Yverdon-les-Bains – Les places équipées de bornes pour la recharge de voitures électriques sont trop souvent utilisées comme aires de stationnement. La Ville a décidé de réagir, après qu’un citoyen l’a alertée sur cette situation.
«Il faut à peine une heure pour recharger les batteries d’un véhicule hybride. Or certains prolongeaient l’opération toute la journée!» Transporteur bénévole, Bernard Meylan est agacé par les véhicules, électriques et hybrides rechargeables, qui stationnent durant des heures sur une place destinée à la recharge, que ce soit sur le parking de la Patinoire ou sur celui de l’Ancien-Stand, à proximité de la gare. Cet automobiliste convaincu par les voitures électriques, dont il possède un modèle, s’est livré à une enquête minutieuse et a constitué un dossier, qu’il a remis aux autorités yverdonnoises l’automne dernier. Celles-ci ont décidé d’agir en mettant en place des mesures pour prévenir et combattre les abus.
L’Exécutif a ainsi décidé de la mise à ban – elle est intervenue hier – des places réservées aux voitures électriques, afin de limiter leur accès et ou leur utilisation par des véhicules thermiques – c’était plutôt une exception –, ou par des autos électriques non raccordées ou n’ayant pas activé la recharge, ce qui se produisait plus fréquemment.
à l’avenir, l’infrastructure de recharge percevra directement des pénalités financières pour inciter les automobilistes à se déplacer sitôt l’opération terminée. Ils en seront informés automatiquement par SMS. Passé le temps de tolérance, le compteur démarrera.
Bornes «intelligentes»
Sur le parking de l’Ancien-Stand, la taxe d’utilisation – 1,5 franc l’heure – sera encaissée directement par la borne de recharge. Le détenteur du véhicule électrique n’aura ainsi plus besoin de se rendre jusqu’à l’horodateur pour acquérir un ticket. La Municipalité rappelle que l’énergie renouvelable distribuée est facturée 23,9 ct le kWh.
Que se passe-t-il si un automobiliste branche la prise, mais qu’il n’active pas la recharge? «Le système le détecte et il écope de pénalités financières», assure Pierre Dessemontet, municipal chargé du Service des énergies (SEY). Les nouvelles mesures sont déjà affichées sur les bornes.
Le municipal explique par ailleurs que l’Exécutif a engagé une étude stratégique du développement de l’électromobilité sur le territoire communal. Actuellement, deux sites de recharge sont opérationnels à la patinoire et sur la place de l’Ancien-Stand. Un autre est situé à Y-Parc. Mais ils ne permettront bientôt plus de faire face à la demande.
«Le but de l’étude est d’évaluer les besoins. Mais j’imagine qu’il faudra, à moyen terme, des dizaines de bornes de recharge. Il faut qu’on densifie le réseau pour l’étendre dans différents endroits de la ville, et notamment équiper les parkings d’échange et le futur parking de la place d’Armes», poursuit l’élu. Ce déploiement se fera en collaboration avec le Service des énergies et les opérateurs privés, notamment les stations-service, à l’instar de ce qui a été réalisé sur les autoroutes.
En ce qui concerne les 1000 places souterraines prévues au centre-ville, Pierre Dessemontet relève que tout est prévu pour les alimenter, si un jour elles devaient n’accueillir que des voitures électriques: «Des mesures conservatoires ont été prises dans cette optique.»
Si la Ville d’Yverdon-les-Bains vient de «recadrer» l’utilisation des cases réservées à la recharge des véhicules électriques, cela tient pour beaucoup au travail d’enquête réalisé depuis 2017 par Bernard Meylan. Cet éco-automobiliste a constitué un dossier très complet et, lorsqu’il en a eu l’opportunité, a conversé avec les détenteurs de véhicules électriques qui ont séjourné abusivement sur une place de recharge, jusqu’à 60 heures pour l’un d’eux. Si certains pourraient voir en lui un délateur, sa démarche a le mérite d’être basée sur des observations documentées. Il assure que son but n’était pas de dénoncer des détenteurs, mais bien de faire en sorte que les lieux dotés de bornes soient accessibles, le temps de la recharge et pas plus, à ceux qui en ont besoin.