42,14%. Le deuxième tour est prévu pour le dimanche 21 décembre.
«La bonne candidate»
A l’annonce des résultats, dans l’ancienne salle du Conseil communal, Valérie Jaggi Wepf, qui ne s’attendait pas à un tel score, peinait à trouver ses mots: «Je ne peux que remercier les Yverdonnoises et les Yverdonnois. Ce vote en ma faveur prouve que les habitants veulent un changement.»
Une satisfaction partagée par son président de parti, Christian Weiler, tout sourire: «Nous avons la bonne candidate. Nous avons fait une campagne à son image: à l’écoute, participative, qui arrive avec des propositions concrètes. Et nous avons bénéficié de la perte de poids électorale de la gauche, dont le bilan est rejeté par une partie des citoyens. » Christian Weiler, cependant, ne veut pas crier victoire trop vite: «Nous n’avons pas encore gagné. Je me méfie d’une forte mobilisation possible d’une gauche blessée au second tour.»
«Clairement déçu»

Pascal Gafner, avec une partie des soutiens de son parti: le président du Grand Conseil Jacques Nicolet, le député Michaël Buffat et le conseiller communal Michel Dubey (de g. à dr.).
Un sursaut de la gauche encore difficile à imaginer, tant elle était, hier, sous le choc. Son candidat, Stéphane Balet, s’était donné comme objectif de passer au premier tour, ou tout au moins de terminer en tête, face à une droite qui partait au combat divisé. Le socialiste fait moins de 40%. «Je suis clairement déçu, relevait-il, à chaud. Je n’ai pas l’impression d’avoir mené une mauvais campagne. J’ai plutôt l’impression d’avoir réalisé des bons débats. Je n’ai pas été payé à la hauteur de ma prestation.» L’homme estime avoir traîné le mécontentement de la population contre la politique de la majorité de gauche à la Municipalité. «Pourtant, conclut Stéphane Balet, je reste persuadé que le bilan est bon. C’est l’image que les gens en ont qui est mauvaise.»
Le président du Parti socialiste, Pierre Dessemontet, encaisse le choc: «A aucun moment, nous n’avons senti un rejet de notre candidat.» Au parti, le mot «vote sanction» revient sur toutes les lèvres. Pierre Dessemontet, lui, calme le jeu: «Il faut d’abord analyser les résultats, pour définir la meilleure stratégie possible pour la suite.» Il ne veut, pour l’heure, renoncer à aucune éventualité: «A ce stade-là, tout est ouvert, du maintien de Stéphane Balet à un changement de candidat pour le deuxième tour, voire à un retrait.» Le PS se réunira, ce soir, en assemblée et communiquera sa stratégie demain matin. Mais il serait difficilement concevable que le grand parti de gauche se retire sans combattre, alors qu’il défend la syndicature de la deuxième ville du canton.
Un renversement de vapeur semble cependant improbable, tant l’avance de Valérie Jaggi Wepf, soutenue désormais par l’ensemble de la droite (lire ci-dessous), est conséquente. Sans compter que, lors de cette élection, on a constaté a un renforcement du centre-droit (UDF, 365 bulletins rentrés et, surtout, Vert’libéraux, 465 bulletins). Deux formations qui soutiennent depuis le début la candidate PLR. «C’est vrai que nous sommes très satisfaits des résultats, se félicite Pierre Cherbuin, président des Vert’libéraux yverdonnois. C’est un indice encourageant.»
La syndicature en question
Reste la question, en cas de reprise de la majorité par la droite, de savoir qui sera le nouveau syndic. Si Christian Weiler, le président du PLR, assure que son parti n’a pas encore abordé la problématique, tous les regards, dans les différents partis, se tournent aujourd’hui vers le municipal Jean-Daniel Carrard.
Pascal Gafner appelle à voter Valérie Jaggi
Les divisions du premier tour, à droite, se sont vite estompées. Et, à peine trois heures après l’annonce des résultats, PLR, UDC, UDF et Vert’libéraux signaient un communiqué commun apportant leur soutien à Valérie Jaggi Wepf pour le second tour. «La priorité, c’est que la droite yverdonnoise reprenne la majorité à la Municipalité et, compte tenu de mon score, il n’y avait pas lieu de maintenir ma candidature», relève le candidat UDC Pascal Gafner. L’homme se dit «déçu en bien» de ses 15%: «D’un côté, j’espérais provoquer une surprise, qui n’est pas venue. D’un autre, j’ai obtenu un bon résultat. C’est un bon tour de chauffe en vue des élections générales de 2016.»