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Des aboiements de plaisir dans le froid de l’hiver

17 février 2012

Sports canins – Les Championnats d’Europe de chiens de traîneaux ont lieu dès aujourd’hui aux Fourgs, en France voisine. Rencontre avec Jean-Pierre Valceschini, de Concise, qui compte parmi les organisateurs de l’événement et voue une passion sans borne à ses huskies sibériens.

Alors que Jean-Pierre Valceschini chouchoute l’un de ses huit chiens, les autres rivalisent d’excitation... et de curiosité!

Il faut les entendre aboyer. Certains multiplient les petits cris secs, quand d’autres, truffe pointée vers le ciel, pourraient participer au bruitage de films de loups-garous. Tous se confondent en une excitation mouvementée, doublée d’une impatience absolue. Soudain, c’est parti. Les chiens se taisent, laissant place au bruit délicat du traîneau traçant la neige et à celui de la voix du musher, désormais seul à se faire entendre.

Les attelages de chiens ne laissent personne indifférent. A leur passage, ils impriment un sourire et un certain émerveillement sur tous les visages, ou presque. Les curieux seront donc probablement nombreux à se rendre aux Fourgs, en France voisine, pour assister aux Championnats d’Europe de chiens de traîneaux, qui se tiennent dès aujourd’hui et jusqu’à dimanche.

Le Team Ski-Jöring Nord vaudois et la Société des Belles Rives de Concise participent à l’organisation de cet événement, qui se déroule à deux pas du Nord vaudois. Il faut dire que les passionnés de sports canins sont nombreux dans la région, à l’instar de Jean-Pierre Valceschini, 66 ans, qui, voilà quelques années, menait un des trois meilleurs grands attelages -composés d’entre dix et douze chiens!- au monde.

Du plaisir

Les huit huskies sibériens qu’il possède aujourd’hui enchaînent les foulées avec un plaisir évident. Ils pourraient continuer longtemps comme ça. «Les chiens de cette race savent gérer leur effort, explique le citoyen de Concise. Ce ne sont pas les plus rapides, mais ils tiennent la distance.» A l’inverse des braques, par exemple, grands, élancés, taillés pour le sprint.

Il connaît chacun des membres de son attelage parfaitement. Celui-ci a de petits problèmes cardiaques et doit être ménagé, même s’il n’en laisse rien transparaître aux yeux du profane. Celle-ci est la cheffe de la meute, «sauf en la présence de mon amie, de son fils ou de moi-même», explique Jean-Pierre Valceschini, dont la passion s’est répandue à tout son noyau famillial. Comment aurait-il pu en être autrement? Il a possédé jusqu’à quatorze de ces attendrissantes boules de poils et il n’est pas de cohabitation sans un certain amour.

Lorsqu’on lui demande si ses chiens sont gentils, il répond sobrement qu’ils sont, comme tous leurs semblables, «comme on les éduque». Lui, il aura tout fait pour qu’ils «aient la plus belle vie possible». Comprenez que ce grand sportif dans l’âme (il a pratiqué le ski de fond, le marathon, le hockey, le football, la boule lyonnaise, le tir sportif et toutes sortes de disciplines canines) n’a jamais privé ses fidèles toutous d’exercice. Pour leur plus grand bonheur. «S’ils aiment courir, comme ça, en attelage? Ils en sont fous!», sourit le musher.

Pour son premier hiver à la retraite, il a levé un peu le pied, sa condition physique n’étant plus tout à fait aussi affûtée. Il y a une année encore, il était chaque week-end en traîneau, profitant sans répit des nombreuses courses organisées à travers le pays pour assouvir son appétit de compétition, mais aussi pour partager des moments chaleureux avec les autres mushers, tous de véritables mordus, comme lui.

Quand on aime…

Car on ne pratique pas cette activité à la légère. «Jusqu’à l’hiver dernier, mon budget annuel était de 22 000 francs, entre les déplacements, les frais de vétérinaire, la nourriture, tout, explique-t-il. On ne peut faire ça que par une passion sans limite, quand on sait qu’en gagnant un championnat international, on remporte parfois un sac de croquettes qui nous aurait coûté cinquante francs…»

Lionel Pittet