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Du haut de ses machines, il est sur le toit de l’Europe!
Antoine Cottens travaille à Daillens, pour l’entreprise Liebherr. © Michel Duperrex

Du haut de ses machines, il est sur le toit de l’Europe!

21 septembre 2023

Rances – Antoine Cottens a brillé aux EuroSkills, les championnats d’Europe des métiers, qui viennent de s’achever, à Gdansk, en Pologne. Le Rancignolet a décroché l’or pour la Suisse dans la catégorie «mécanicien en machines de chantier et agricoles».

Textes: Chloé Warpelin

Rances est champion d’Europe! Antoine Cottens, mécanicien en machines de chantier, a remporté les championnats d’Europe des métiers dans sa catégorie. Et pourtant, le parcours du jeune homme aurait pu être bien différent.

Après une première année réussie au Gymnase d’Yverdon et avec l’objectif de devenir prof de gym, Antoine Cottens change de direction. «Je n’avais pas envie de faire huit ans d’études pour ça», lance-t-il. Le jeune homme commence alors un CFC de mécanicien en machines de chantier, qu’il réalise chez Holcim, dans un atelier à Eclépens, et suit ainsi la voie familiale. Avec un père mécanicien poids lourds de formation, un frère mécanicien en machines agricoles, un oncle et un cousin tous deux mécaniciens en machines de chantier, le destin du champion d’Europe semblait tout tracé et impliquait le maniement d’outils! Chez les Cottens, la mécanique est une affaire de famille.

Une préparation minutieuse

Le Rancignolet s’est qualifié pour la compétition européenne, qui a lieu tous les deux ans, après avoir remporté les championnats de Suisse, les SwissSkills, l’an passé. Il s’est préparé en partie à Aarberg, chez l’association professionnelle de la technique agricole, Agrotec, avec un expert suisse, Martin Schär, chargé de former le candidat dans le domaine et qui a aussi un rôle d’expert lors de la compétition. Dans le canton de Berne, Antoine Cottens a pu renforcer ses connaissances en suivant des cours avec d’autres jeunes qui passent leur brevet fédéral. Il a également dû se familiariser avec les machines agricoles qui seraient présentes en Pologne, avec lesquelles il n’était pas habitué à travailler. Lui s’occupe uniquement de machines de chantier, en tant que monteur externe chez des clients ou sur des chantiers, pour l’entreprise Liebherr, à Daillens.

Le Nord-Vaudois a empoché le titre après s’être affairé durant trois jours de compétition sur cinq postes. Les experts évaluaient les compétences des participants sur des machines différentes, ainsi que dans divers domaines de la mécanique. Des examens à peu près semblables à ceux du CFC. Réussir à trouver la panne, réaliser du montage et du remontage de composants, entreprendre une recherche logique, travailler en sécurité… «Il y avait beaucoup à faire, mais l’objectif était d’être le plus efficace possible. Je suis très fier et reconnaissant. J’étais déjà très content d’avoir eu la chance de pouvoir y participer, alors d’avoir gagné, c’est vraiment génial.» Le mécanicien de 22 ans est honoré d’avoir pu représenter la Suisse et la Romandie. Parmi une délégation de 17 jeunes professionnels, Antoine Cottens était le seul représentant de la partie francophone du pays. «C’était un peu compliqué d’être le seul Romand. J’arrive à m’en sortir en bon allemand, mais le suisse allemand, je ne comprends rien!» affirme-t-il en rigolant.

Ce qui lui plaît, c’est la grande variété de son métier. Le fonctionnement d’une machine touche à des domaines multiples et parfois très techniques, de la mécanique à l’hydraulique, en passant par l’électrique. «Je voyage avec mon bus un peu partout en Suisse romande et ce n’est absolument pas monotone, je suis à chaque fois dans des endroits différents, avec des personnes différentes, c’est cool!»

Le calme, sa grande force

Durant la compétition, Antoine Cottens et ses concurrents étaient constamment observés par un ou plusieurs experts qui jugeaient leur travail, une pression supplémentaire potentiellement difficile à gérer. Mais le jeune homme est habitué au regard des autres. Dans le cadre de son travail, il collabore avec des machinistes ainsi que des chauffeurs de camion. La tâche a peut-être été plus ardue pour les mécaniciens en atelier, où les conditions sont plus souples. «Il est très résistant au stress, malgré la grande pression qui peut lui être imposée. C’est une qualité que nous apprécions énormément, en plus des compétences techniques qu’il a déjà acquises dans son métier. Cette première place reflète qui il est dans son travail au quotidien», confirme Thomas Fässler, responsable du service après-vente en Suisse romande pour l’entreprise Liebherr, et un des supérieurs d’Antoine Cottens.

Pour la suite, le jeune homme a pour objectif de suivre une formation continue afin d’obtenir le brevet fédéral, mais pour l’instant, il devra prendre son mal en patience. Joueur de foot au FC Rances, le malheureux s’est blessé au genou il y a plusieurs mois. Il subira une opération la semaine prochaine qui le tiendra éloigné des machines pendant un certain temps.


Une vitrine pour la formation professionnelle suisse

La réussite d’Antoine Cottens ainsi que l’incroyable moisson de l’équipe nationale sur la scène européenne mettent en avant la qualité des formations professionnelles en Suisse. Quinze jeunes de la délégation sont revenus de Pologne avec une médaille autour du cou, dont douze avec un titre européen, ce qui fait de la Suisse la meilleure nation de la compétition.

Ce sont des voies exigeantes pour les jeunes apprentis qui doivent rapidement prendre leurs marques dans la vie active et gérer les conséquences en termes de responsabilités. Malheureusement, elles sont souvent mal mises en valeur à la fin du cursus obligatoire, avec une orientation majoritairement axée vers la voie gymnasiale. «C’est une immense fierté et une belle visibilité pour le métier de mécanicien en machines de chantier! Souvent on en parle peu et là, la profession a été mise en avant. C’est important pour que les jeunes s’y intéressent», s’enthousiasme Thomas Fässler, responsable du service après-vente en Suisse romande pour l’entreprise Liebherr.