«Derrière les nuages, brille toujours le soleil»
15 mai 2025 | Maude BenoitEdition N°La Région Hebdo No 11
Dans quelques mois, la Grandsonnoise Julia Haas va relever un défi hors-norme. Courir sur 170 kilomètres dans le désert de sel de Bolivie. Le tout, dans le cadre de l’association Inifinite Run.
Courir pendant quatre jours dans le Salar d’Uyuni, en Bolivie, le plus grand désert de sel du monde, à raison de 42 kilomètres par jour, le tout à 3600 mètres d’altitude et en totale autonomie: c’est le défi fou que s’est lancé la Grandsonnoise de 46 ans, Julia Haas. Et cette course, elle ne va pas la vivre seule. Depuis septembre 2024, elle s’entraîne avec son coach valaisan Sacha Rhoner, qui l’accompagnera dans son périple. Président de l’association Infinite Run, dans le cadre de laquelle est organisée cette traversée du désert non tracée, il a lui-même déjà participé à des défis similaires, comme l’émission de la RTS Un Marathon Sans Fin et le Marathon des Sables (250 kilomètres dans le désert).
Depuis septembre 2024, toute l’aventure est filmée, des entraînements à la course finale. Le tout est posté sur la chaîne YouTube de l’association. À trois mois du grand départ, Julia Haas parle de sa préparation, de ses doutes et de ses espoirs.
Julia Haas, pourquoi vous lancer dans ce défi?
Quand j’ai eu 45 ans, je me suis rendu compte que je n’avais jamais vraiment pensé à moi. J’ai toujours été derrière ma famille, derrière mes enfants. Quand j’ai vu l’annonce pour Infinite Run, ça m’a tout de suite parlé, j’avais envie de participer et de faire enfin quelque chose uniquement pour moi.
Comment avez-vous rencontré votre coach Sacha Rhoner?
L’association Courir pour la vie, dont je fais partie, a organisé plusieurs courses qui reliaient Yverdon-les-Bains au Chasseron. Le but était de récolter des fonds pour financer la recherche sur la sclérose en plaques, une maladie dont je suis atteinte depuis mes 25 ans. Pour chaque édition, l’association avait pour habitude de choisir un parrain ou une marraine, dont le parcours démontre qu’il est possible de réaliser plein de choses, même en situation de handicap. Sacha Rhoner, lui-même atteint de sclérose en plaques, était le parrain de l’une des éditions.
Et Infinite Run dans tout ça?
C’est l’association que Sacha Rhoner a créée après son aventure avec la RTS. Cette expérience l’a inspiré pour créer une association, dans le but d’aider et motiver des personnes à relever des défis sportifs. Après le Marathon des Sables, le prochain projet de l’association est cette course en Bolivie. Au départ, nous étions quatre: deux coaches et deux coureurs. Mais le deuxième coach et cofondateur de l’association, ainsi que l’autre participant qui vivait un burn-out, ont dû abandonner en cours de route. Aujourd’hui, nous ne sommes donc plus que deux.
En plus d’Infinite Run, y a-t-il une cause mise en avant?
Oui, et j’ai pu la choisir. Sacha Rhoner m’a demandé si j’avais une cause que je voulais défendre. J’ai repensé à deux articles parus dans votre journal qui parlaient de Romain Bossy et de son parcours. Ce jeune de 16 ans est atteint d’amyotrophie spinale de type 2, une maladie orpheline. À cause de sa maladie, et sans prendre en compte le fait qu’il peut utiliser ses mains, l’Office de l’assurance-invalidité a jugé qu’il n’était pas apte à recevoir une formation professionnelle. Son histoire m’a beaucoup touchée. Ainsi, notre course va mettre en lumière son combat, et les dons récoltés iront en sa faveur.
Pourquoi ne pas avoir choisi de donner de la visibilité à la sclérose en plaques?
Je l’ai fait avec l’association Courir pour la vie. D’ailleurs, même si depuis le Covid nous n’organisons plus la course Yverdon-Chasseron, nous avons encore des fonds qui sont reversés à une association différente à chaque fois que l’un des membres participe à un défi. De plus, au travers de notre parcours à Sacha Rhoner et moi, le sujet de la sclérose en plaques sera évidemment abordé.
Avez-vous rencontré des difficultés?
Oh oui, beaucoup. Mon histoire personnelle, ainsi que ces deux abandons en cours de route m’ont beaucoup affectée. Et il y a le risque de se blesser avant et pendant la course qui me fait peur. De plus, nous cherchons encore des financements et des sponsors pour nous aider dans ce projet. Car, en plus de l’équipement, nous allons filmer l’aventure pour en faire un documentaire. Cela demande pas mal de préparation et de moyens.
Un dernier mot?
Je pense sincèrement que, derrière les nuages, brille toujours le soleil. Malgré les difficultés de la vie, on peut toujours se raccrocher à quelque chose et avancer. Il faut toujours y croire.