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Des yeux au bout des doigts
Yverdon, 8 novembre 2019. FSA, Anne-Mary Guenat (animatrice) en compagnie de François Valceschini. © Michel Duperrex

Des yeux au bout des doigts

19 novembre 2019 | Edition N°2627

Yverdon-les-Bains - Un groupe créatif propose aux malvoyants de la région des activités manuelles et un espace accueillant. La Région leur a rendu visite.

Ils sont sept. Assis autour de tables, ils bricolent en échangeant quelques mots, rient et partagent leurs soucis. Ils ont tous un point faible commun: leurs yeux. Cet organe si précieux est en train de les abandonner, soit à la suite d’un accident, soit à cause d’une maladie. Tous les vendredis, ils se donnent rendez-vous dans la Cité thermale. «Accepter de perdre la vue est un deuil difficile à affronter, confie Anne-Mary Guenat, animatrice. Venir dans le groupe créatif d’Yverdon-les-Bains permet de partager cette dure réalité et d’échanger sur un problème commun.»

Ce qui frappe d’entrée, c’est l’ambiance confiante et la variété d’âge des participants: de Loredana Giubilei qui a deux enfants scolarisés, à Patricia Tille qui est dans le groupe depuis sa création, il y a 14 ans, et qui se targue d’être la plus âgée de l’équipe. Chacun a des yeux défaillants, mais personne pour la même raison. Pour ceux qui travaillent encore, ce vendredi est une sorte de jour de congé, alors que pour les plus âgés il s’agit du jour de sortie. À midi, ils partagent un repas. «Tous les bricolages se font avec du matériel de récupération, car ce sont les membres qui paient», souligne l’animatrice, aidée par Marketa Mottaz.

«Ça me change les idées»

«J’étais venu aux portes ouvertes il y a plus de 5 ans. Depuis, je viens régulièrement, ça me change les idées», dit Francesco Valceschini, le seul homme du groupe, en appliquant la laine de son sapin sur la colle blanche. «Au début d’une nouvelle création, je suis sûre que je n’y arriverai pas», renchérit Yasmine Schmid, qui habite Estavayer-le-Lac. «De temps en temps, on fait une sortie. On est allé visiter le musée Charlie Chaplin et découvrir un sabotier jurassien», précise Anna Rita Mehmeti, dont les plus jeunes enfants viennent de fêter leurs 18 ans.

L’endroit peut paraître déroutant: Patricia tricote avec de la ficelle, Yasmine attache des bouts de tissu, Khadija enfile des perles, Maria tisse, Loredana va chercher une carafe d’eau pour le repas. Plus qu’un lieu d’activité unique, c’est une petite ruche où chacun fait son ouvrage dans une ambiance conviviale et familiale.

Véronique Meusy