Le Groupe Boas s’apprête à mettre à l’enquête son projet de rénovation du Centre thermal, devisé à 32 millions de francs.
Il aura fallu s’armer de patience, mais le projet de rénovation du Grand Hôtel et Centre thermal d’Yverdon-les-Bains va finalement de l’avant. Après les belles paroles proférées lors de la présentation du chantier en 2016, place aux mesures concrètes.
«Comme Monsieur Macron qui a dit qu’il construirait sa cathédrale en cinq ans, j’avais déclaré, en 2016, qu’on commencerait les travaux dans six mois. C’est vrai qu’il s’est passé trois ans et demi depuis, a avoué sans détour Bernard Russi, président-directeur du Groupe Boas, hier. C’est aujourd’hui, enfin, qu’on vous présente le projet que l’on va mettre à l’enquête durant ce mois de juin.» Et l’homme de lâcher, toujours avec franc-parler: «Moi je dis toujours la vérité. Il y a deux raisons pour expliquer ce retard. La première, c’est qu’Aquatis nous a pris beaucoup d’énergie. Et la deuxième, c’est le financement. On a dû optimiser le crédit avec le propriétaire (ndlr: Credit Suisse Real Estate Fund LivingPlus).»
Si l’objectif de remodeler le bâtiment et les bains intérieurs est toujours d’actualité, plusieurs points ont évolué depuis les premières discussions avec l’architecte. Tout d’abord, le prix. Il est passé de 23 millions à 32 millions de francs. «On a souvent des remarques de clients qui trouvent l’endroit magnifique, mais nos chambres un petit peu vieillottes. On a donc décidé d’investir quelques millions pour les refaire, tout comme les couloirs et les abords de la piscine de l’hôtel, poursuit Bernard Russi. On a aussi réussi à convaincre les investisseurs de réaliser directement les aménagements extérieurs. Ce qui évitera que les travaux ne durent sept à dix ans. Là, le chantier est prévu sur environ trois ans.» A noter que le complexe restera ouvert pendant les travaux.
Un voyage dans le temps
«Il y a trois ans, je vous parlais d’une rivière volante, mais c’était beaucoup trop coûteux et trop complexe à réaliser. J’ai beaucoup d’idées, mais il faut parfois les cadrer», sourit le PDG de Boas, qui a finalement préféré remonter entre 2000 et 5000 ans en arrière, afin de créer un village lacustre derrière les bassins extérieurs. Ce sera la première étape du projet. Dès la fin de l’année, si tout va bien, le public pourra se promener au milieu de maisons sur pilotis pour naviguer entre un sauna, un hammam et une salle de repos, ou simplement flâner autour d’un étang artificiel de quelques centimètres de profondeur. «On veut revenir aux valeurs d’antan, relève-t-il. On va faire ce village dans la forêt, mais sans toucher aux arbres. On veut être respectueux de l’environnement.»
Le gros du chantier concernera le Centre thermal. «L’objectif était de lui donner une nouvelle identité et de réorganiser les bâtiments qui ont plus de 35 ans, explique Jacques Richter, du bureau Richter Dahl Rocha & Associés architectes SA, qui ne mâche pas ses mots quand il parle du site actuel. C’est vrai qu’ils ont été réalisés durant une période qui, architecturalement, n’était pas très glorieuse. C’est une accumulation de quinze ans de projets différents, c’est du bricolage. Et quand on s’y promène, c’est has been.»
Le spécialiste, qui a rénové avec succès les bains de Saillon (VS), devait composer avec plusieurs contraintes: conserver les bassins extérieurs, le parking, et les sous-sols. Impossible, donc, d’agrandir le bâtiment, si ce n’est en remplaçant la toiture irrégulière par un toit plat. L’architecte a donc décidé de tout démolir, sauf quelques piliers, et de tout reconstruire.
De plus, il a dessiné un nouveau bâtiment de 960 m2, entièrement vitré, pour accueillir les clients de l’hôtel, des bains, et du restaurant qui sera installé face aux bassins. «Le but était que les bâtiments historiques n’entrent pas en conflit avec les nouveaux. C’est pourquoi il y a cette dalle qui s’insère de façon simple, discrète et élégante, tout en garantissant une luminosité.»
Davantage pour les familles
A l’heure actuelle, de nombreux éléments n’ont pas encore été définis, comme la façade du nouvel immeuble des bains ou encore les installations intérieures. Mais le PDG de Boas a déjà affirmé qu’il mettrait un point d’honneur à réaliser un coin pour les enfants sur deux étages, avec des toboggans. «A Saillon, l’arbre magique cartonne et les enfants veulent aller aux bains pour ça. Il faudra qu’on trouve une idée pour Yverdon-les-Bains, pas la même, mais quelque chose qui permettent aux jeunes de s’amuser sous la surveillance des parents et sans déranger les autres.»