Elle s’offre une nouvelle jeunesse

Après des travaux de rénovation, la grande salle villageoise a été inaugurée en grande pompe samedi.

«Regarde, ils ont changé ça»; «tu te souviens, c’était comme ça avant»; «tiens, ça sent encore l’odeur du neuf». Samedi, à Ursins, les premiers visiteurs de la grande salle étaient nombreux à s’extasier, à se souvenir et à s’enthousiasmer du résultat des travaux de rénovation. Pour l’occasion, une belle réception a été organisée avec des discours, des intermèdes musicaux et, surtout, un apéritif dînatoire riche qui a ravi les papilles des petits et des grands. Il n’en fallait pas moins pour célébrer la grande demeure favorite des sociétés locales. Privés de leur lieu de vie commune depuis août 2024 à cause du chantier, les Chiffonniers se réjouissent déjà de pouvoir y festoyer. «Simple, sympa et chaleureuse, voilà comment je la décrirais», explique un concitoyen. «ça donne vraiment envie de la louer», ajoute sa voisine de table. «Elle reste fidèle à l’ancienne. Elle a gardé son âme», conclut un de leurs camarades.

Seule ombre au tableau, il semble que tout le village n’était pas présent. On souffle: «Seuls les contents sont présents.» Il faut dire que le projet de rénovation n’avait pas plu à tout le monde et que des oppositions avaient été déposées. Mais cela n’a pas entaché la bonne humeur qui régnait dans la salle en ce jour de cérémonie.

Dans l’air du temps

Outre un bon coup de peinture, la salle a subi quelques transformations que le municipal en charge des bâtiments, Patrick Marrel, a énumérées. D’abord, à l’extérieur, la rénovation de la toiture avec l’ajout de panneaux photovoltaïques, la réalisation d’un couvert à l’entrée, et un local de rangement. À l’intérieur, plafond, sol, isolation, éclairage et scène ont été changés, adaptés ou modifiés. Un coin buvette et bar a été  aménagé sous la galerie. Enfin, des toilettes pour personnes en situation de handicap ont été installées. De quoi rendre l’ensemble fonctionnel, tout en gardant son identité.

Des histoires rocambolesques

La grande salle a connu de nombreux événements tout au long de ses plus de huitante ans d’existence. Construite à la force des bras et à la sueur du front des habitants du village et d’artisans locaux entre 1941 et 1942, elle avait déjà été rénovée une première fois en 1985. Depuis, bals de Jeunesse, pièces de théâtre, soirées de chant, manifestations officielles, assemblées des sociétés, repas de mariage ou encore thés d’enterrement s’y sont succédé.

Lors de son discours, le syndic Henri Wiser n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler certaines anecdotes marquantes qui imprègnent encore les murs de ce bâtiment. Comme la fois où, lors de l’inauguration officielle de la salle en 1943, un nombre impressionnant de personnes s’étaient déplacées pour assister à la représentation du chœur mixte La Coccinelle. Le courageux architecte André Fauche, craignant que la galerie ne s’effondre, avait alors pris ses jambes à son cou et s’était enfui. Si la galerie s’est effectivement affaissée de quelques centimètres sous le poids des spectateurs, la catastrophe n’a par chance pas eu lieu.

Une autre fois, la Municipalité avait convié le général Henri Guisan pour qu’il vienne donner une conférence publique. Deux jeunes enfants avaient été désignés pour l’accueillir avec un panier garni. À l’intérieur, un litre de kirsch et un boutefas. Rémy Tacheron, la mémoire du village comme on l’appelle souvent, était l’un de ces bambins. «J’ai même fait la bise au général!» se souvient-il fièrement.

Et impossible de ne pas mentionner la fois où, lors d’une représentation de théâtre, le souffleur fumeur de pipe s’était endormi sur ses feuilles. Alors que de la fumée s’échappait de la scène, la panique s’est emparée du public. Heureusement, le feu a été rapidement maîtrisé.

Maintenant qu’elle est toute rénovée, la grande salle d’Ursins devrait générer de nouvelles anecdotes comme celles-ci pour longtemps encore.