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Des coûts de restauration opaques

25 novembre 2009

L’Eglise Saint-Jean-Baptiste est magnifique, mais la gestion des dix millions prévus pour sa restauration a attiré l’attention de la Cour des comptes.

L’Eglise Saint-Jean-Baptiste est de toute beauté.

L’Eglise Saint-Jean-Baptiste est de toute beauté.

«En tant que syndic de Grandson, je peux affirmer que je trouve cette église magnifique, notamment après ses travaux de restauration par l’Etat! En tant que député et citoyen, je me dois pourtant d’être un peu plus critique.» François Payot a une double fonction, laquelle lui a notamment permis, en tant que député au Grand Conseil, de faire partie d’une commission chargée d’accorder un deuxième crédit pour la rénovation de l’Eglise Saint-Jean-Baptiste. Les travaux de rénovation du superbe édifice ont eu lieu de 1999 à 2006, soit quatorze mois de plus que prévu, et font actuellement l’objet d’une polémique quant à la gestion de leur financement, qui a totalisé à 10 millions de francs.
La Cour des comptes, pour sa deuxième année d’existence, s’est en effet penchée sur la gestion des travaux de restauration des monuments historiques du Canton de Vaud au moyen d’un audit rendu public hier.

Les deux sites choisis pour illustrer les dysfonctionnements étatiques? La Cathédrale de Lausanne et son chantier permanent, mais aussi, donc, les travaux de rénovation de l’Eglise Saint-Jean-Baptiste. Si personne ne conteste la qualité du travail effectué, que ce soit à Lausanne ou à Grandson, un manque d’efficience apparaît au grand jour à la lecture des 75 pages du rapport, comme le souligne Anne-Weill Lévy, membre de la Cour: «L’argent du contribuable doit être distribué de manière efficiente! Dans le cas de cet audit, nous avons constaté des défauts d’efficience, que ce soit dans les appels d’offres ou dans le suivi des chantiers. Nous avons également constaté que les grands chantiers sont l’apanage d’un nombre restreint de mandataires.»

Dans le cas précis de Grandson, il apparaît notamment que l’avis de soumission quant au choix du restaurateur était fixé à 550 000 francs. Deux offres ont été transmises par des consortiums. L’une pour un montant de 543 000 francs, l’autre pour un montant de près d’1,2 million. L’offre retenue? La deuxième! La Cour estime ainsi qu’il est «pour le moins étonnant que le maître d’ouvrage ait écarté la première offre, au motif qu’elle présentait plus de risques que celle qui a été retenue» et se déclare «surprise de lire» que le SIPAL a rédigé une note à l’attention du chef du département le 12 février 2007, précisant que la différence entre les deux offres n’est que de 1,1%… alors même que les offres précitées présentent une différence de 295%! Des manquements à corriger et des problèmes d’efficience à régler? Tel est l’avis de la Cour des comptes.

Timothée Guillemin