Des horaires qui fâchent dans les CMS
6 janvier 2016Nord vaudois – La réorganisation envisagée par la direction a été accueillie avec stupeur et colère par le personnel infirmier d’appoint des centres médico-sociaux de la région.
Une annonce faite, dernièrement, par la direction des CMS Nord Vaudois a eu l’effet d’un séisme au sein de leur pool d’appoint. La cause du malaise? La nouvelle organisation à laquelle cette équipe, dont le rôle est d’assurer la continuité des soins en dehors des heures d’ouverture des centres médico-sociaux, va devoir se soumettre. «Nous avons le choix de travailler soit uniquement la nuit, soit seulement le soir et tous les week-ends de l’année, sauf les deux dimanches de congé mensuels prévus par la loi, soit d’effectuer des remplacements, de jour comme de nuit», indique une membre du groupe.
Un découpage horaire jugé incompatible avec le profil de la quarantaine de collaborateurs du pool, où le temps partiel et le travail à l’heure sont la règle. «Beaucoup d’entre nous ont d’autres activités en parallèle. Il y a aussi des mères d’enfants en bas âge. La souplesse dans l’organisation, qui existait jusqu’à maintenant, nous arrangeait. Une infirmière assistante s’occupait de la planification en fonction de nos disponibilités», déclare la même collaboratrice du pool.
Une collègue abonde dans son sens. Son engagement au service des CMS régionaux lui permet de privilégier sa vie privée, après avoir essuyé les contraintes d’un poste à haut degré de responsabilités.
Une troisième membre de l’équipe explique, quant à elle, que le fait de devoir répondre présent tous les samedis ne serait pas pensable au regard des activités sportives que pratiquent ses enfants ce jour-là.
«Les soins effectués le soir et le week-end ne sont pas les mêmes que ceux prodigués la semaine. La nouvelle organisation nous priverait d’une telle diversité», ajoute la mère de famille.
La forme critiquée
Au-delà de ces considérations, la manière de présenter le changement est fustigée. «La décision a été annoncée début décembre. Il nous a été demandé de choisir entre les différentes options à brève échéance, sans avoir beaucoup de temps pour nous concerter avant les Fêtes de fin d’année, commente l’une des infirmières d’appoint. Et d’ajouter: J’ai le sentiment que nous avons été considérés comme des robots destinés à produire des soins, sans que notre existence en tant que personnes soit prise en compte. C’est pour moi un manque de respect.»
Sa collègue regrette, elle aussi, d’avoir été mise devant le fait accompli. «On a l’impression que tout a été fait dans la précipitation, sans véritable réflexion en amont», relève-t-elle.
Les membres du pool se sont réunis, hier soir avec la commission du personnel. «Nous allons soumettre un autre schéma d’horaires et une liste de questions à la direction. Il ne s’agit pas de chantage. Nous souhaitons qu’un dialogue se mette en place», précise la troisième personne interrogée.
«Si le changement a lieu comme annoncé, une partie de l’équipe risque de partir. C’est dommage, car il s’agit de personnes du cru, avec un vécu, et dont le savoir-faire et le savoir-être sont appréciés des personnes âgées, les principales bénéficiaires des soins à domicile des CMS», conclut l’une des «poolistes».
«Il s’agit d’une amélioration dans la couverture en matière de santé dans le Nord vaudois»
Yvon Jeanbourquin, directeur de l’Association pour la promotion de la santé et le maintien à domicile (ASPMAD) du Nord vaudois, explique que la réorganisation du pool d’appoint des CMS répond à un besoin. «Les établissements médico-sociaux ont mille peines à trouver des personnes pour assurer un piquet durant la nuit. Nous allons donc garantir, par le biais de notre équipe mobile, une présence nocturne dans les cinq EMS de la Fondation Saphir. Le but est aussi de désengorger les urgences des hôpitaux avec une présence des soins à domicile dans leurs locaux, à Yverdon. A terme, les infirmières de nuit des CMS pourraient également être mises à disposition du médecin de garde. Il s’agit d’une amélioration de la couverture de santé dans le Nord vaudois», déclare le directeur de l’ASPMAD.
Les collaboratrices du pool d’appoint ont eu la possibilité de postuler pour intégrer l’équipe de nuit composée de quatre à cinq personnes, mais aucune d’entre elles ne l’a fait. Elles avaient donc jusqu’à aujourd’hui pour décider laquelle des deux autres options -travail le soir et le week-end ou équipe de remplacement- elles souhaitent prendre. Une rencontre avec la direction, agendée vendredi, permettra de discuter de ces choix. «Aucun licenciement n’est prévu. Celles qui souhaitent continuer à bénéficier d’un horaire à la carte peuvent choisir les remplacements. En fonction de leur nombre, il est toutefois possible qu’elles n’aient pas le taux d’occupation qu’elles désireraient», précise Yvon Jeanbourquin.