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Dominique Vidmer filme au coeur des débats politiques

30 janvier 2015

L’entreprise de Chavornay Sonomix diffuse les séances du Grand Conseil sur internet. Près de 130 micros doivent être gérés et vérifiés dans la salle du Château de Neuchâtel.

Dominique Vidmer devant le Grand Conseil neuchâtelois, lors de la première séance de l’année. © Aubert

Dominique Vidmer devant le Grand Conseil neuchâtelois, lors de la première séance de l’année.

«L’enregistrement est lancé, le direct fonctionne: c’est parti!» Dominique Vidmer, directeur de l’entreprise Sonomix depuis 1988, fait ses derniers contrôles techniques en toute sérénité, alors qu’Eric Flury, le président du Grand Conseil neuchâtelois, vient de sonner la cloche. En ce début d’après-midi du 20 janvier, la première séance de l’année débute.

L’entreprise chavornaysanne, dirigée par celui qui est également syndic d’Essert-Pittet, est spécialisée dans l’enregistrement audiovisuel et la transmission, en direct, de conférences. Elle se charge, notamment, de diffuser le Grand Conseil des cantons de Vaud, depuis 2001, et de Neuchâtel, depuis l’an dernier. «Le problème avec la technologie, c’est que nous ne sommes jamais à l’abri d’un problème», déclare Dominique Vidmer.

Pour parer à toutes complications, le technicien est arrivé dans la salle du Château de Neuchâtel quatre heures avant les politiciens. «Ça fait plus d’un mois que nous n’avons pas utilisé le matériel », précise-t-il, en s’attendant à découvrir de mauvaises surprises. Après avoir allumé les huit ordinateurs et vérifié les 127 micros installés dans la salle, un seul désagrément est repéré: «quelqu’un a touché l’une des caméras. Elle est déréglée.»

Plus de transparence

Dans la pièce, tout est automatisé. Des petites caméras blanches sont fixées sur les murs et quadrillent la salle. Lorsque le président du Grand Conseil donne la parole à l’un des députés, le régisseur de Sonomix allume le microphone de l’élu, depuis son ordinateur, et l’une des quatre caméras pivote en moins de deux sur la personne qui s’apprête à parler. Caché derrière ses trois écrans, à la droite du bureau du Grand Conseil, le technicien surveille absolument tout ce qui se passe. Et visiblement, l’une des caméras ne s’arrête pas sur le bureau adéquat et pourrait filmer la mauvaise personne, cet après-midi. «J’espère que je ne suis pas trop petit», marmonne Dominique Vidmer en tirant l’un des gros fauteuils roses sous la caméra qui pose problème, pour la remettre, du bout des doigts, dans le bon axe.

Alors que le technicien se bat avec l’une de ses caméras, les secrétaires viennent également préparer leur séance. «Il n’y a eu aucun dérangement depuis la mise en place du système, en mai dernier», rapporte Janelise Pug, secrétaire générale du Grand Conseil, en expliquant que ce service est offert au public par souci de transparence. Les séances étaient déjà filmées auparavant, mais elles n’étaient diffusées que sur notre réseau interne.»

Dans deux lieux en même temps

D’après les statistiques, les séances du Grand Conseil neuchâtelois auraient été visionnées par plus de 14 100 internautes en moins d’un an. «C’est quand même pas mal», commente le Nord-Vaudois en découvrant les chiffres.

Alors que la séance a commencé et que ses caméras tournent, le directeur vérifie ce qu’il se passe du côté de ses employés. Comme tous les mardis, deux de ses collègues filment et transmettent, en direct, le Grand Conseil vaudois. «Tout semble bien se passer à Lausanne», commente-t-il avec satisfaction, en observant sur internet le président vaudois Jacques Nicolet donner la parole aux politiciens. Au même moment, les élus neuchâtelois votent de manière électronique. En cliquant sur sa tablette, Dominique Vidmer affiche le diagramme utilisé lors des votations. Il montre les places des élus qui se colorient en vert, en rouge ou en blanc, suivant ce qu’a voté le politicien.

Des élus le doigt dans le nez

C’est depuis ses trois écrans que le technicien dirige les caméras. © Aubert

C’est depuis ses trois écrans que le technicien dirige les caméras.

Contrairement à Neuchâtel, où les caméras sont automatisées, il y a bel et bien deux régisseurs du côté de Lausanne, où la vidéo y est gérée manuellement et y est diffusée à la télévision. Les changements de plans se font donc avec plus de fluidité et le cadrage est plus précis, ce qui permet de centrer l’image sur la personne qui parle. «Le nombre de régisseurs dépend du choix que fait notre mandataire, explique le directeur. Notre devoir est de transmettre la séance telle qu’elle se passe, en montrant surtout les personnes qui parlent et non pas les réactions qu’il pourrait y avoir dans la salle.»

Cependant, le système utilisé par le Grand Conseil neuchâtelois exige un cadrage plus large. Les spectateurs attentifs peuvent alors apercevoir plus facilement un élu en train de s’assoupir sur son siège, ou un autre avec le doigt dans le nez.

Malgré ces incidents, qui ont peut-être amusé les internautes, tout s’est bien passé pour Dominique Vidmer. A 19h, le patron rentre enfin chez lui. Avant d’éteindre ses écrans, il vérifie que la troisième, et dernière, séance filmée de la journée, au Conseil communal de Lausanne, se déroule comme prévu. «Aujourd’hui, entre ces trois diffusions, nous avons plus de 14h de direct et d’archivage sur internet », conclut-il en pensant déjà au travail qui l’attend le lendemain.

 

Vers Genève et Fribourg

En plus de filmer les séances du Grand Conseil neuchâtelois et vaudois, ainsi que plusieurs Conseils communaux, les sept employés de Sonomix installent des technologies audiovisuelle pour le Grand Conseil fribourgeois. Pour ce dernier, comme pour celui de Genève, l’entreprise nord-vaudoise espère obtenir le mandat pour filmer les séances.

Muriel Aubert