Dans la Cité thermale à l’invitation de l’Ambassador Club Yverdon, Marc Voltenauer et Nicolas Feuz sont venus présenter leurs nouveaux polars respectifs – sortis le même jour ! – mais surtout partager leurs anecdotes d’écrivains.
Une chose est sûre, Marc Voltenauer et Nicolas Feuz savent raconter des histoires. Pas seulement parce que le premier vit de sa plume depuis plusieurs années et que le second – procureur en parallèle – sort son dix-huitième polar pour adulte, mais aussi parce que leur talent d’orateur peut tenir en haleine une assemblée pendant plusieurs heures. C’est ce qui s’est produit mardi soir à l’Hôtel La Prairie à Yverdon-les-Bains, devant une bonne quarantaine de personnes. La soirée était organisée par la section yverdonnoise de l’Ambassador Club, une association internationale et apolitique qui compte 4500 membres dans le monde. Pour Laurent Fiaux, président de l’Ambassador Club Yverdon, inviter Marc Voltenauer et Nicolas Feuz était aussi un bon moyen de faire connaître l’association.
Écrivains complices
Entre l’ancien RH et manager genevois et le procureur neuchâtelois, c’est le coup de foudre amical en 2015, autour d’une rencontre initiée par Feuz via un message sur Facebook. Ce qui devait être un simple café de courtoisie découlera sur une discussion de deux heures et demie. «Nous avons découvert que nous avions utilisé la même méthode du tueur sadique pour assassiner nos personnages » , s’amusent les auteurs. « Nous avons ensuite écrit chacun un polar qui se passait sous terre, c’est là qu’on s’est dit qu’on devrait peut- être se concerter davantage ! » Ils poussent le bouchon en décidant de faire rencontrer leurs personnages. Ainsi, l’inspecteur Andreas Auer de Marc Voltenauer et le procureur Norbert Jemsen de Nicolas Feuz se retrouvent à la Blécherette, à Lausanne, le temps d’un chapitre dans Qui a tué Heidi? et Eunoto : les noces de sang. Les dialogues sont identiques, mais le point de vue est différent.
Et de six !
Ce sont d’ailleurs ces deux personnages emblématiques que l’on retrouve dans leurs dernières œuvres, qui sont parues le même jour, le 3 octobre. Coïncidence ou non, il s’agit aussi dans les deux cas du sixième livre consacré à chacune des séries.
Nicolas Feuz remet en scène le procureur Norbert Jemsen dans Les Extradées, un huis clos carcéral à la prison pour femmes de La Tuilière à Lonay. Du côté de Marc Voltenauer, on retrouve son inspecteur Andreas Auer dans Fatal Abîme, qui traite de la violence conjugale. L’occasion de mentionner que la réalité dépasse parfois la fiction : « Si nous avions écrit une histoire comme celle des viols de Mazan, on nous aurait dit que ce n’était pas réaliste » , analyse Marc Voltenauer.
Travail minutieux mais pas infaillible
Ils sont aussi revenus sur leurs débuts dans l’écriture, et sur la conception d’un roman. Les deux auteurs ont expliqué comment ils consultaient médecin légiste, inspecteur de police ou historien pour tenter d’être le plus précis possible, ou comment des lecteurs pointilleux avaient tout de même relevé des inexactitudes dans leurs romans.
Lors de la partie réservée aux questions, une membre de l’assistance a demandé comment ils expliquaient cette fascination du public pour le gore. Parmi les éléments de réponse, les écrivains ont dit observer que le polar marchait mieux dans les pays où «tout va assez bien » , qu’on s’intéressait au secret de fonction et qu’il y avait un besoin de comprendre l’âme humaine, même celles des personnes qui commettent les pires actes. Une autre question portait sur l’aspect financier. Les deux hommes de lettres – on notera toutefois la plaisanterie de Nicolas Feuz sur le fait qu’ils ne recevront jamais le prix Goncourt – ont rappelé qu’un auteur touche 10% du prix du livre, voire cinquante centimes par bouquin. «Il faudrait vendre douze mille poches
par an pour payer l’assurance maladie » , a ironisé Marc Voltenauer. C’est le fait que leur lectorat soit étendu aux pays francophones et leurs romans traduits qui leur permet un revenu.
Les deux hommes ont vendu et dédicacé leurs nouveaux livres pendant plus d’une heure après la conférence. L’assemblée fut unanime: on les aurait écoutés encore et encore nous conter