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De Rances à Sion, les retrouvailles de deux gauchers de génie

3 février 2012

Football – Super League – Passé du FC Zurich au FC Sion, Xavier Margairaz a rejoint son ami d’enfance Arnaud Bühler. A l’heure de la reprise du championnat, dimanche à Bâle pour les Sédunois, les deux compères se sont rappelés aux bons souvenirs de leur passé commun.

Xavier Margairaz (à g.) et Arnaud Bühler samedi dernier à Chamblon, sous les couleurs du FC Sion!

Ils formaient le redouté duo d’attaque du FC Rances il y a plus de quinze ans, en juniors D. Les deux gauchers de génie font désormais la paire au FC Sion, depuis que Xavier Margairaz, 28 ans, a rejoint Arnaud Bühler, 27 ans, dans le Valais, il y a quelques jours.

Alors, bien sûr, avec le temps, les choses ont changé. Arrivé en 2006 à Sion, Arnaud Bühler est désormais latéral gauche. Surtout, il est le Vaudois qui est devenu capitaine des Valaisans. Xavier Margairaz est lui un créateur. Les deux n’avaient pas eu l’occasion de garder beaucoup de contacts ces dernières années, bien moins que par le passé, chacun ayant sa vie de famille. Mais, forcément, à l’heure de choisir sa destination, Xavier, le gamin de Valeyres-sous-Rances, n’a pas manqué d’appeler son copain de Baulmes.

«Quand Xavier nous a rejoint en Tunisie, en camp d’entraînement, on a passé beaucoup de temps ensemble à discuter. Comme à la belle époque», glisse Arnaud Bühler, un regard vers son nouveau coéquipier. Une complicité qui s’est déjà traduite un peu sur le terrain en Tunisie. «J’ai joué souvent dans sa zone, on s’est bien entendus», relève «Xavi». «Y a des trucs qui restent», poursuit son homologue.

Les heures à taper le ballon ensemble, ils ne les comptent plus. Ils font partie d’une génération dorée. «Il y avait les frères Zéni, les frères Cottens et les frères Margairaz, se souvient Xavier. On jouait tout le temps, avant de prendre le bus, le soir en rentrant, pendant la récréation. Et parfois ceux de Baulmes descendaient à Rances ou nous, on montait à Baulmes.»

Génération dorée

Un an plus jeune que Xavier, Arnaud jouait surtout avec Nicola Zari. De cette génération, il y a aussi Hugo Pereira qui a touché à la Ligue nationale. Le FC Rances avait une équipe de feu! «On gagnait tout!», lance Xavier. «Et il y avait les derbies contre Montcherand», met en exergue Arnaud Bühler. Le FC Montcherand d’un certain Fabio Grosso…

Les deux Nord-Vaudois se rappellent aussi de leurs épopées internationales, des tournois avec une sélection des meilleurs jeunes de la région. «On prenait des secouées, on dormait chez l’habitant.» On comprend mieux, à l’évocation de ces souvenirs, la passion qui les a toujours animé pour le ballon rond. «On ne pensait qu’à s’amuser», assure Xavier.

Bien que décalés d’une années, les parcours de l’un et l’autre ont suivi la même trajectoire jusqu’à la faillite du Lausanne-Sports en 2003. En C inter à Yverdon, puis en M15, toujours dans le Nord vaudois, et enfin à Lausanne. «Il manquait une catégorie entre les M15 et les espoirs à Yverdon», explique Anaud. «Il y avait une super formation à Yverdon, ajoute Xavier. Ensuite on a bénéficié de l’excellent centre de formation de Lausanne.»

A la Pontaise, Xavier a touché à la LNA durant une année, avant que le LS ne soit rétrogradé en LNB, n’ayant pas obtenu sa licence. Arnaud a fait ses débuts chez les adultes lors de cette saison de LNB, ponctuée par une faillite. C’est à cet instant que leurs chemins se sont séparés: Xavier s’est rendu à Neuchâtel Xamax et Arnaud a décroché un contrat avec Liverpool, en étant cédé à Aarau. «On a encore joué quelques fois ensemble avec l’équipe suisse M21», souligne Xavier.

Depuis l’époque où tous les deux «comptaient les goals» et «pleuraient de rage à chaque défaite» lorsqu’ils jouaient à Rances, les deux ont réalisé un sacré parcours chacun de leur côté. Aujourd’hui, c’est à nouveau ensemble qu’ils vont écrire les prochaines pages de leurs carrières, de leur histoire.

L’option philo-psycho

En signant pour trois saisons et demie au FC Sion, où il reste deux ans et demi de contrat à Arnaud Bühler, Xavier Margairaz a fait le choix de la raison, mais également un choix philosophique. «C’est l’équipe qui joue le mieux au foot en Suisse. Ça me rappelle l’école de Lucien Favre», affirme le créateur nord-vaudois.

Voilà quelques temps qu’il était courtisé par Christian Constantin. La conclusion d’un accord lui permet aussi de se rapprocher un peu de son canton natal, de ses amis. La sanction de 36 points infligées au club valaisan n’a donc pas retenu Xavier Margairaz: «J’ai regardé à moyen terme, pas simplement l’immédiat. Et je pense encore qu’il est possible qu’on récupère quelques points.»

Mais quelles sont alors les ambitions du FC Sion cette saison? «Elles seront définies en fonction de la décision définitive à propos de ces 36 points. Soit on part chasser Bâle pour le titre, soit Lausanne», explique Arnaud Bühler, qui souligne que dans le vestiaire, quelque soit la décision, «c’est le classement avec tous nos points qui sera affiché». Pour l’effet psychologique.

Les Sédunois ont dû avaler la disqualification de l’Europe League. «C’était frustrant, mais les joueurs, on est conscients de ce qu’on a réalisé, poursuit Arnaud Bühler. On a fait notre job, au club de faire le sien.» Puis reste la Coupe…

 

Manuel Gremion