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Des créations uniques imaginées par trois Nord-Vaudois

9 août 2017 | Edition N°2055

Yverdon-les-Bains – Parmi les 26 projets prévus lors des Jeux du Castrum, qui auront lieu de vendredi à dimanche, plusieurs artistes de la région présenteront leurs œuvres inédites. Rencontre avec trois d’entre eux.

Découvrez la musique d’une autre façon avec le jazzman yverdonnois Colin Vallon, pianiste reconnu dans le monde entier. ©Caterina Di Perri

Découvrez la musique d’une autre façon avec le jazzman yverdonnois Colin Vallon, pianiste reconnu dans le monde entier.

A l’heure où un quart des travailleurs suisses éprouve du stress et que des cliniques se sont spécialisées pour soigner ce mal du XXIe siècle, le pianiste yverdonnois Colin Vallon proposera au public un brin de douceur et de calme lors des Jeux du Castrum, qui débuteront vendredi.

Avec la violoncelliste lausannoise Sara Oswald, il a revisité le projet «Sleep», du compositeur Max Richter, une performance musicale jouée pendant toute la nuit, sans interruption. Baptisée «Rêveries», la pièce imaginée par les deux Vaudois sera empreinte d’un style pop ambiant, un tantinet psychédélique et accompagné d’une once de musique électronique.

 

Huit heures de berceuses

 

Autour de ce marathon musical, il y a tout un concept, puisque les organisateurs des Jeux du Castrum ont prévu d’installer 200 lits de camp au Centre professionnel du Nord vaudois, où se tiendra le concert. Le but est donc d’inviter les gens à s’endormir sur les notes des musiciens et de se déconnecter de toute technologie. «La difficulté de ce projet est de créer un répertoire très doux qui ne tombe pas dans la musique hypnotique et qui ne ressemble pas à celle que l’on entend dans les toilettes publiques sur les autoroutes, confie Colin Vallon. L’autre challenge sera de tenir la distance sur huit heures de concert en jouant très doucement pour ne pas réveiller le public. Et notamment pour le batteur qui nous accompagne (ndlr : le Bernois Domi Chansorn).» Des situations auxquelles aucun des artistes n’a encore été confronté.

Pour créer cette oeuvre musicale unique en son genre dont une partie sera improvisée, Sara Oswald et Colin Vallon ont rencontré un spécialiste du sommeil. «Nous avons pensé cette composition comme une pièce qui décrit une nuit», confie l’Yverdonnois. Le concert sera donc divisé en quatre parties d’une heure trente, comme les cycles du sommeil, avec un mixe de passages rythmés et calmes, ainsi que des interludes. «Il y aura des développements plus longs, avec des débuts et des fins pas très clairs, un petit peu comme dans le monde des rêves, précise- t-il. Certains passages acoustiques seront repris et transformés avec des effets électroniques, comme quand on voit quelque chose en journée et qu’on en rêve durant la nuit d’une étrange façon.»

Rêveries, samedi dès 21h, au CPNV. Prix : 30 francs. Détails sur : www.le-castrum.ch.

 

Le parcours de l’homme migrant exposé au Jardin japonais

 

Fabian Sbarro travaille d’arrache-pied, dans son atelier à Neuchâtel, pour façonner les personnages de son projet artistique intitulé Eclipse. ©DR

Fabian Sbarro travaille d’arrache-pied, dans son atelier à Neuchâtel, pour façonner les personnages de son projet artistique intitulé Eclipse.

Quelques jours avant l’installation de ses oeuvres, Fabian Sbarro, originaire de Grandson, est en plein stress. Et on peut le comprendre, puisqu’il doit réaliser 36 silhouettes en matériau recyclé et les peindre, afin d’achever son projet nommé «Eclipse». Par ces figures sans visage ni détail, il propose un questionnement sur la crise migratoire internationale et le rapport à l’autre.

 

Un message qui en cache un autre

 

«Il y aura six silhouettes, dont la première face sera opaque, pour représenter ce que nous ne comprenons pas, ce qui nous fait peur en voyant un migrant, et qui nous masque la lumière, décrypte l’artiste. Derrière celle-ci se cachent six autres dimensions qui représentent les événements de la vie que la personne a vécus avant son départ, comme une naissance ou un mariage. C’est parfois abstrait, parfois symbolique et parfois trash, mais il faut se décaler sur le côté pour apercevoir ces facettes.»

Inspiré par ses visites dans des centres pour migrants, Fabian Sbarro souhaite restituer l’humain dissimulé derrière cette étiquette qui leur colle au front.

