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Elle crible son compagnon de plombs

29 octobre 2014

Le procès de Nina, accusée d’avoir tiré sur son compagnon avant de le pousser par la fenêtre, s’est déroulé sans elle, hier matin, à Yverdon-les-Bains.

Le procès s’est déroulé, hier matin, au tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois. DR

Le procès s’est déroulé, hier matin, au tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois.

Jamais, sans doute, Antonio* n’oubliera cet après-midi du 8 octobre 2010. Soit cette fameuse journée dont, quatre ans plus tard, il porte encore les nombreux stigmates, dans sa chair comme dans son psychisme.

«Depuis, je ne peux plus travailler, j’ai des problèmes de vision, des migraines et de nombreuses douleurs dans le bas de la colonne vertébrale et à la cheville droite», a-t-il notamment expliqué, hier matin, au Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, lors du procès de son ex-compagne Nina*. Une accusée qui, durant l’audience, a surtout brillé par son absence. Une non-présence qui a d’ailleurs poussé son avocate, avec l’accord des parties, a quitter la salle du tribunal dès les premières minutes de l’audience. Histoire de ne pas hypothéquer la défense de sa cliente au cas où cette dernière serait en mesure, par la suite, de faire valoir «un juste motif» à son absence.

Sous la douche

C’est donc en présence du seul plaignant et du procureur que le Tribunal est revenu, un peu plus d’une heure durant, sur les faits de cette fameuse journée. De ce vendredi, peu avant 13h, lorsque Antonio, alors occupé à prendre u n e d o u c h e dans l’appartement urbigène qu’il partage avec sa compagne d’alors, ressent une soudaine douleur au visage avant de remarquer du sang en couler. «J’ai alors ouvert le rideau de douche pour voir ce qui se passait », explique la victime.

Dans la salle de bain, debout face à lui, Nina est armée d’un pistolet à gaz permettant de tirer des billes de plomb. Des projectiles qui, au travers du rideau, ont déjà atteint Antonio à la hauteur du visage. Mais qu’importe, Nina continue de tirer. «Une dizaine de fois», selon les résultats de l’enquête. L’homme prend alors peur et décide de prendre la fuite par une fenêtre, accessible directement depuis la douche. Il l’enjambe, mais finit par hésiter. Et pour cause: l’appartement est situé au 3e étage de l’immeuble. «J’ai alors voulu me retourner, pour m’agripper au rebord et me laisser glisser, a expliqué la victime. Mais c’est là qu’elle m’a poussé par la fenêtre.»

Résultat: fracture de la première vertèbre lombaire, fracture multi-fragmentaire du calcanéum droit, une hémorragie conjonctivale droite et la présence d’un plomb dans le globe oculaire droit. Un corps étranger, source de bien des douleurs, qui se trouve, aujourd’hui encore, dans le corps d’Antonio. «Car les médecins jugent qu’une opération serait trop dangereuse», a détaillé l’avocat de la victime, Stéphane Pedroli.

Tentative de meurtre abandonnée

Un geste qui aurait pu, à n’en point douter, conduire à la mort d’Antonio. Raison pour laquelle, dans un premier temps, le procureur avait retenu la tentative de meurtre. Un chef d’accusation qu’il finira par abandonner, hier matin, entre autres car, selon les premières déclarations de la victime, «il n’aurait pas été poussé, mais aurait bel et bien sauté de lui-même». Et que le doute, c’est bien connu, doit profiter à l’accusé.

Mais reste que le représentant du Ministère public, dans son réquisitoire, demandera tout de même une peine privative de liberté de 20 mois fermes, notamment pour tentative de lésion corporelles graves, à l’encontre de l’accusée, dont l’attitude dans cette affaire «a été désastreuse». Sans oublier que cette dernière, en juillet 2013, a accédé au balcon de l’appartement occupé par un autre de ses ex-amis, afin de récupérer des affaires personnelles. Trouvant la porte-fenêtre fermée, elle n’avait alors pas hésité à la briser avec un marteau.

Quant à l’avocat d’Antonio, pour qui la qualification juridique doit revenir au Tribunal, il a tenu à répéter que, pour lui, la seule responsable des douleurs et des cauchemars de son client était bel et bien Nina. Parce que dans tous les cas, si son client à terminé en bas de cette fenêtre «c’est bien parce qu’il a d’abord été menacé par un pistolet, la causalité me semble remplie». Une arme qu’elle avait d’ailleurs acquise quelques jours seulement avant l’incident.

Le verdict sera communiqué aux différentes parties dans les prochains jours.

*Prénoms d’emprunt.