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Douze ans pour le meurtre de Froideville

5 février 2014

L’homme qui avait frappé à mort son amie de plusieurs coups de couteau à Froideville, en 2012, a été jugé, hier, au tribunal d’Yverdon-les-Bains.

Le Jurassien, âgé de 33 ans au moment des faits, avait tué son amie avec un couteau de cuisine.

Le Jurassien, âgé de 33 ans au moment des faits, avait tué son amie avec un couteau de cuisine.

Le Tribunal criminel de l’arrondissement de La Broye et du Nord vaudois a condamné, hier, le meurtrier de Froideville à douze ans de prison. Ce dernier, un Suisse, né en Inde en 1979, avait tué son amie, B.M., de plusieurs coups de couteau, le 20 janvier 2012, au petit matin. Fortement alcoolisé au moment du drame, S.V ne se souvenait pas de tous les détails du meurtre, lors du procès. Il a cependant bien collaboré lors de l’enquête et «il n’a pas minimisé les faits et a assumé ses actes», a indiqué la procureure Yasmine Boolakee.

Une scène de ménage

Selon l’avocat de la défense, tout aurait commencé l’après-midi qui précèda le drame. Le couple et l’un de leurs voisins se rendent alors à Lausanne, où ils sont partis chacun de leur côté. B.M en aurait profité pour acheter de la méthadone, un acte qui aurait offusqué S.V et qui pourrait expliquer la dispute fatale qui s’est déroulée quelques heures plus tard entre B.M et S.V. Les trois amis auraient ensuite soupé ensemble. Fatigué et malade depuis plusieurs jours, S.V aurait quitté la table pour aller se coucher sur le lit et regarder des DVD, laissant son amie seule avec leur hôte. «Quand je regardais les films, je l’entendais chuchoter et elle me regardait méchamment, elle me provoquait et cherchait à m’énerver», ajoute l’accusé qui avait consommé beaucoup d’alcool, ce soir là. Même si le voisin a somnolé, personne n’a véritablement dormi durant la nuit de jeudi à vendredi. Après être resté coucher pour éviter une confrontation avec sa conjointe, S.V se serait tout de même levé pour aller aux toilettes, pour lui, la suite de l’histoire n’est plus qu’un trou noir.

D’après le Tribunal, la dispute aurait éclaté vers 7 heures du matin et tout se serait très vite déroulé, sans que le voisin ne puisse agir. S.V aurait été repoussé d’un coup de pied par sa conjointe, il aurait ensuite saisi un couteau d’une dizaine de centimètres pour la frapper au bras droit, au niveau thoracique. Tentant de fuir, la femme serait alors tombée et S.V lui aurait alors porté un coup de couteau à la gorge. Après avoir pris l’air à l’extérieur du bâtiment avec le voisin, le meurtrier serait remonté dans l’appartement et aurait découvert «surpris» son amie dans une mare de sang. «Je lui ai alors fait des compresses sur le bras», explique- t-il. Alors que son voisin appelait les secours. B.M est décédé de ses blessures quelques heure plus tard au CHUV.

A l’écoute de son ami

Le Jurassien fréquentait depuis près de deux ans B.M, une femme de 46 ans domiciliée à Froideville et décrite comme attentive aux besoins de son compagnon. Sans domicile fixe, ce dernier vivait la plupart du temps dans le petit appartement une pièce de son amie. Le bâtiment, qui abritait la pizzeria l’Ecureuil dans les années 80, était connu pour abriter des marginaux. «Notre couple était paisible et amical, avec quelques petites piques, comme dans tous les couples », a expliqué S.V, avant d’ajouter qu’il lui arrivait de lui faire des clés de bras et qu’il a une fois laissée pour morte dans la forêt après lui avoir fait une clé de strangulation. «Je l’ai quitté à deux reprises, mais elle est revenue me chercher.»

Lors de l’audience, S.V s’est adressé directement à la soeur de la victime, qui est venue assister au procès. Il s’est dit sincèrement désolé, mais ses excuses ont été refusées par cette dernière. Le coupable est conscient de ce qu’il a fait, mais ne parvient pas à expliquer pourquoi il a agit ainsi. Durant ses douze ans de peine privative de liberté, S.V suivra un traitement psychothérapique pour résoudre ses problèmes de dépendance à l’alcool.

 

 

Un parcours de vie difficile et atypique

Bébé, le condamné a été abandonné dans une poubelle à Delhi, en Inde. Il a ensuite été adopté par une famille de Châtillon, dans le canton du Jura. Il grandit avec six frères et soeurs, dont quatre autres sont, comme lui, adoptés. «Mon papa s’occupait de ramener l’argent à la maison et ma maman s’occupait des comptes, en nous tenant d’une main de fer», a-t-il indiqué.

Ensuite, le Jurassien a suivi une formation de cuisinier. Ne s’entendant plus avec son patron, il a quitté son apprentissage quelques mois avant les examens finaux. Il a travaillait ensuite en tant que DJ et cuisinier à Delémont, avant de dépendre de l’aide sociale. Après une tentative de suicide en 2001, il s’est marié en 2007, sa femme est enceinte lorsque le couple se sépare. Il n’a jamais vu sa fille et n’a pas le droit de visite. De plus, le divorce a été proclamé lors de sa détention préventive.

Muriel Aubert