Nord vaudois – En cette période de fauche dans les champs, les petits cervidés paient un lourd tribut. Une fondation a été créée pour les sauver.
«L’année dernière, nous avons réussi à sauver 254 faons dans 446 prairies réparties sur l’ensemble du canton. Cela ne représente qu’un petit pourcentage du nombre de parcelles survolées. On imagine bien la quantité d’animaux qui se font broyer par les machines», dévoile tristement Boris Bron de Cronay, membre fondateur et vice-président de la toute nouvelle Fondation sauvetage faons Vaud.
Depuis quelques années, Boris Bron, pilote d’avion, de modèles réduits, de drones, et photographe, se mobilise pour tenter de diminuer ce massacre printanier. Car les petits cervidés sont éduqués de manière à ne pas bouger à l’approche d’un danger. Ils n’ont que très peu d’odeur et évitent, ainsi, de se faire repérer par leurs prédateurs. Mais face à une faucheuse, ce comportement est mortel.
Les sociétés de chasse ont, depuis très longtemps, tenté de contrer cette hécatombe en sillonnant à pied, avec leurs chiens, les champs avant toute fauche. Mais les résultats n’étaient pas à la hauteur de leurs espérances. Pour tracer un champ de dix hectares, il fallait sept personnes avec leur chien et une matinée entière. Outre le temps que cela prenait, ils passaient fréquemment à côté d’un jeune sans le voir ou le sentir. «Avec nos drones équipés de caméra thermique, nous survolons les champs de manière très serrée. Nous obtenons des résultats qui ne laissent aucune place au hasard», relève le pilote.
Une fondation plutôt qu’une association
Encore faut-il, avant cela, que les agriculteurs jouent le jeu. «Nous devons être avertis au minimum la veille. Ainsi, nous pouvons intervenir entre 3 heures et 9 heures le matin, avant la fauche. Car un delta thermique est indispensable pour que nos caméras captent l’animal. Nos interventions sont gratuites.» Dès que la bête a été repérée, un à trois bénévoles se rendent sur place et posent une caisse munie d’un drapeau sur le faon. «Nous évitons de le toucher, car la mère pourrait alors l’abandonner. Et si nous le déplacions en bordure de champ, il serait du coup très vulnérable. Enfin, rien ne nous permet de croire que la mère ne viendrait pas le remettre au milieu du champ entre notre passage et celui de la faucheuse.»
Au début du mois, Boris Bron a créé une fondation avec Raymond Bourguignon, membre de la Diana Nyon, Stéphane Teuscher, de la direction de Prométerre, Grégory Favaro, président de la Diana d’Orbe et habitant d’Arnex-sur-Orbe, ainsi qu’Yves Mégroz, membre du comité cantonal de la Diana vaudoise. Pourquoi une telle structure? Parce que cela leur permet de prendre des décisions très rapidement, sans avoir à faire voter une centaine de membres. «Si j’ai rejoint cette fondation, c’est parce que les chasseurs se mobilisent pour ces sauvetages depuis longtemps, souligne Boris Bron, qui a été nommé vice-président de la fondation, la présidence étant attribuée à Raymond Bourguignon. à ce titre, ils bénéficient de subventions de l’ensemble des Diana. À terme, nous souhaiterions une aide du Canton. Un drone équipé d’une caméra thermique coûte 9000 francs et nous en avons dix! Je ne suis pas chasseur, mais dans ce contexte précis, je suis d’accord de les aider.»
à chaque alerte, au moins un pilote et deux accompagnants sont mobilisés, en fonction de la grandeur du champ. Et de mai à fin juin, tous sont prêts à intervenir sur appel du responsable de l’une des six régions du canton, soit le plateau, la Broye, les Alpes, La Côte, le Jura vaudois et la vallée de Joux. «Avec nos effectifs, nous sommes en mesure de répondre à au moins 500 appels, se réjouit Boris Bron, et de sauver ainsi deux fois plus de faons que l’année dernière.»