Logo
Dans la cour des presque grands
Jean Morard (au centre) compte bien conserver précieusement le maillot de sa première avec l’équipe nationale suisse: «Il sera évidemment encadré au milieu du salon! Je devrais par contre en discuter avec ma copine», plaisantait-il.

Dans la cour des presque grands

10 février 2025 | Texte: Lucas Panchaud | Photo: Champi
Edition N°3888

L’équipe de Suisse a poursuivi sa découverte, difficile, du Championship face à l’Espagne, dimanche. Jean Morard, joueur du RC Yverdon, a pu goûter pour la première fois à l’équipe nationale, devant «son» public.

Après la cinglante défaite en Géorgie, une semaine auparavant pour son entrée en lice en Championship, l’équipe de Suisse avait l’opportunité de se relancer, dimanche, face à l’Espagne.

Sur la pelouse d’un Stade municipal presque entièrement acquis à sa cause, le XV à l’Edelweiss a démontré de bien meilleures choses, face à un adversaire, il faut le souligner, plus abordable sur le papier. Trop peu cependant pour  venir contester la victoire à des Espagnols qui s’étaient, eux, imposés lors de leur première rencontre, et ont validé avec cette victoire contre la Suisse leur billet pour la prochaine Coupe du monde.

Bousculés d’emblée, les Helvètes ont laissé trop d’espaces au Quince del Léon pour espérer davantage de ces retrouvailles avec leur public. Moins souverains que lors de leurs dernières campagnes en Trophy, dont ils ont été les lauréats lors des deux précédentes éditions, les protégés du sélectionneur Olivier Nier ont même fait preuve, par instants, d’une singulière naïveté.

Si le score final (13-43) s’avère particulièrement flatteur pour les Ibères, il met surtout en évidence le chemin qu’il reste à parcourir aux Suisses pour parvenir à s’adapter à cet échelon. Malgré ce nouveau revers, d’autres éléments bien plus réjouissants sont venus éclaircir la journée de l’équipe nationale.

La première sélection – et titularisation! – de Jean Morard, joueur du RC Yverdon, a fait partie des grandes satisfactions de la journée. C’est avec des étoiles plein les yeux que le numéro 13 a vécu son baptême sous la tunique rouge et blanche: «C’était vraiment extraordinaire, de ressentir cette atmosphère ici en Suisse et de pouvoir en être acteur. Chanter l’hymne national pour la première fois, devant ma famille et mes amis assis dans les gradins, c’était quelque chose de vraiment incroyable.»

D’autant que le téléphone du Veveysan a sonné de façon totalement impromptue, au lendemain du déplacement du XV à L’Edelweiss à Tbilissi: «Je n’étais pas dans le groupe pour le premier match, j’ai été appelé lundi soir. Pour être honnête, je ne m’attendais même pas à être convoqué et je me retrouve titulaire, à jouer les 80 minutes, ici, à Yverdon. C’est presque comme un rêve. J’en ai vraiment pris conscience en entrant sur le terrain.»

Un souvenir qui restera gravé dans sa mémoire, ainsi que dans sa chair,  lui qui s’est fait quelque peu chahuter dès l’entame de la rencontre.

«Je me suis recassé le nez sur la première action; cela dit, ça reste mieux ça que de se faire un genou», relativisait celui qui évolue également du côté des Switzers de Genève, en rugby à sept.

Quant à sa participation pour la dernière ronde de Championship que disputera la Suisse, samedi prochain à Amsterdam, Jean Morard demeure lucide: «Ce sera le choix du coach. Pour ma part, je croise les doigts. Je crois que ma performance d’aujourd’hui était assez satisfaisante, même s’il y a évidemment quelques réglages à effectuer. On verra bien.»

Dans cette catégorie de jeu qu’elle découvre encore, et où les nations affrontées ont une autre dimension, pour l’équipe de Suisse l’apprentissage s’avère plutôt rude. Un passage nécessaire, toutefois, si elle compte, elle aussi, un jour, faire partie des toutes  grandes nations de l’Ovalie.