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Cristel Miocevic, la joueuse d’Yverdon au coeur en damier

20 août 2014

Football – A seulement 19 ans, l’arrière centrale de LNA a fait ses débuts sous les couleurs de son pays d’origine. De Bussigny à Zagreb, en passant par la Cité thermale, le début de sa carrière est riche en promesses d’avenir.

Le sourire communicatif de Cristel Miocevic illumine le Stade Municipal depuis maintenant deux ans.

Le sourire communicatif de Cristel Miocevic illumine le Stade Municipal depuis maintenant deux ans.

«J’ai envie de jouer à l’étranger et en Coupe d’Europe.» Les ambitions de Cristel Miocevic sont claires : elle vise haut, le très haut. Cela n’a rien de prétentieux, ses objectifs sont à la mesure de son talent. Culminant à 1m80, l’Helvético-Croate de Bussigny martyrise, avec plaisir, les attaquantes de LNA depuis deux ans à Yverdon Féminin. Une première sélection sous les couleurs de son pays d’origine est venue récompensé son travail, en octobre dernier. Une convocation précoce, mais méritée et qui n’est pas le fruit du hasard.

Tout a débuté à l’âge de 9 ans, quand elle a intégré une équipe à Renens. «Tout le monde, dans ma famille, jouait au football. Que ce soit mon père, mes cousins ou mes oncles. C’est donc naturellement que je me suis tournée vers le ballon rond. Mais je suis la première fille de la famille à y jouer», explique-t-elle. La Bussignolaise est surtout celle qui a le mieux réussi dans la discipline chez les Miocevic.

Leader naturelle

Son talent est repéré quelques années plus tard par Team Vaud féminin. Elle intègre les M13 et effectue toutes ses classes jusqu’aux M18, ces dernières étant basées à Yverdon. Elle s’impose dans toutes ces équipes comme une leader naturelle. Aidée par sa taille au-dessus de la moyenne et par son charisme, Cristel Miocevic réunit tous les ingrédients pour viser les sommets, à l’image d’une Caroline Abbé, vainqueur de la Coupe de Suisse avec Yverdon Féminin, aujourd’hui au Bayern Munich et capitaine de la Nati.

Une équipe de Suisse que la jeune binationale apprécie : «C’est une sélection très talentueuse que je rêvais de rejoindre, avoue-t-elle. Mais je ne regrette pas du tout de jouer pour la Croatie, bien au contraire.» Puis de poursuivre : «Évidemment, j’ai un temps été déçue que la Suisse ne m’ait jamais appelée, déjà en juniors, alors que des gens de la Fédération m’avaient dit qu’ils comptaient sur moi pour l’avenir. Aujourd’hui, je suis passée à autre chose et évoluer dans une équipe prometteuse me réjouit», assure-t-elle.

En effet, un samedi d’octobre 2013, les Vatreni jouaient un match des qualifications pour le Mondial face à la Slovaquie, à Sesvete, un district de Zagreb. A la 81e minute de jeu, c’est un moment historique pour les Miocevic : Cristel entre sur la pelouse pour représenter son pays d’origine. «C’est le meilleur moment de mon début de carrière. Pouvoir porter les couleurs du pays de mes parents, c’est quelque chose d’incroyable», dit-elle, avec son sourire.

Mis à part ses deux carrières, en club et en sélection, Cristel Miocevic va terminer son gymnase pour intégrer la Faculté des Hautes études commerciales de l’Université de Lausanne. «Les études passent avant tout. Sinon, qu’est-ce que je vais faire à 30 ans si je ne mise que sur le football ? A moins de jouer dans un très grand club, je ne peux pas vivre que du sport», dit-elle, avec maturité et lucidité.

La Suède ou la France

Cela ne l’empêche pas d’être ambitieuse et rêveuse sur le court et le long terme. Dans l’immédiat, viser le top 3 de LNA avec Yverdon Féminin ne semble pas utopique à ses yeux : «Il n’y a que Zurich qui semble intouchable.» Plus loin dans le futur, après avoir fini ses études, elle espère pouvoir jouer à l’étranger et vivre une expérience en Suède ou en France, puisque jouer dans un autre club suisse qu’Yverdon ne l’intéresse pas le moins du monde.

«Lyon et Rosengard (ndlr, anciennement Malmö) me font rêver. Notamment l’équipe suédoise, où évolue Doris Bacic, notre gardienne en sélection croate.» En attendant, Cristel Miocevic continue sa progression en tant qu’arrière centrale au Stade Municipal. Un poste qu’elle n’a pas toujours occupé. «A mon arrivée à Team Vaud, j’étais attaquante. Du fait de ma taille et de mon physique, on m’a ensuite descendue en défense.»

Un rôle qui lui sied à merveille et qui fait ressortir sa puissance lors de ses interventions rugueuses, mais toujours correctes. «Oui j’aime bien les tacles… Un peu comme Simunic (ndlr, un défenseur croate très, très dur)», dit-elle en rigolant.

Plus sérieusement, elle voit comme modèle le Parisien Thiago Silva : «Son calme et son sens du placement me fascinent.» Qui sait, finira-t-elle un jour championne de France, voire en Coupe d’Europe, comme le défenseur brésilien ?

Sandozan Kandasamy