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Il crée un «CPNV bis» au Burkina Faso

18 août 2017
Edition N°2062

Yverdon-les-Bains – Henri Lachat, enseignant au Centre professionnel du Nord vaudois, a pris un congé sabbatique de six mois pour créer un établissement dans le nord du pays. Il veut exporter le modèle suisse de la formation duale.

Mao Savadogo (à g.) apporte une aide bienvenue à Henri Lachat sur le terrain. ©DR

Mao Savadogo (à g.) apporte une aide bienvenue à Henri Lachat sur le terrain.

Ils seront des centaines d’enseignants, répartis dans les différents établissements de la région, à faire leur rentrée, lundi prochain. Un, au moins, manquera toutefois à l’appel : Henri Lachat. Et pour cause, l’enseignant au Centre professionnel du Nord vaudois (CPNV) se trouvera en effet à plus de 5000 km de là, au Burkina Faso. Mettant à profit un congé sabbatique de six mois -tout enseignant peut en faire la demande après dix ans d’enseignement-, l’Yverdonnois de 57 ans participe à la création d’un centre professionnel dans le nord du pays.

«Au Burkina Faso, c’est comme en France : tout le monde va au lycée. Ensuite, soit tu es au chômage, soit tu descends à Ouagadougou faire des petits boulots, sans aucune perspective d’avenir, déplore le Nord-Vaudois. Pour éviter cela, je souhaite mettre sur pied un établissement qui fonctionnerait selon le modèle suisse de la formation professionnelle duale, en alternant la pratique, chez un patron, et la théorie, à l’école.»

 

Elèves âgés de 16 à 20 ans

 

Les membres du Lions club de Ouahigouya, qui soutient le projet. ©DR

Les membres du Lions club de Ouahigouya, qui soutient le projet.

Faisant avec les moyens du bord -il est seul à créer le projet, mais bénéficie du soutien du Lions Club local-, Henri Lachat ne veut pas voir trop grand. «Je veux rester modeste, explique l’assistant socio-éducatif. Je souhaite créer trois classes d’apprentissage d’élèves de 16 à 20 ans et enseigner l’informatique, la mécanique et l’économie familiale. Là-bas, les classes comptent parfois jusqu’à 50 élèves. Je veux me rapprocher du modèle suisse et viser une trentaine d’élèves environ.»

 

Vaud met la main à la pâte

 

Pas insensible à la démarche d’Henri Lachat, l’Etat de Vaud, par le biais du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, a souhaité prendre une part active au projet, faisant don de plusieurs tableaux noirs et blancs, ainsi que de différents types de fournitures.

Pour faciliter la récolte de dons -financiers et matériels-, le Nord- Vaudois a créé une association, Beoog Biiga : l’enfant demain. «Mon congé sabbatique prendra fin au mois de janvier prochain. Mais je souhaite vraiment que mon entreprise ne reste pas vaine et, qu’au contraire, la formation duale se pérennise après mon départ. On peut voir mon projet de création d’un centre professionnel comme un petit embryon qui, à terme, sera amené à se développer», glisse, sourire en coin, Henri Lachat.

Pour davantage d’informations ou apporter son soutien au projet : beoogbiiga.henri@gmail.com.

 

Apprentissage, le modèle suisse séduit l’Afrique

 

On savait la France, l’Espagne et même les Etats-Unis sérieusement intéressés par le modèle suisse du système d’apprentissage. Voilà que la formation professionnelle duale à la mode helvétique fait des envieux jusque sur le continent africain. Le Sénégal a en effet adopté, il y a maintenant plus d’un an, le système suisse d’enseignement technique et de formation professionnelle duale.

Comme son «voisin» de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso pourrait donc, lui aussi, faire le pas. «Je dois prochainement rencontrer plusieurs personnes de la direction de l’environnement burkinabaise pour les convaincre, confie Henri Lachat. Bien que le modèle français soit, pour le moment, prôné, le Burkina Faso a déjà démontré de l’intérêt pour la version suisse de l’apprentissage. Beaucoup de pays nous copient. Moi, je veux faire le chemin inverse. Je veux exporter notre modèle.»

 

Un pays à l’épreuve de la menace terroriste

 

Pays francophone d’Afrique de l’Ouest, situé au sud du Mali et à l’ouest du Niger, le Burkina Faso vit, depuis quelques mois déjà, une situation critique. Longtemps épargné, le territoire est désormais soumis à la menace djihadiste.

Un attentat perpétré contre un restaurant fréquenté par les touristes étrangers a frappé Ouagadougou, la capitale, dimanche dernier, faisant 18 morts et presque autant de blessés. La dernière attaque en date d’une longue série.

La situation, instable -en particulier dans le nord du pays-, ne semble pas inquiéter outre mesure Henri Lachat. «Je n’ai pas du tout peur, tient à rassurer l’Yverdonnois. Cela ne veut pas dire que je prends la menace à la légère, mais j’ai une grande confiance en l’Etat et en sa volonté de combattre toute forme d’extrémisme. Je ne pense, d’ailleurs, pas que cette menace djihadiste soit un véritable mouvement de fond ici, au Burkina Faso.»