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Des petites bosses pour mieux rebondir
Louanne Juillerat, BMX-Club Nord vaudois

Des petites bosses pour mieux rebondir

23 octobre 2019 | Edition N°2608

Opérée à deux reprises ces douze derniers mois, Louanne Juillerat a pris part aux premiers Championnats du monde officiels de pump track le week-end dernier, et espère retrouver son meilleur niveau rapidement.

Amatrice de bosses, Louanne Juillerat n’a pas été chahutée que sur les pistes de BMX durant l’année écoulée. La vie lui a aussi réservé son lot d’embûches. «J’ai dû me résoudre à me faire opérer à une main en octobre 2018. Cela faisait un moment que je repoussais l’échéance, mais mes ligaments étaient abîmés, je n’arrivais plus à tenir le guidon de mon vélo et j’étais gênée dans ma vie de tous les jours.»

La pilote de 21 ans a alors pris son mal en patience et a bossé sa condition physique. Mais sa convalescence lui a coûté sa place en équipe nationale. «En Suisse, il y a peu de moyens pour le BMX. Du coup, les athlètes qui ne peuvent pas concourir sont rapidement évincés. Et l’entraîneur actuellement en poste ne fait pas grand cas des athlètes féminines, c’est le moins que l’on puisse dire.»

En mai dernier, Louanne Juillerat a participé aux qualifications nationales, à Gempen (SO), pour les Championnats du monde de pump track. «J’en avais déjà fait pour le plaisir, mais c’était ma première course. C’est une discipline exigeante, très physique. Il faut se montrer dynamique et rapide.» Elle s’est classée 3e, décrochant ainsi le dernier ticket pour les Mondiaux. Dans la foulée, elle a subi une nouvelle opération, l’une de ses broches ayant cassé. «Ça a été un coup au moral, mais j’avais peut-être repris un peu tôt», concède-t-elle.

C’est donc avec une préparation écourtée qu’elle s’est rendue à Oberried, dans le canton de Berne, le week-end dernier, pour affronter des pilotes venus des quatre coins du monde. «J’espérais pouvoir entrer dans le top 10, mais j’ai souffert sur le plan technique. Mon manque d’entraînement a pesé lourd, j’ai commis plein de petites erreurs», lâche celle qui a finalement terminé au 22e rang, sur 39 participantes.

Le regard tourné vers l’avenir

Louanne Juillerat est désormais sur le point d’entamer sa préparation hivernale – durant laquelle elle enfourchera aussi un vélo de piste – et espère pouvoir retrouver rapidement son meilleur niveau en BMX, afin de prendre régulièrement le départ en Coupe d’Europe et, si les sensations sont bonnes, en Coupe du Monde. «Maintenant que je ne bénéficie plus du soutien financier de Swiss Cycling, je dois me débrouiller par moi-même et engager un entraîneur privé.» Domiciliée à Fiez, elle partage actuellement son temps entre ses entraînements le matin, «un peu partout en Suisse romande», son travail au Jump Park à Yverdon-les-Bains, les cours qu’elle dispense le soir auprès des clubs de BMX de La Béroche et du Chablais, ainsi qu’une nouvelle activité professionnelle dans un magasin de chaussures de sport à Lausanne, les vendredis et samedis, qui devrait prendre de l’ampleur dès janvier prochain.

«Cela fait deux ans que je travaille au Jump Park. À l’époque, la structure dans laquelle je m’entraînais au Centre mondial du cyclisme, à Aigle, depuis près de quatre ans avait fermé du jour au lendemain, et mon entraîneur d’alors était parti en France. J’avais dû retourner vivre chez mes parents et trouver une solution pour pouvoir rémunérer un entraîneur et l’inscription pour les courses. Je pense que le moment est venu de passer à autre chose.»

La pilote du BMX Club Nord vaudois officiera donc comme vendeuse «entre 50 et 70%» et se consacrera à son sport le reste du temps. «Le BMX a beaucoup évolué pendant que j’étais blessée, tant au niveau des pistes que de la vitesse. J’espère avant tout prendre du plaisir, mais je vais travailler à fond pour continuer à m’aligner en élite. Et je garde aussi en tête le fait que 2020 sera une année olympique, même si, pour l’instant, la Suisse ne dispose pas de place pour les JO, et que je me trouve loin dans le classement à la suite de mon absence. Décrocher une qualification sera très compliqué, mais pas impossible.»

 

Le pump track, une discipline en plein essor

«Pour le moment, je vois plus le pump track comme un complément pour les athlètes qui font du BMX ou du vélo de descente que comme un nouveau sport à part entière», souligne Louanne Juillerat. Les parcours – goudronnés et plus courts que ceux de BMX, avec des bosses plus rapprochées et moins hautes – sont pourtant en train de fleurir en Suisse. Beaucoup se trouvent à proximité des aires de jeux, incitant les plus jeunes à s’y essayer. «C’est un véritable plus pour notre sport, cela amène du monde dans les clubs.»

Si des Championnats du monde non officiels avaient déjà été organisés en 2018, ceux du week-end dernier étaient les premiers à être validés par l’UCI. Chaque participant s’élançait individuellement et pouvait effectuer plusieurs passages, afin de réaliser le meilleur temps. Seuls les plus rapides étaient retenus pour le tour suivant. «Il y a moins de chutes qu’en BMX, puisqu’on est seul sur le tracé. En revanche, comme on roule sur du bitume, les pilotes qui tombent ne s’en sortent généralement pas indemnes.»

Muriel Ambühl