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Des comptes qui remontent la pente
Yverdon n’arrive pas à attirer de généreux contribuables.

Des comptes qui remontent la pente

1 avril 2025 | Textes: Jérôme Christen | Photos: Michel Duperrex-A
Edition N°3920

La commune d’Yverdon boucle ses comptes avec une marge d’autofinancement qui permet un excédent de financement des investissements, grâce à une maîtrise des charges et à des recettes fiscales en hausse. La vigilance est toutefois de mise en raison des perspectives sombres sur les finances cantonales qui pourraient se reporter sur les communes.

«Les comptes 2024 de la commune d’Yverdon-les-Bains vont faire des envieux», n’a pas manqué de relever le syndic Pierre Dessemontet (photo ci-contre), même s’il a présenté hier matin ce résultat positif avec modestie et prudence. Dans sa communication la Municipalité relève que ces bons résultats s’inscrivent «dans un contexte inflationniste et de lente reprise de croissance économique».

La marge d’autofinancement – soit un bénéfice avant amortissements de 18,8 millions – dépasse les investissements nets de 2,3 millions.  Si la dette brute passe de 302 millions en 2023 à 312 millions à la fin 2024, c’est uniquement parce que la Municipalité s’est empressée de contracter à la fin de l’an dernier  des emprunts à un moment où le taux était très avantageux (à 1,3 et 1,4 %) pour rembourser d’autres emprunts moins favorables. A ce jour, la dette est revenue à son niveau de 2023 et dans les faits, la dette nette a même baissé, après l’augmentation fulgurante de 18 millions en 2023.

Vitalité économique

Les facteurs sont bien sûr multiples. L’argument de la maîtrise des charges – qui sont tout de même en progression constante depuis au moins dix ans – reste subjectif. Il y a plutôt lieu de parler de maîtrise budgétaire. Fait objectif par contre, les recettes fiscales sont en hausse: les recettes sur les personnes morales (+1,2 million) et les impôts conjoncturels (+1,6 million). «Cela témoigne, selon le syndic Pierre Dessemontet, de la vitalité économique d’Yverdon-les-Bains malgré tout ce qu’on veut bien dire.»

Objectifs atteints

Les objectifs que s’était fixés la Municipalité sont atteints. Selon le syndic «elle ne voulait pas dépasser les 7 millions de déficit et celui-ci atteint 3,8 millions. Elle voulait une marge d’autofinancement d’au moins 16 millions et elle pointe à 18,8 millions.»

Impôt sur les personnes physiques en baisse

Tout n’est pourtant pas si rose et le syndic n’a pas caché sa préoccupation face à une baisse de l’impôt sur les personnes physiques d’environ un million: «C’est le niveau le plus bas depuis dix ans, nous sommes en dessous du résultat de 2015,  bien que ce soit une préoccupation constante de notre action politique. Cela doit nous interroger sur nos politiques futures.»

Investissements à hiérarchiser

Pierre Dessemontet a également souligné qu’un grand défi attendait la Municipalité cette année: une projection plus réaliste des investissements. Le plafond d’endettement a été fixé à 423 millions et dans les faits, il ne dépassera pas les 375 millions à la fin de la législature, y compris les cautionnements. Si tous les investissements étaient réalisés, selon la planification financière 2025-2030, le niveau d’endettement atteindrait 580 millions en 2030. Même si l’on sait que dans la pratique, la réalité ne correspond jamais à cette planification, le syndic a relevé qu’une hiérarchisation était indispensable, tant pour des raisons financières que de capacité de réalisation.


A la pointe

Les comptes 2024 clôturent pour la première fois avec MCH2, le nouveau modèle comptable harmonisé de 2e génération. Compte tenu de la charge de travail que cette nouveauté représentait, la Municipalité d’Yverdon avait planifié la présentation de ses comptes pour fin avril, mais le Service des finances a réussi le tour de force de les présenter à la date habituelle. Yverdon est la première commune vaudoise d’importance à présenter ses comptes avec cette présentation plus transparente. Ce qui a valu à Fabrice Weber, le chef du Service des finances, et son équipe les remerciements appuyés du syndic Pierre Dessemontet.


L’œil de l’Etat

La Municipalité émet quelques critiques sur le projet de nouvelle loi sur les communes qui «ambitionne de les placer sous une forme de contrôle financier beaucoup plus strict que celui qui prévaut aujourd’hui». Le syndic y voit une mise sous surveillance étatique: «Au moment où l’État pourrait être tenté de reporter une partie de ses charges sur les communes, ces dernières pourraient se voir largement empêchées d’y faire face par des règles nouvelles émanant de ce même État.»


Trop de dépenses

Le PLR a réagi à cette publication en relevant «que la situation est moins dramatique que prévu grâce à des événements qui ne dépendent pas de la Municipalité». Il déplore «que les comptes se détériorent chaque année, principalement en raison de la politique de croissance excessive du nombre d’employés et dénoncent une autosatisfaction». En conclusion, il réclame des mesures pour «réduire les effectifs et améliorer l’efficience de l’administration communale.»


Vaud inquiète

L’état de détérioration des finances cantonales inquiète également la Ville. Le syndic fait référence à des expériences passées et dit craindre que cette dégradation vienne impacter significativement l’équilibre financier des communes via des reports de charges, le risque de suspension des financements annoncés notamment dans le domaine de la péréquation et/ou du sport.