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Dix ans d’indépendance, de rires et de chants
Gianni Viglino, Regula Bolliger, Frédéric Monnard, Michèle Cuche et Yves Junod. © Michel Duperrex

Dix ans d’indépendance, de rires et de chants

10 février 2022

Les Bouffons de Chavornay fêtent leurs dix ans. Fondée par Christiane Chevalier et Michel Duvillard en 2012, l’association a organisé plus d’une quarantaine d’événements. La fondatrice et le fondateur ne font plus partie du groupe, mais l’esprit demeure.

C’est assis autour d’une table, avec des tournesols en mosaïque fabriquée par Gianni Viglino et un café à la main, qu’Yves Junod et lui se sont confiés à La Région, revenant sur l’histoire des «Bouffons». Les deux hommes, membres du groupe dès sa fondation, ont vu passer plusieurs artistes très différents en dix ans et ont aussi vécu beaucoup de moments de joie et de galères…

 

Pour commencer, comment vous êtes-vous retrouvés dans l’association avec Christiane Chevalier et Michel Duvillard?

Gianni Viglino: J’ai ouvert ma gueule à une soirée où les candidats syndics se présentaient à la population…(rires). Alors qu’ils parlaient de giratoire et de circulation, je leur ai dit que je trouvais ça fou qu’on ne parle pas de cinéma, de théâtre ou d’autres activités culturelles. Christiane Chevalier, qui était présente, m’a entendu et elle m’a directement appelé lors de la création de l’association.

Yves Junod: A l’époque, c’était Gianni qui m’avait contacté parce qu’on se connaissait déjà et qu’ils avaient besoin de quelqu’un qui connaissait l’informatique pour créer et gérer le site internet de l’association.

Votre premier spectacle a eu lieu le 19 octobre 2012. Quels étaient les premiers défis auxquels vous avez été confrontés?

Y. J.: Dans la région, il y a plusieurs lieux de spectacle, donc c’est difficile de faire concurrence. En plus, au début, on n’était pas trop connus et ce n’était pas évident. Mais on s’est vite rendu compte que trouver des artistes n’est pas aussi compliqué que ça parce qu’ils sont assez demandeurs d’événements. On a aussi dû trouver un équilibre parce qu’à nos débuts, on faisait plus d’événements, neuf en une année parfois. On s’est fixés sur cinq à six événements par année pour tenir la cadence.

G. V.: Il y a aussi eu les fêtes de la musique qui demandaient beaucoup de travail. On en a fait quatre et c’était six à sept groupes qui passaient en une journée. En plus, on montait une scène extérieure couverte qu’on avait construite nous-mêmes! C’était tout un peu à l’astuce, ça demandait pas mal de travail d’installation et ça ne nous rapportait rien, parce qu’il n’y avait pas d’entrée.

Assez parlé de problèmes, quels sont vos plus beaux souvenirs chez les Bouffons?

Y. J.: On a eu la chance d’avoir le chanteur Pascal Auberson qui est venu. En fait, la maison de Gianni appartenait aux grands-parents de Pascal Auberson et il est du village. C’est pour ça qu’il a accepté notre invitation et qu’on a réussi à l’avoir pour un prix correct. Il a beaucoup parlé de lui, de son enfance, pendant le concert, et c’était une très bonne ambiance. On a aussi eu une histoire assez sympa avec Nathanaël Rochat. Il n’était pas encore connu et il a demandé qu’un ami puisse faire sa première partie pour que ce soit moins long pour lui. Cet ami était Thomas Wiesel, qui lui aussi faisait ses premiers pas dans le monde de l’humour!

Tous ces moments de partage avec les artistes sont importants lorsqu’on est bénévoles comme vous. Est-ce un peu une raison de continuer à organiser des événements malgré les difficultés?

Y. J.: Oui c’est sûr! Nous, ce qu’on recherche, c’est le contact avec les artistes. A la fin des événements on essaie toujours de manger avec eux. On a eu parfois des déceptions avec des artistes qui faisaient leur truc dans leur coin, mais on ne va pas dire qui… (rires).

G. V.: Oui, et ce qui nous fait aussi avancer, c’est de voir le public content après les spectacles. A la fin de tous nos événements, on donne la possibilité au public de manger sur place. Au début, c’était Christiane Chevalier qui faisait à manger pour tout le monde parce que c’était sa grande passion. Maintenant, on demande à des restaurateurs de la région ou on fait venir des foodtrucks. Certaines personnes viennent presque uniquement pour ça! Pendant la pandémie, on a aidé quelques restaurants de la région en leur demandant de faire les menus.

En parlant de pandémie, comment avez-vous géré cette période particulière?

Y. J.: On a eu un seul événement en 2020, un concert de Sarclo, car on a réussi à passer entre les gouttes en septembre. Par contre, en 2021, on a pu faire quatre événements.

Avant de commencer notre entretien, vous me parliez d’un endroit spécial où vous organisez plusieurs de vos spectacles…

G. V.: Oui! En 2017, on a demandé à occuper les ruines d’un vieux moulin pour y faire des concerts. La Commune a accepté parce que de toute façon l’endroit était à l’abandon. Les ruines, c’est un peu chez nous! C’est plus petit, plus convivial et intimiste. J’ai fabriqué une scène en métal et on a mis quelques installations. Le cadre est joli et chaque artiste qui est venu flashait sur l’endroit.

Parlons du futur. Quel artiste rêveriez vous d’avoir à Chavornay?

G. V.: Georges Moustaki, mais il est mort… (rires). Non, mais dans les vivants, il y a Nicolas Fraissinet, sans hésiter!

Y. J.: On voulait vraiment avoir Pascal Auberson et on est très contents de l’avoir eu.

Et quels sont vos souhaits pour l’avenir?

G. V.: On veut que ça perdure, tout simplement. Qu’il y ait plus de bénéfices que de pertes!

Enfin, si vous deviez décrire l’association en un mot?

Y. J.: Indépendants! On nous a même reproché de ne pas faire partie des sociétés locales. On est soutenus par la Commune mais nous sommes libres au niveau de la programmation. Certaines personnes nous reprochent aussi de mettre seulement des artistes qui nous plaisent. Bah oui! On ne va pas faire venir quelqu’un qu’on n’aime pas…(rires).

 

«Ils avaient dû scotcher un carton sur la porte des douches avec mon nom»

 

Nathanaël Rochat a été invité par l’association en 2015, et l’expérience lui a apparemment laissé beaucoup de bons souvenirs. Le Combier se rappelle particulièrement de l’accueil chaleureux et de l’effervescence dans la salle: «Je me souviens que les organisateurs n’arrêtaient pas de dire qu’il fallait rajouter des chaises en courant partout!»

«Ma loge c’étaient les douches de la grande salle. Ils avaient dû scotcher un carton sur la porte avec mon nom dessus», raconte-t-il avec le ton détaché, mi-sérieux mi-amusé, qui a fait sa réputation bien au-delà des frontières du canton.

L’humoriste se souvient aussi d’une amie, habitante d’Orbe, qui lui avait envoyé une photographie des lettres qui annoncent les spectacles à Chavornay au milieu du giratoire: «On voyait mon nom sur les grandes lettres et elle m’a écrit: Je t’avais dit que t’allais réussir!»

 

Infos pratiques

 

Prochain spectacle: Gaëtan, auteur-compositeur-interprète de chansons pour enfants, concert accompagné d’un ukulélé, le dimanche 3 avril à 15h, à la grande salle de Chavornay.

Andreia Portinha Saraiva