Vernissage au Jardin japonais, vendredi 19h30.

 

«Silhouettes», le projet qui mêle technologie et art

 

©DR

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Ils ne sont pas artistes, et pourtant ils se sont lancés dans un projet audacieux, coloré et plein de style. Informaticiens de formation, les trois partenaires en affaires de la société Fullrange interactive, à Orges, seront également de la partie aux Jeux du Castrum, avec leur show participatif intitulé «Silhouettes». «J’ai toujours été passionné par les technologies et l’art. Alors, à travers nos projets, nous essayons de mêler ces deux aspects», confie Florian Segginger, fondateur de Fullrange interactive et diplômé de la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud en informatique embarqué.

 

Sa couleur, sa tour, son cube

 

Choisissez votre couleur, dansez et admirez vos mouvements sur l’un des neuf cubes qui seront installés sur la place Pestalozzi. ©DR

Choisissez votre couleur, dansez et admirez vos mouvements sur l’un des neuf cubes qui seront installés sur la place Pestalozzi.

Trois tours, chacune composée de trois cubes de plastique tels que ceux utilisés pour le transports de liquides, seront disposés sur la place Pestalozzi. Le public pourra venir, vendredi dès 22h30, devant l’Hôtel de Ville, choisir une couleur -bleu, rose ou vert- et commencer à danser sur le rythme du groupe de musique 100% féminin Patate Douce. Une caméra filmera, durant une dizaine de secondes, les mouvements des Nord-Vaudois, puis projettera leur silhouette en train de se déhancher sur l’un des cubes illuminés.

«Nous avons remarqué que les gens aimaient se montrer, mais uniquement si on ne voit pas leur visage, commente Florian Segginger (voir photo ci-dessus). Alors, nous avons développé une application qui permet de détourer les silhouettes.» Un projet similaire, mais plus statique, avait été présenté aux Yverdonnois lors du 1er Août 2016, puisque les gens étaient photographiés et non filmés. Désormais, il y aura donc du mouvement.

A noter que Fullrange interactive sera aussi présent aux Numerik Games, avec une activité qui permettra à chacun de devenir graffeur sur un mur virtuel.

 

Tour de la Plaine en reconstruction

Yverdon-les-Bains – Jeux du Castrum

 

Une quarantaine de bénévoles sont venus, hier, au château pour plier, découper et assembler des dizaines de cartons en vue de l’événement de samedi. ©C. Md

Une quarantaine de bénévoles sont venus, hier, au château pour plier, découper et assembler des dizaines de cartons en vue de l’événement de samedi.

La reconstruction de la Tour de la Plaine en cartons, projet de l’artiste marseillais Olivier Grossetête, aura bel est bien lieu. Pourtant, il y a quelque temps encore, cette oeuvre centrale des Jeux du Castrum était en passe d’être annulée, faute de bénévoles pour plier, découper et scotcher les cartons. Mais grâce à un élan de solidarité des Nord-Vaudois, la tour est déjà en train de voir le jour, dans les sous-sol du Château d’Yverdon-les-Bains, puisque le premier atelier de pliage a débuté hier. Une quarantaine de personnes sont venues pour entamer le chantier, qui durera jusqu’à vendredi.

 

Pour tous les âges

 

Deux membres de l’équipe de l’artiste français ont fait le déplacement pour coacher et aider les volontaires durant l’atelier. «Les 300 premiers cartons sont difficiles, mais après ça va tout seul !», lance avec ironie un habitant d’Yvonand. A deux, en famille ou seul, les bricoleurs se sont attaqués aux douze palettes de cartons commandées. A l’issue de ces quatre jours d’atelier, quelque 1100 cartons seront construits.

 

Montage samedi matin

 

S’il y a assez de bénévoles pour préparer les cartons, il faudra encore au minimum 150 volontaires, samedi matin, dès 9h, pour ériger cette tour. Prévue à l’origine sur la place Pestalozzi, elle sera finalement installée à la rue de la Plaine, face au château. «Des câbles ont déjà été tirés pour la Schubertiade et il n’était plus possible de les décrocher, explique Jonas Jacob, membre du comité des Jeux du Castrum en charge de l’atelier. Elle mesurera vingt mètres de haut sur cinq de large. Ce sera donc le plus grand bâtiment des alentours (ndlr : sans égard au château).» Il ne reste plus qu’à espérer qu’il ne pleuve pas samedi.

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Christelle Maillard