Sur le terrain, le défenseur a permis à la «deux» du club d’atteindre les finales. Sur le banc, il a épaulé les derniers entraîneurs de la «une». Et en coulisses, il est désormais le grand manie-tout des juniors.
26 août 2018, deuxième ronde du championnat de 4e ligue. Champagne II reçoit Rances. A priori, la rencontre ne constitue qu’une formalité pour les visiteurs, en quête de finales. Les Champagnoux, eux, sortent d’un exercice compliqué, durant lequel ils n’ont engrangé que 17 points. Score final? 3-2. «Il faut remettre ce match dans son contexte. Pour Rances, ça avait été un sacré coup dur. Ils pensaient avoir perdu face à un candidat à la relégation. À ce moment-là, personne n’imaginait qu’on attendrait les finales à la fin de la saison», sourit Dylan Porchet.
Ce jour-là, le défenseur se trouvait sur le terrain. Rien d’anormal, sachant qu’il a brillamment occupé la charnière centrale durant toute la saison? Vrai, sauf que, quelques instants auparavant, l’homme prodiguait encore ses conseils sur le banc de la première équipe, engagée deux heures plus tôt face à Aubonne et dont la rencontre se terminait à peine dix minutes avant le fameux Champagne II – Rances. Tout juste le temps de s’échauffer qu’il fallait déjà tourner la casquette et reprendre du service.
Gagner à travers les autres
Cette anecdote résume tout le rapport entre Dylan Porchet et son club. Ancien footballeur de 2e ligue, passé par Baulmes et Yverdon Sport II, il aurait pu faire le choix de jouer pour lui. à un niveau plus en adéquation avec ses capacités. Mais le Bonvillarois a préféré faire passer les intérêts d’une entité – à savoir le FCCS – avant les siens. «C’est un peu plus compliqué que ça. Bien sûr que c’est satisfaisant d’évoluer à bon niveau, de remporter des matches. Mais gagner à travers les autres, ça procure aussi un sentiment d’accomplissement. Ça fait deux ans qu’au moins une de nos équipes juniors s’impose à Graines de foot. Notre deux vient de disputer les finales de 4e ligue avec des jeunes du coin. Ça me convient amplement. Quelque part, mes intérêts personnels passent directement par ceux du club.»
Pour combien de temps? Dylan Porchet, qui gère aussi les réseaux sociaux du club, l’ignore. Pour l’heure, comme toute personne qui s’implique avec assiduité dans un projet, une bonne partie de son temps libre y est dévolu. Et la proportion ne devrait pas diminuer, sachant qu’il a fraîchement été nommé responsable des juniors. «En contrepartie, je n’aurai plus de responsabilité envers l’équipe fanion, explique-t-il. Tout est en train de se structurer. Lorsque Marc Roulin et son nouveau comité ont repris le club, tout était à faire. On a voulu régionaliser nos équipes, trouver des sponsors locaux, dynamiser la vie du club en mettant en place des évènements. Ça prend. On était quatre pour s’occuper de tout, on est désormais huit.»
Attaché à son terrain
Tous les dossiers n’avancent cependant pas à la même vitesse, à l’image de la construction du nouveau terrain qui traîne un peu. «C’est évidemment indépendant de notre volonté. En attendant, on continue de jouer sur notre vieille pelouse atypique et sans éclairage. Moi, je l’adore. C’est vrai qu’elle penche, mais son état est toujours niquel. Je connais des joueurs qui ont passé toute leur carrière sur ce terrain et qui le détestent et d’autres qui, comme moi, ne peuvent pas s’en passer. Reste que je suis persuadé que ça nous procure un sacré avantage contre les équipes lausannoises, habituées aux billards et aux synthétiques. Et puis, cette saison, on a perdu un seul match ici avec la deux.»
Aucun doute, Dylan Porchet saura transmettre son attachement au FC Champagne Sport aux onze équipes de juniors qu’il s’apprête à chapeauter.
«Nos Roumains parlent tous français»
Champagne s’est attaché les services de Jean-Yves Bonnard comme entraîneur pour sa première équipe. Un choix qui a forcément fait des émules dans le petit monde du football vaudois, sachant que le technicien emmènera avec lui plusieurs joueurs français. Ce qui ne colle pas nécessairement avec la volonté du club d’employer un maximum d’éléments régionaux ou formés au club. «Il n’y a aucun double discours là-dedans, assure Dylan Porchet. Jean-Yves est un super coach qui, comme beaucoup, est attaché à certains joueurs. Quatre ou cinq le suivront, tant mieux pour nous. La réalité, c’est que cela ne changera rien à notre projet. Durant la saison écoulée, six footballeurs qui ont effectué leurs juniors ici ont fréquemment évolué avec la une. Et cela continuera dès la reprise.»
Et l’homme à tout faire de reprendre: «Je sais qu’on a une image écornée et que, quoi qu’on fasse, on est attendu au tournant. Mais les choses évoluent dans le bon sens. Je le vois avec la deux. Beaucoup de parents, de connaissances, de personnes du village étaient là pour assister à nos matches. Si les gens veulent continuer à croire qu’on fait venir des Serbes ou des Roumains, ça les regarde. Ce que je peux répondre, c’est que les trois Roumains qui jouent encore pour nous (Daniel Bogman, Traian Jarda et Bogdan Gheara) s’apprêtent à entamer leur quatrième saison ici. Ils sont intégrés, parlent tous français et l’un d’eux entraîne même une équipe juniors. Ils sont devenus Champagnoux.»