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«Développer le sport est primordial»
(KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

«Développer le sport est primordial»

5 avril 2022

Cesla Amarelle insiste sur l’importance d’une activité physique régulière, particulièrement pour la jeune génération. Et entend bien continuer à développer les infrastructures cantonales.

De l’aveu même de Cesla Amarelle, le sport et la culture sont les «deux grands absents» de la campagne électorale pour le Conseil d’Etat, dont le deuxième tour aura lieu dimanche. La ministre en charge de l’éducation aborde la question sportive en exclusivité pour La Région et explique, entre les lignes, pourquoi il est important à ses yeux dans ce domaine précis que la majorité gouvernementale reste à gauche.

Pourquoi aborder les questions sportives est-il aussi important à vos yeux, en cette fin de campagne?

Je pense qu’il est primordial de rappeler toute l’importance du sport, en particulier chez les jeunes et encore plus dans le contexte actuel. Les effets de la pandémie ont été particulièrement marquants chez cette génération et on s’aperçoit que les jeunes qui font du sport décrochent moins à l’école et sont globalement dans une situation de bien-être plus forte que ceux qui n’en font pas. Le manque de sport induit des facteurs préoccupants sur le long terme.

Lesquels?

Le sport fait office de facteur de prévention du décrochage scolaire, de sociabilité accrue et de bon développement physique et psychique. Et je n’oublie pas les effets pathogènes des écrans. Les jeunes d’aujourd’hui y sont bien plus exposés que les générations précédentes.

Qu’a fait le Conseil d’Etat ces dernières années pour encourager les jeunes à pratiquer une activité sportive, notamment via votre département?

Avec Rebecca Ruiz, nous avons développé un plan d’action pour la santé mentale des jeunes qui a permis, l’année passée, de subventionner 36 000 journées de camps et d’activités extrascolaires, très souvent dans le domaine sportif, ainsi que 45 nouveaux projets dans tout le canton. Nous avons aussi subventionné 3300 passeports vacances. Et on a tout fait pour que les camps de ski puissent avoir lieu malgré la pandémie.

Et quels sont les chantiers encore à mener?

L’un des principaux est sans aucun doute le développement des infrastructures. Nous accusons aujourd’hui un retard d’une trentaine de salles de gymnastique dans le canton. Oui, il y a une perte du nombre d’adhérents et de bénévoles dans les associations sportives, notamment à cause de la pandémie. C’est un souci. Mais le fait est que les associations sportives manquent d’infrastructures. Et que le Canton peut les aider.

C’est le cas à Yverdon-les-Bains, d’ailleurs, où tous les sports manquent de lieux pour s’entraîner…

Tout à fait, mais cette problématique est présente partout dans le canton. Il manque vingt-deux salles pour les écoles professionnelles, huit pour les Gymnases. Le Conseil d’Etat s’est saisi de cet enjeu et a planifié la construction de vingt-deux nouvelles salles entre 2023 et 2030. Mais même avec ces vingt-deux-là, il en manquera encore! Rattraper le retard va nécessiter des investissements conséquents: une salle de gymnastique coûte cinq millions de francs en moyenne, Et elles sont primordiales. Ces investisssements, on doit les faire pour soutenir notre tissu associatif. Mais ils sont difficilement compatibles avec une politique qui consiste à dire qu’on va baisser les impôts, par exemple… Investir pour une salle de sport, c’est investir pour toutes les Vaudoises et Vaudois, pour les générations à venir. Et cette volonté coïncide avec l’initiative récemment sortie pour une politique sportive ambitieuse.

Qu’en pensez-vous d’ailleurs?

Elle pose les bonnes questions. Après, sur les montants investis, il y a matière à débat. Il faudra discuter sur l’enveloppe. Lâcher la somme de 100 millions, comme ça, hors contexte, ça ne veut pas dire grand-chose. Mais cette initiative soulève des points intéressants, notamment le fait que le Canton ait davantage de compétences sur la gestion des subventionnements, ce qui est important à mes yeux.

Seriez-vous favorable au modèle français, où les collectivités publiques salarient les employés des clubs sportifs?

Je pense que le modèle français n’est pas nécessairement comparable au modèle suisse. Nous avons un esprit de milice qui est très fort et il faut absolument le préserver. Mais soutenir le sport associatif au sens large, le rendre plus inclusif et plus égalitaire, ce sont des principes auxquels j’adhère, et dont cette initiative parle.

Seriez-vous intéressée à devenir conseillère d’Etat en charge des sports?

Quand on fait campagne, on ne le fait jamais pour un domaine ou un autre. Mais, je le souligne, le sport a un effet très important pour les jeunes et sur le bien-être de la population. Ces questions sportives, d’infrastructures, elles sont primordiales pour le développement de la jeunesse. J’y suis sensible.

Vous-même, avez-vous le temps de pratiquer un sport?

En ce moment c’est compliqué! J’ai deux filles sportives. Elles ont fait du judo pendant longtemps les deux. L’une s’est mise maintenant au tennis. Elles sont au cœur de ces problématiques liées aux infrastructures dont je vous parle. En général, je cours au bord du lac, mais je dois vous avouer que depuis quelques semaines, je n’ai plus tellement le temps!

 

«Ce centre national de judo à Yverdon, il faut qu’on le défende!»

 

La question de Sports 5 fait rage à Yverdon-les-Bains et Cesla Amarelle suit évidemment ce dossier de près. «J’y suis en effet très attentive. Ce centre national de judo, il faut qu’on le défende, et qu’on le défende à Yverdon, qui a une école de judo fantastique et est plus que légitime pour l’accueillir. Je ne m’immisce pas dans les affaires de la Municipalité, même s’il s’agit de ma ville, mais évidemment que j’appelle de mes vœux que l’on avance dans ce dossier et que ce centre national s’installe durablement dans notre ville.» Que pense la conseillère d’Etat des partenariats publics-privés, comme à Sports 5? Que du bien, pour autant qu’ils se fassent en bonne intelligence. «Dans le cadre de la culture, on travaille en permanence avec le partenariat public-privé, je pense que c’est un très bon binôme. Il y a des domaines qui font partie du service universel de l’Etat et d’autres où des complémentarités sont possibles et où un partenariat public-privé peut se faire en bonne intelligence sans être politisé. Il faut reprendre ce dossier et l’analyser finement pour aller de l’avant. Toutes les grandes infrastructures lausannoises se font selon ce système. On doit pouvoir le faire aussi à Yverdon-les-Bains.»

Tim Guillemin