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Des modules pour les détenus à Orbe

3 septembre 2012

La surpopulation carcérale est telle que certains prévenus sont contraints de rester dans les geôles du Centre de la Blécherette et de l’Hôtel de police de Lausanne. 

La capacité de la prison préventive de la La Croisée, à Orbe, a été augmentée, mais cela ne suffit pas.

La forte augmentation de la criminalité et l’efficacité de la chaîne pénale provoquent, depuis le printemps dernier, un engorgement des prisons vaudoises. Afin de détendre la situation, le Conseil d’Etat a débloqué un crédit d’étude de 370 000 francs pour l’installation de constructions carcérales modulaires sur le site des Etablissements pénitentiaires de la plaine de l’Orbe (EPO). Le projet consiste à créer 50 à 80 nouvelles places de détention. Cette mesure, précise le Gouvernement, complète une première augmentation du nombre de places (23) de détention opérée le printemps dernier à la prison préventive de La Croisée, à Orbe.

Rappelons encore que le Grand Conseil a débloqué, en juin dernier, un crédit de 17,3 millions de francs destiné à l’aménagement de 80 nouvelles places de détention à la Colonie des EPO. Cette extension devrait être opérationnelle en 2014.

Le printemps arabe…

Selon Béatrice Métraux, conseillère d’Etat en charge du Département de l’intérieur, l’augmentation du nombre de détenus enregistrée depuis quelques mois tient à plusieurs facteurs, les principaux étant d’ordre géopolitique et statistique. En effet, le printemps arabe a provoqué un mouvement d’émigration vers l’Europe, accompagné d’une part de délinquants.

Selon les statistiques de 2011, 145 délinquants provenaient d’Afrique du Nord. A fin août 2012, plus de 260 délinquants provenant de cette région ont été interpellés sur territoire vaudois, ce qui démontre l’ampleur du phénomène. Par ailleurs, les spécialistes notent une augmentation de quelque 20% de la criminalité.

Autre cause de surpopulation: l’efficacité de la chaîne pénale. En effet, l’entrée en vigueur du nouveau Code de procédure pénale avait provoqué un ralentissement momentané des mises en détention. Aujourd’hui, les procureurs, qui ont succédé aux juges d’instruction, ont pris un rythme de croisière et le nombre de mises en détention est sensiblement plus important.

Politique de fermeté

Dans les autres facteurs, Béatrice Métraux souligne «la politique de fermeté du Conseil d’Etat pour une sécurité plus grande», qui s’est notamment traduite par une augmentation des effectifs de police, et qu’il «n’est pas question de remettre en cause».

La cheffe du Département de l’intérieur, relève aussi que «le profil des personnes impliquées dans des délits implique plus de mises en détention parce qu’elles présentent un risque plus élevé». Et d’ajouter: «Avant, on avait plus de relaxes.»

La conseillère d’Etat Béatrice Métraux souligne aussi que des mesures prises dans le cadre du Service pénitentiaire (SPEN) devraient favoriser une détente. Il s’agit notamment d’un échelonnement des convocations à l’exécution de peines pécuniaires et de favoriser le travail externe.

 

Centre de la Blécherette et Hôtel de Police

Avec les moyens du bord

Si la situation actuelle a été dénoncée par les avocats -une interpellation est aussi annoncée au Grand Conseil-, Béatrice Métraux assure que le Conseil d’Etat avait déjà devancé ces interventions.

S’il n’est pas normal que des détenus restent, au-delà de 48 heures, dans les cellules du Centre de Gendarmerie de la Blécherette et de l’Hôtel de Police de Lausanne -une quinzaine de geôles sur chaque site-, tout est mis en oeuvre pour que les choses se passent le plus humainement possible.

«Il ne s’agit pas de cellules de dégrisement. Au Centre de la Blécherette, ces cellules de 6 m2 sont dotées d’un lit et d’un WC, mais il n’y a pas de lumière du jour. Quant au local d’audition situé en face de chaque cellule, la lumière naturelle y est indirecte», relève Jean-Christophe Sauterel, officier de presse. Au Centre de la Blécherette, les détenus bénéficient de repas chauds préparés par le restaurant du centre. Il a également fallu aménager une zone de promenade -les personnes détenues ont droit à deux sorties quotidiennes de trente minutes chacune-, renforcer le personnel, et assurer la distribution de médicaments.

Le Conseil d’Etat rend d’ailleurs hommage au personnel de la Police et du Service pénitentiaire, qui, sur chaque site, bénéficie du renfort d’un agent privé.