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De Gutenberg à la Speedmaster de Heidelberg
Yverdon, 9 août 2019. Cornaz impressions et emballages SA, Eric Morleo. © Michel Duperrex

De Gutenberg à la Speedmaster de Heidelberg

23 août 2019 | Edition N°2566

Yverdon-les-Bains – En cent ans, l’imprimerie Cornaz a connu de multiples évolutions techniques et logistiques. Pour célébrer son anniversaire, elle revient sur les étapes clés de son histoire.

Avec l’arrivée d’une imposante presse ultramoderne, Cornaz impressions et emballages SA a passé un cap: elle a diversifié ses activités en se lançant dans la fabrication de cartons et étuis sur-mesure. © Michel Duperrex

De la vieille presse de Gutenberg des années 1450, il ne reste plus grand chose. Le plastique a remplacé le bois et les tâches ingrates ont été robotisées. En revanche, les imposantes machines sont restées au cœur de l’activité de l’imprimerie Cornaz, à Yverdon-les-Bains, qui célébrera son 100e anniversaire le 7 septembre. «On dit souvent que tout se miniaturise de plus en plus, mais j’ai le sentiment que ce n’est pas vrai dans notre domaine, sourit le directeur de la société, Eric Morleo. Quand on a inauguré le bâtiment en 2011, on avait une place incroyable. À l’époque, je disais qu’on pouvait organiser des bals le week-end! Mais aujourd’hui, on doit plutôt slalomer entre le matériel.»

Désormais, la reine de l’entreprise se prénomme Speedmaster. À elle seule, elle peut préparer un négatif sur une plaque, calibrer l’impression, analyser la qualité des couleurs, etc. À ses côtés, deux autres monstres: une autoplatine qui découpe, gaufre et réalise des dorures sur papier, ainsi qu’une plieuse-colleuse.

Avec l’arrivée de ce trio mécanisé entre fin 2017 et août 2018, l’imprimerie Cornaz a pris un virage radical dans le domaine des emballages. «Je voyais que le chiffre d’affaires s’érodait et que si on continuait, ça ne pourrait pas aller bien. J’ai donc recherché une solution», confie Eric Morleo, qui dénonce les prix cassés des impressions et des transports établis par des sociétés d’Europe de l’Est, qui bénéficient en outre d’aides financières pour acquérir des machines modernes.

Trois millions investis pour sauver l’imprimerie

«C’est dans une foire en Allemagne que j’ai découvert le monde du cartonnage et le marché gigantesque qu’il représente.» L’homme a donc pris le risque d’investir trois millions dans cette filière et d’embaucher deux personnes. Depuis l’an dernier, l’entreprise a la capacité de fabriquer des cartons de toutes tailles et formes, ainsi que des boîtes pour l’industrie alimentaire, notamment. Ce tournant a été officialisé par un changement de raison sociale et de logo. Il s’agit aujourd’hui de Cornaz impressions et emballages SA. «Mon but était de garder un maximum de savoir à l’interne pour des questions de qualité et de confidentialité, et surtout pour conserver la maîtrise totale du procédé», explique Eric Morleo.

Si le personnel a pris la chose avec philosophie, le directeur, lui, n’était pas très sûr de son choix: «Je ne savais pas si j’avais investi dans le bon secteur ou si j’allais couler la boîte. C’était un énorme risque financier et organisationnel. Le pire, c’était qu’il m’était impossible de le savoir avant d’avoir engagé du personnel et accepté les premiers mandats. Cela ne fait que six mois que j’ai ma réponse: oui, c’était clairement la bonne option.»

Mais le Valaisan d’origine se rend compte qu’il ne pourra pas s’attaquer à tous les domaines, des usines étrangères étant plus compétitives. «On est resté dans une matière proche du papier qu’on connaît: le carton. On n’a pas voulu faire du plastique», indique le directeur. Qui souligne: «Les sites qui proposent des produits bon marché n’offrent que du standard et, en plus, ils n’acceptent aucune réclamation qui touche à la colorimétrie, alors que c’est la base de notre métier. Nous, on propose un service sur-mesure et un conseil d’experts et ce n’est pas du pipeau car si un client appelle, on essaie de le voir dans la demi-heure.»

Christelle Maillard