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Des travaux de grande envergure pour restaurer un axe stratégique

19 octobre 2015

Cronay – Un tronçon de la route cantonale permettant de relier Yverdon-les-Bains à Moudon fait l’objet d’un chantier de grande ampleur pour la région. Visite sur les lieux, en compagnie des responsables du projet.

© Nadine JacquetL’enrobé hydrocarbonné posé depuis peu sur la chaussée dégage une chaleur contrastant avec la fraîcheur automnale. Des ouvriers s’affairent, au mépris de la pluie qui s’abat sur la route cantonale descendant en direction du Moulin du Pont, entre Cronay et Donneloye. Un tronçon d’un peu plus de 2 kilomètres, fermé au trafic depuis mars, pour la réalisation de travaux dévisés à 18,6 millions de francs. Le but de cette opération ayant mobilisé plus de quarante personnes sous la conduite de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR)? Adapter un tracé sinueux et étroit au passage des 140 camions qui l’empruntent chaque jour. «De 2005 à 2013, environ vingt accidents ont été à déplorer. Ils ont fait une douzaine de blessés. Il est vrai qu’il y a deux virages à risque», explique l’ingénieur civil fraîchement retraité Henri Bovay.

Lien entre deux vallées

Le virage à haut risque situé juste avant d’amorcer l’ultime secteur en descente vers le Moulin du Pont a été considérablement réamenagé. Ci-dessus, le résultat des travaux en surface... © Nadine Jacquet

Le virage à haut risque situé juste avant d’amorcer l’ultime secteur en descente vers le Moulin du Pont a été considérablement réamenagé. Ci-dessus, le résultat des travaux en surface…

Les 3200 véhicules répertoriés quotidiennement sur l’axe de communication n’en font pas un poids lourd en terme de fréquentation, mais il s’agit d’un lien stratégique, dans la mesure où il permet de relier deux vallées -celles de la Broye et de la plaine de l’Orbe-.

La route a été sensiblement redimensionnée. Le segment, qui sera rendu aux usagers la seconde quinzaine de novembre, aura, en effet, grâce à l’ajout d’un remblai, une largeur de 9 mètres (deux voies de 3,5 mètres et un accotement latéral de un mètre de largeur de chaque côté, pour faciliter, au besoin, le croisement des gros poids lourds), contre les 5 à 6 mètres d’origine.

Deux ouvrages

...et en-dessous de la route, où une estacade -une structure similaire à un pont- de 85 mètres sert de rempart à l’érosion de la falaise de molasse. © Nadine Jacquet

…et en-dessous de la route, où une estacade -une structure similaire à un pont- de 85 mètres sert de rempart à l’érosion de la falaise de molasse.

Le remblai a été érigé sur la partie aval de la route. Il a nécessité la réalisation d’une estacade en raison de l’érosion de la falaise de molasse en-contrebas. Cet ouvrage d’art, de 85 mètres de long, similaire à un pont, a pour fonction de soutenir la chaussée au moyen de 29 paires de pieux de 70 centimètres de diamètre. Ceux fixés au flanc de la colline ont une longueur de 6 mètres. Des clous de 10 mètres garantissent leur ancrage. Une conduite les longe. Elle permet d’acheminer l’eau de pluie du réseau d’évacuation dans la Menthue. Les pieux répartis sur la partie avale de l’infrastructure atteignent, quant à eux, 16 mètres.

Les ingénieurs civils Henri Bovay et Pascale Wolff se sont succédé sur le chantier. © Nadine Jacquet

Les ingénieurs civils Henri Bovay et Pascale Wolff se sont succédé sur le chantier.

Une autre construction, d’environ 60 mètres de long, est située à quelques encablures de l’autre extrémité des travaux routiers. Il s’agit d’un remblai cerné par deux parois métalliques visant à élargir la chaussée au-dessus d’un ruisseau.

«Ces deux ouvrages ont mobilisé une équipe distincte et aux compétences différentes de celle effectuant les travaux routiers. La réalisation de ces constructions, de part et d’autre du tronçon a nécessité des efforts de coordination logistique entre ces deux chantiers conduits en parallèle», relève Pascale Wolff, qui a succédé à Henri Bovay depuis le 1er septembre.

Le remblai à gauche de l’image permet d’élargir sensiblement la route. © Nadine Jacquet

Le remblai à gauche de l’image permet d’élargir sensiblement la route.

Plusieurs autres contraintes ont été gérées dans le cadre des travaux. Un mur d’importance historique a dû être conservé le long de la descente vers la Menthue; des contacts réguliers ont été entretenus avec les agriculteurs propriétaires des parcelles avoisinantes, afin que ces derniers puissent planifier l’exploitation de leurs terres; sans oublier les diverses compensations environnementales d’usage, dont le reboisement d’une surface de plusieurs milliers de mètres carrés. Quant aux fouilles archéologiques préalables liées à la proximité d’une voie romaine, elles n’ont rien donné.

Mais le principal défi aura sans doute été la mise en place de déviations à l’intention des différents usagers de la route. Le détour par Ursins, Orzens et Gossens proposé aux véhicules en provenance de Pomy a requis, par endroits, l’élargissement de la route. Ce tracé de substitution n’a pas pu être emprunté par les bus -environ cinquante courses sont garanties chaque jour sur cette route cantonale-, garantissant une correspondance avec les gares d’Yverdon-les-Bains, respectivement de Moudon.

Il a donc fallu prévoir un itinéraire spécialement pour eux, en procédant à divers aménagements sur des chemins communaux. «Une enveloppe de 3 millions de francs a été utilisée uniquement pour la création de ces déviations. Cet investissement a permis l’amélioration pérenne de ces itinéraires grâce à des travaux préparatoires en 2014. Il va nous donner la possibilité d’atteindre l’objectif que nous nous étions fixés, c’est-à-dire boucler le chantier en une année civile hors neige, car l’absence totale de trafic permet d’avancer plus vite sur le site», déclare Henri Bovay. De l’idée à l’aboutissement, ce projet, gelé durant plusieurs années par manque de financement, se sera étalé sur une durée de dix ans. Un laps de temps que l’ingénieur civil qualifie de standard pour un chantier d’importance moyenne comme celui-ci.

Ludovic Pillonel